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Dictamolle et borsusfication.

La France insoumise est non seulement une formation de gauche qui rafraîchit le paysage politique dans lequel manquait le piment d’un vrai socialisme, mais c’est aussi la parole de ceux qu’on n’entendait jamais.
Par exemple « démocrature » utilisé par le député Ugo Bernalicis pour qualifier le projet de loi pérennisant certaines mesures de l'état d'urgence, sur le temps que son collègue, Alexis Corbière, employait “dictamolle”.
Nos libertés publiques sont remises en cause, mine de rien, par petite touche, disait-il, à propos du mot.
C’est exactement ce que je ressens dans le naufrage de la Belgique. Le bateau coule, mais lentement, à coups d’attitudes prévenantes, cachant une volonté féroce de pomper l’eau des cales par des mesures qui agrandissent la brèche !
Nos hobereaux du système en Région wallonne, copiant en écholalie leur mentor fédéral le MR Michel, plongent les Wallons dans une dictamolle.
D’autant que la volonté citoyenne ne sert à rien, puisque droite ou gauche, nos « conducators » ne pensent plus que « flexibilité », alors que cette vaseline ajoutée au système économique pour nous l’introduire profond, qui avait été inventée par les Hollandais avant la crise de 2008, n’a cessé depuis de faire remonter le chômage, tout en faisant de nos voisins, un peuple vivant dans la précarité des petits boulots mal payés.
Notre dictamolle y fonce. Les votes ne comptent plus. La réprobation, ils s’en fichent. Rien de pire qu’un dirigeant qui croit avoir raison contre les électeurs. Il pense que l’avenir lui rendra justice. Voyez Di Rupo dans quel état il a mis le PS ! Sa volonté exprimée de rester en scène jusqu’à ses 80 ans devrait inquiéter la génération qui vient.
Bien sûr, nous aurons jusqu’au bout le droit de protester, mais sans aucun relais des médias, à ce droit à la parole que sont les prêches dans des déserts. Tandis que la plus grande diffusion et la plus extrême des attentions seront à portée d’écoute de la futilité magistrale.
Les mélenchonistes ont eu leur précurseur en la personne du fondateur. Son « capitaine de pédalo » est resté à propos de François Hollande, comme des « pudeurs de gazelle » aux présidentielles, lorsqu’il s’était amusé de l’attitude de Benoît Hamon.

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Certaines inventions de mots sont parfois reprises du passé pour être réactualisées. « Dictamolle » remonte à l'Espagne des années 1930, du général Dámaso Berenguer, éphémère dirigeant de 1930 à 1931 qui, succédait à la dictature du général Primo de Rivera, aux prises de position musclées. Puis vinrent une belle brochette de dictateurs régnant à la façon Dictamolle : Gabriel Terra en Uruguay, Marcos Pérez Jiménez au Venezuela, Guillermo Rodríguez Lara en équateur et Carlos Arias Navarro, dernier chef du gouvernement de Franco entre 1973 et 1975. Les Espagnols qualifièrent le régime de Dictablanda », jeu de mots à partir de dictadura (« dictature »), et dura, qui prise isolément signifie « dure », remplacée par son antonyme blanda, « molle ».
Peut-être dira-t-on un jour du gouvernement régional wallon, qu’il était dirigé par Willy Borsus dans une sorte de Dictamolle aux terribles conséquences ?
La définition qu’en donne « Slate magazine » est juste. «La “dictamolle” est un gouvernement autoritaire où la démocratie n'existe plus ou se trouve sur le point de disparaître. Elle peut être soit une dictature avec un faible niveau de répression soit une démocratie avec un haut niveau de répression» Federico Finchelstein (From Fascism to Populism in Democracy).
Une glissade Dictamolle est bien celle dans laquelle la Turquie d'Erdogan dévale les pentes de la démocratie. La vitesse acquise d’une Dictamolle peut très vite prendre tout à fait l’allure et la forme d’une dictature. Que les Turcs se méfient, Hitler est devenu chancelier après des élections régulières. On a beau dire qu’Erdogan est une marionnette aux mains des religieux, il peut se révéler à lui-même et s’en débarrasser, sans que ses mentors y prennent garde.
N’ayant aucun relais sur la Toile, mes contractions, ellipses, torsions de syllabes n’ont de sens que pour quelques lecteurs, cependant la « borsusfication » de notre gouvernement régional devrait avoir un meilleur sort et sortir de l’anonymat, pour en finir avec la borsuspicion !
On verra bien d’ici la fin de cette législature, si cette nouvelle médiocrité du gouvernement régional « rénové » peut s’ajouter au tas des autres.
Quant à savoir si Borsus lèvera le coude en 2019 « Un Borsus, ça va, deux Borsus : bonjour les dégâts !

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