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Le foot au secours des rédactions.

Les médias ont trouvé de quoi boucher le trou, après le Tour de France, d’une actualité en léthargie estivale. Ce must s’appelle Neymar, footballeur de son état, vraie bénédiction des rédactions et pas que sportives.
Alors, pourquoi un modeste inconnu dans mon genre n’en profiterait pas aussi ? N’ai-je pas droit à ma page blanche comme tous les autres scribouillards ? Quand l’occasion se présente de la remplir facile, pourquoi je ne l’ouvrirais pas comme tout le monde ? J’ai encore sur l’estomac cette fameuse chronique pour laquelle je fus traité de petit galopin ignoble, à tel point que j’envisage encore d’en appeler à mon icône Annie Le Brun. Mais passons…
Ça tombe bien, je n’y connais rien au foot, mais parfois je vais regarder des gamins taper dans un ballon à Poulseur sur un terrain au bord de l’Ourthe et j’en suis ravi.
Par contre, dès qu’on parle pognon, je ne trouve plus ça drôle du tout. À force d’écrire des trucs et des machins sur l’argent, je dois avoir comme une allergie.
Il paraît que, même au Standard de Liège, on paie des sommes astronomiques pour être bien placé en tribune, les deux fois trois-quarts d’heure. Comme on ne m’y a jamais vu, je ne sais pas si c’est vrai. Comme les fans ne sont pas tous « classes moyennes », je me doute que c’est parfois déchirant de satisfaire une passion pareille.
D’après mes confrères professionnels, chaque année a son génie des pieds : Gourcuff en 2015, Pogba en 2016, Neymar en 2017. D’instinct j’aurais eu un faible pour Gourcuff, avec un nom aussi sonore, ça aurait aidé la rime, au temps des cabarets chansonniers.
Pour le petit dernier, outre le matraquage sur les « sommes fabuleuses » de l’achat par l’émir propriétaire du Paris Saint-Germain, les fausses rumeurs de départ, les intox des médias, la saga des agents de joueurs, on a tout dégusté et le public en redemande…
Paris-Match et Closer tiennent leur grand feuilleton de l'été qui va résoudre le problème des invendus. Quant à l’Equipe, les spécialistes rappellent des supplétifs en vacances post-Tour.
Et puis il y a la fascination pour le fric déboursé, 222 millions d'euros.
J’imagine l’effet qu’une telle somme doit faire dans la file des chômeurs exclus du chômage et qui se pointent au CPAS de leur commune !

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Même les imitateurs de Bernard Guetta et Patrick Cohen jouent aux apprentis Machiavel : «En recrutant la star brésilienne pour son équipe sportive phare, le Qatar veut signifier aux investisseurs et à ses alliés internationaux que son économie n'est pas atteinte après deux mois de blocus et dans un contexte de bras de fer diplomatique avec ses voisins», analyse l'agence Associated Press.
Ce spectacle est le triomphe complet du fric roi décomplexé.
Il n’est même pas sûr que cela va faire râler Les Insoumis ou le PTB, étant entendu que l’on peut être de gauche et supporter de football. Personne n’est parfait.
Je suis prudent moi-même lorsque j’affirme que ce spectacle a tourné la page du sport pur et désintéressé pour devenir du show-biz, au point que même des petits clubs à deux sous la balle comme le Standard (là je vais me faire des ennemis) imaginent la partie music-hall de l’entreprise avec autant d’intérêt, qu’une victoire de l’équipe.
On se demande même comment les partis politiques ne sont pas encore propriétaires de leur équipe.
Tout le monde se désintéresse des élections, c’est un fait. Les travailleurs n’ont pas le temps, les pauvres estiment que c’est inutile de râler personne ne les entend et les riches s’en foutent, tant que l’économie dit le droit à la démocratie. Justement cette dernière n’est plus qu’une curiosité de musée.
Neymar se serait présenté à la présidence de la république plutôt qu’au Paris Saint-Germain, il était élu haut le pied !
Nos stars électives devraient repenser un système plus proche du fric et des aficionados du foot afin de mieux coller à leur temps.
Vous voyez d’ici l’affiche pour l’enjeu d’un nouveau gouvernement, Anderlecht racheté par les Michel contre le Sporting de Charleroi propriété de Di Rupo ?
Voilà qui passionnerait les foules ! Enfin, le vainqueur aurait une légitimité pour gouverner qui serait incontestable. La démocratie n’aurait plus cet air de mascarade quand on sait que la plupart des électeurs n’ont aucune conviction et aucune envie de perdre un dimanche de foot à aller voter.

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