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Fatal bouchon.

C’était le 19 octobre 2015, ça remonte… pas tant que cela pour la justice. L’ouverture du procès est même rapide. Vous verrez que pour De Decker, s’il y a procès un jour, ce sera tellement éloigné dans le temps que plus personne se souviendra de rien, peut-être même les juges eux-mêmes !...
Ici, puisqu’il s’agit de syndicalistes et que le public a été chauffé à blanc, on ne va pas se gêner pour les mettre vite au pilori.
Ce jour là des ouvriers mécontents du sort qui était le leur bloquaient l’autoroute à Herstal. Les grévistes vont devoir s’expliquer devant un tribunal pour entrave à la circulation. Un hôpital s’est plaint que ces factieux avaient retardé l’arrivée d’un chirurgien de garde occasionnant la mort d’une patiente. Enfin, c’est ce que les autorités racontent suite à la plainte de l’hôpital, sans qu’aucune expertise n’ait été faite sur la cause réelle de la mort de la patiente, autres que les experts médecins de l’hôpital.
Cela ne signifie pas que tout incident volontaire ou involontaire, comme des bouchons ou d’autres facteurs d’arrêt comme un passage sur une seule bande serait de nature à être poursuivi, mais bien la volonté des pouvoirs et notamment judiciaire, de casser le droit des travailleurs à défendre leur pain quotidien par des actions sur la voie publique.
Et on ne va pas chipoter sur l’action en « urgence » de cet hôpital dont le chirurgien de garde est chez lui en pantoufles, qu‘un autre habite au diable-vauvert et que le troisième opérait ailleurs, ni même à quel moment l’hôpital a téléphoné au médecin de garde, par rapport à l’heure où la patiente a été admise, non, les responsables sont désignés à l’avance. D’ici à ce qu’ils soient condamnés pour homicide involontaire, il n’y a qu’un pas.
Ça fait toujours bien dans les milieux libéraux que des méchants grévistes aient empêché un médecin de sauver une patiente en arrivant tardivement à son chevet, à cause « du syndicat ».
Le petit Châtel fait pleurer Margot pour moins que cela. C’est bon pour le MR.

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Bien entendu, vu l’instance concernée, on n’a pas procédé à des expertises sur l’état réel de la patiente, sur les trois quarts d’heure d’attente, et si même une attente a bien eu lieu, des examens préalables, radio, etc. et si le bloc opératoire était opérationnel.
Des experts dans cette affaire, il en pleut… mais ce sont tous des hommes de l’art employés par le dépositaire de la plainte.
Qu’importe, comme dit le Loup à l’Agneau « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère ou bien quelqu’un des tiens. »
Reste encore à défalquer des trois-quarts d’heure perdus, le temps normalement utilisé par cet urgentiste à domicile d’un genre particulier, entre sa maison et l’hôpital.
Pourrait-on être certain que la patiente n’aurait pas survécu sous le bistouri d’un autre ? On pourrait aussi gloser sur les qualités professionnelles de ce chirurgien. On le voit bien, les doutes sur le bien-fondé de cette plainte sont réels.
Reste le côté propagande qui ne peut servir que les détracteurs du droit de grève, ceux qui croient encore que ce sont les ouvriers en grève qui détruisent le PIB et font de l’État belge un État au bord de la faillite
Francis Gomez, le responsable syndical, dit déjà « qu'un certain type d'action amène plus de difficultés qu'autre chose». C’est justement ce que les libéraux voulaient lui entendre dire !
Difficulté de vivre contre difficulté de circulation, la FGTB choisirait-elle « circulez, il n’y a rien à voir » ? La FGTB devrait quand même se tenir au courant de l’offensive des droites contre les organisations ouvrières.
Le cas déborde de nos frontières. Cela va devenir une mode de mettre les juges dans le coup. Ainsi, la CGT française dénonce une «criminalisation de l’action syndicale» !
Eux, au moins, ne s’en laissent pas compter par les suppôts du système « Un comité de défense des libertés ouvrières et syndicales à PSA s'est réuni samedi devant le siège parisien, dénonçant une avalanche de sanctions et de procédures judiciaires à l'encontre de militants. De son côté, la direction évoque des plaintes individuelles. Le jugement qui s’abat sur Farid Borsali, secrétaire depuis 17 ans du syndicat CGT sur le site Peugeot Citroën Automobile de Poissy, est sévère. Six mois de prison avec sursis et 2 000 € de dommages et intérêts pour avoir « tordu l’index de la main gauche » d’un vigile !
Si la FGTB wallonne était un syndicat sérieux, il devrait mettre sur pied une manifestation de protestation dans le genre de leur homologue français. On ne fera rien de tel, bien entendu. On se contentera de descendre d’un cran dans l’estime des gens.
Mieux, des sociaux-démocrates pourraient demander aux grosses pointures de la place Saint-Paul de se prosterner devant le tribunal en réclamant la clémence pour des « écervelés qui, ce jour là, n’avaient plus toute leur tête » !
Alors quoi ? On fait de l’action syndicale ou du « care » ?

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