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Une affaire entendue.

Nourris par le système dans le sens littéral du terme, vous ne voudriez tout de même pas devant les récriminations du plus grand nombre, qu’ils changent d’avis au milieu du gué ?
Nous sommes piégés dans une démocratie de connivence. Notre témoignage est manipulé.
Nous servons d’alibi et de monnaies d’échange à nos représentants pour négocier avec les super-riches la hiérarchie des places au soleil.
Qu’en pensent donc ceux qui dispensent opulence et misère ?
Les super-riches feignent de vivre avec simplicité sur des îles qu’ils achètent, des déserts qu’ils fertilisent, retirés au fond des forêts ou vivant dans une maison sur pilotis au bord d’un lac privé au Canada. Outre un personnel de maison, ils n’ont besoin que d’une armada d’architectes, de concepteurs, de pilotes d’avion et d’hélicoptère, et de gardiens.
Leur simplicité est presque toujours le résultat de la sophistication d’un isolement dispendieux.
La palme de l’originalité pourrait être décernée aux ultra-riches américains que l’on connaît en Europe sous le nom de « survivalistes » ; quoique décerner ce genre de trophée quand on ignore à peu près tout des ultra-riches chinois et presque pas grand-chose de la nomenklatura autour de Poutine, paraît aléatoire.
Les survivalistes américains se préparent à la fin du monde et y mettent les moyens. De quelle fin du monde s’agit-il ? On peut douter que ce soit celle de l’apocalypse, ne serait-ce pas plutôt celle d’un effondrement capitaliste ?
Forcément, puisque le moteur de l’économie actuelle est la croissance, n’importe quel élève moyen de primaire sait qu’une croissance érigée en mouvement perpétuel ne se peut sans user la matière et finalement l’appauvrir au point de la faire disparaître.
Ces survivalistes qui ont tant contribué à cette usure en sont conscients.
Pas fous, ils se disent qu’en stockant des vivres dans un environnement protégé, ils tiendront le coup, alors que les trois quarts de la population auront disparu. Ce ne sont donc pas des marginaux, paranoïaques adeptes des armes à feu, croyant se protéger au fond de leur bunker de la dernière invasion arabe et vivant déjà en marge de la société ; mais des ultra-riches, ayant tiré un maximum des industries de la Silicon Valley, de start-up dans la champignonnière new-yorkaises autour de la Trump-Tower et des nouveaux aventuriers de hedge funds californiens, ayant perfectionné le système Tapie d’achat et de vente rapide au bon moment.

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On les croirait aussi délirants que nos hommes politiques à vanter l’éclatante réussite du système économique dont ils sont les modèles parfaits. N’ont-ils pas bâti leur confortable patrimoine en pariant sur l’avenir technologique ?
Pas du tout. Ils sont au contraire très pessimistes quant à la poursuite « indéfinie » d’une économie telle que l’imaginent tous les pays développés de la planète, à l’exception de quelques-uns décriés par les autres dans un bel ensemble de voix et qui ne sont pas, à vrai dire, des exemples probants non plus..
Rares sont ceux qui se laissent aller à quelques confidences aux journalistes venus les débusquer dans leur belle demeure protégée.
C’est pourtant l’exploit d’Evan Osnos, staff writer au The New Yorker, d’en avoir saisi quelques-uns dans l’intimité et en veine de confidences.
Ce qu'ils craignent est moins la fin du monde que la fin de leur monde. Ils disent le monde capitaliste usé et incapable de se refaire une santé. Ils ont conscience d’en avoir pris leur part dans le désastre annoncé, mais selon toute vraisemblance, s’ils n’avaient pas été des prédateurs qui ont réussi, d’autres auraient pris leur place et il n’y aurait rien de changé sur la fin de l’épopée.
Ceux qu’Osnos a interviewés attendaient de pied ferme la revanche des «exclus» de la modernité américaine, les pauvres, les Noirs, les Latinos, etc...
En somme, à part le fait qu’ils s’étaient bien servis du système, ils parlaient à peu près de la même manière que les militants de la France Insoumise !

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