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Libre ?...pas sûr !

J’en ai soupé de tous ces gens qui parlent en mon nom, se prenant pour les parangons de la démocratie. Je n’ai jamais voté pour eux. Si je les abomine, ils me le rendent bien. Ils ne m’ont jamais permis de m’exprimer ou, mieux encore, de s’intéresser au bien fondé ou à l’utopie de ce que je pense.
Ils ne réfutent pas. Ils profèrent des anathèmes.
Savent-ils seulement ce que je pense ? Cela ne doit guère les intéresser.
Ils devraient pourtant se méfier, ceux qui comme moi sont complètement isolés, mis en quarantaine, bannis de la société, font partie du plus grand nombre de Belges.
Est-ce que je prêche la révolte ? la haine ? Bien au contraire, j’éprouve pour l’humanité exactement l’amour que la plupart des gens ont pour l’argent, les places, le pouvoir.
Et c’est justement cela qui les travaille. Quelqu’un qui n’est pas comme eux est insolite et tout ce qui est insolite est dangereux.
Dans la vaste association des critiques, il y a de tout. Il y a des types dans mon genre et d’autres, tout aussi respectables, qu’on n’écoute pas et qui sont tout aussi banni de tout rapport réfléchi.
Voilà la cohorte populiste au tour imprévisible, capable d’aller vers Trump, Marine Le Pen, Mélenchon, Natalie Arthaud, Philippe Poutou, Raoul Hedebouw ou vers le néant, le vote blanc et l’abstention.
Qu’est-ce que cette opposition non structurée, philosophe, ignorée et méprisée, parmi d’autres oppositions carrément hostiles pour les amoureux du veau d’or ?
À se demander si je ne suis pas seul de mon groupe.
À quand une discussion générale sur la liberté, la liberté fondamentale des personnes dans une société dite démocratique ?
Est-on libre, par exemple, quand le destin plonge un ouvrier dans le cauchemar d’une chaîne de montage ?

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Si pour Descartes la liberté c’est le pouvoir de dire oui ou non, aucun travailleur assujetti à sa profession avec un patron, ne l’est.
La liberté au niveau de la conscience se définit par la possibilité de choisir.
Vous me direz, le type qui n’accepte pas les règles du travail peut toujours claquer la porte. Ce qui le retient, c’est évidemment le besoin de manger et de dormir dans un lit.
Il peut finir dans la rue et se dire libre.
C’est vrai, pour se défaire d’une pesanteur qui opprimait la liberté. Mais est-on réellement libre dans la rue ? Suspecté par les flics et les passants, tendant la main pour assurer un minimum de nourriture, saisi par le froid, par le chaud, sans parfois ne pas pouvoir se laver, se détendre, manger !
C’est être libre cela ?
Ou bien terriblement dépendant !
L’homme est libre, lorsqu’il peut réaliser ses désirs. Le tout est de savoir si ses désirs sont compatibles avec une vie sociale. Lorsqu’ils ne le sont pas, l’homme est alors aliéné, même si son aisance lui permet de satisfaire ses passions.
Évidemment pour Sartre, ce sage enseignant qui fut toute sa vie à l’abri du besoin, a l’exigence facile. La liberté s’expérimente par tous les bouts et dans toutes les situations. On est ce qu’on se fait. L’homme est responsable de tous devant tous.
À condition d’être né libre de penser et libre de manger à sa faim ou jeûner si on le souhaite.
Placé dans des conditions misérables, pour ne pas trahir la pensée sartrienne et respecter son libre arbitre, le peuple n’aurait plus que l’alternative de l’insurrection ? Tout seul à brailler dans la rue, c’est un énergumène, avec cent mille autres, c’est une révolution.
Toutes ces spéculations montrent à l’évidence que nous ne sommes pas libres.
La société dans laquelle nous vivons n’est pas une société émancipatrice et propice à conforter toutes les libertés. Son système économique les restreint, au contraire. Par l’effet de concurrence entre les hommes, elle crée une pression de stress pour la multitude et de grands profits pour un petit nombre.
Comme on ne peut dissocier la liberté politique de la morale, la transgression consiste à baptiser « moraux » tout ce qui ne l’est pas ? à cause du système économique qui règne en maître sur toute la planète.
La démocratie a ainsi secrété depuis deux cents ans le principe que Trump emploie depuis trois mois et qu’il croit avoir inventé « la vérité n’est objective que si je le veux. La seule morale fréquentable, est celle qui respecte mes intérêts. »

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