« Une misère répertoriée. | Accueil | Châtel et la reine d’Espagne. »

André Flahaut révélé.

André Flahaut ne se prend pas pour n’importe qui. Ses conversations avec les médias ressemblent à des entretiens de Maître Eckhart. Ils prennent souvent l’allure d’une leçon de philosophie.
Il oublie souvent qu’un socialiste est là pour faire du socialisme. C’est là son moindre défaut, en plus d’être sourcilleux, pointilleux, vétilleux, dans une haute idée de lui-même. N’importe quoi, dans la vanité, c’est mieux que rien du tout !
Sa dernière sentence est sans appel "Si Elio Di Rupo part, il n'y a plus de parti!".
Comme on ne peut jamais qu’opiner devant André Flahaut, les malheureux bourreurs de lignes n’ont plus qu’à broder autour de la formule, sans pouvoir la déshabiller et démontrer que cette ineptie est aussi une énormité.
Car, voilà bien l’idée d’une pauvreté insigne en militants de l’ex grand parti de gauche. S’il n’y a vraiment qu’un seul homme à pouvoir tenir la tête du PS hors du marigot politique sous peine de noyade, c’est donc bel et bien l’atelier des idées, lancé par Di Rupo qui est un fiasco mémorable.
La boîte à suggestions serait donc restée vierge depuis le retentissant Congrès du Palais du même nom à Liège ! Pas un seul trait de génie, aucune bonne analyse, pas de plan B…
Mais alors que fichait réellement le président Elio, casque de chantier sur la tête, à placer la première pierre du renouveau, sous les flashes des photographes de presse ?
En fait de renouveau, c’est le CDH Benoît Lutgen qui quitte la fine équipe, un peu sottement il est vrai, mais laissant derrière lui un PS non seulement déconstruit, mais totalement à court d’idées, bref en pleine déconfiture, sans idéologie et en perte de militants.
Qu’aurait fait un grand parti grouillant d’intrépides socialistes devant cette peau de banane jetée sous leurs semelles ? Il se serait mis instantanément à l’œuvre en essayant de prendre le parti félon de vitesse et voir comment on peut extraire le ver du fruit, sans trop l’endommager.
C’est la stupeur, l’indécision et la réaction trop personnelle de Paul Magnette, qui furent de mise. Les super héros du PS étaient au bord des larmes, dans la plus stérile des lamentations de la trahison du parti frère, brisant une amitié vieille de plus de trente ans.
Et devinez qui était à la tête des pleureuses ? André Flahaut en personne, consultant hâtivement son Lalande (1), en vue de l’interview à Sudinfo.Be.

1lsapbv2.jpg

Coiffant la casquette du capitaine Igloo, Flahaut fut lyrique "Quand la mer est démontée, que le navire tangue, le capitaine reste à bord et se bat. On a eu la chance au PS d'avoir de grands présidents et Elio Di Rupo est l'un de ceux-là".
En fait d’homme de mer, Elio fait plutôt penser au capitaine Francesco Schettino, commandant du paquebot Concordia, qui naufragea son bateau sur l’île de Giglio, en Toscane.
En fin de carrière, des solidarités entre vieux existent vraiment. Cela réconforte réciproquement les égos de ceux qui vont bientôt partir ensemble à la retraite et qui savent combien la mémoire qui sera conservée de l’un, sera au compte des pertes et profits de l’autre.
André Flahaut est un philosophe de bistrot. La postérité retient rarement un ancien ministre de la Défense Nationale. On en arrive même à penser que son orgueil n’est pas socialiste.
Sudinfo.Be est trop lèche-cul pour relever le mot suivant du faux grand homme "Paul Magnette n'a pas dit qu'il souhaitait le remplacer (Elio Di Rupo) dans l'immédiat".
Un bon journaliste eût dit immédiatement « Paul Magnette est donc programmé au PS pour succéder à Elio Di Rupo ! Les élections internes, les Congrès statutaires ne seraient donc que des chambres d’entérinement des décisions qui se prennent ailleurs ?
Mais non, on ne peut pas demander à un journaliste de Sudinfo.Be l’impossible. Et cette question ne sera pas posée.
La meilleure part de l’interview, c’est sa finale.
André Flahaut, l’homme des sentences dites avec cet air particulier qu’il prend et qui peut se traduire par « prendre un air fin » a toujours travaillé ses réflexions de sortie d’interview.
"Je pense que l'on a peut-être commis une erreur, quant à la formation de coalitions en Wallonie et en Communauté française après les élections de 2014. Avec une tripartite, on n'en serait sans doute pas là aujourd'hui. Au fédéral non plus. La N-VA ne serait peut-être pas aussi puissante et ne serait peut-être même pas du tout au gouvernement fédéral".
Et voilà l’homme du PS révélé et montrant sa vraie nature, en même temps que celle de son parti. André regrette cette fâcherie avec le MR. Ce libéral caché aurait eu du plaisir à s’afficher avec un libéral montré.
Si c’est ça le socialisme du PS, on a compris pourquoi le PTB a un boulevard devant lui aux prochaines élections.
---
1. André Lalande ; Vocabulaire technique et critique de la philosophie ; in PUF Quadrige, nouvelle réédition 2015, Première édition 1926.

Commentaires

Bien vu!

Poster un commentaire