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Du béton et des hommes.

À la litanie des bourgmestres de Liège, massacreurs d’environnement, bétonneurs avérés, béotiens de l’histoire de la Ville, faux modernes que sont pour le côté libéral MM. Buisseret et Destenay et pour le pendant socialiste MM. Bailly et Close, démolisseurs impénitents jusqu’au milieu des années 70, faudra-t-il ajouter l’actuel bourgmestre, Monsieur Willy Demeyer ?
Sur la même semaine l’entrée de l’hôpital de Bavière est la proie des flammes (1) et on démolira à partir de lundi la Maison Rigo qui gênait pour la perspective de la gare des Guillemins. Outre cela, des projets de démolition d’une partie du relais de poste (classé), place Saint-Denis, vont aboutir pour enfin trouver une solution à la place derrière cet édifice, ouvrant sur les Galerie Saint-Lambert.
Il ne reste plus qu’à attendre que l’ancienne poste de la place Cockerill en néo-gothique rende l’âme en devenant une guinguette (2) et que la collégiale Sainte-Croix, fondée et érigée entre 976 et 986 par l'évêque Notger, place Verte, entraîne ses échafaudages dans une descente de la rue Haute-Sauvenière !
Cette ville collectionne les malheurs architecturaux. Peut-être au départ, une des plus belles villes d’Europe du Nord, Liège a perdu tout cachet et son âme sous les pioches des quatre imbéciles cités plus haut dont on affuble toujours collèges et lycées de leurs noms révérés, « en signe de reconnaissance » pour les services qu’ils ont si mal rendus à la ville.
Et ça continue.
L’espace Trianon Boulevard de la Sauvenière va être bétonné bientôt par un édifice à appartements comme Staline en avait construit un paquet dans les années 50 en URSS, sauf que derrière, l’ancien mur de la Ville contient un véritable labyrinthe qui court sous la rue Saint-Laurent, jusqu’à l’église du Mont Saint-Martin et que faute d’entretien de nombreuses salles et couloirs se sont à moitié effondrés !
La pelleteuse va arranger cela vite fait !
Personne n’y pourra rien. C’est la fatalité on vous dit.
Sauf que la politique de la Ville est responsable du gâchis, même si elle n’est pas responsable de la connerie des quatre pharaons démolisseurs/bâtisseurs.

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Voilà vingt ans qu’on laisse aller les vieilles pierres et les coins charmants du Vieux Liège, probablement dans l’intention de raser des ruines et de faire pousser des appartements pour des cadastrés juteux. Personne ne s’est vraiment jamais intéressé à la manière bien simple d’entretenir tout ce patrimoine, rien qu’en le dotant de concierges responsables, en y délégant un staff de bons bricoleurs pour des tournées d’inspection-entretien.
Cette ville souffre aussi du manque d’un plan général d’urbanisation, non destructeur de ce qui vaut d’être conservé. Le Conseil communal achète sur plan, pourrait-on dire, sans se poser la question de savoir si financièrement la chose est faisable. On commence par tout démolir, le trou de la Place Saint-Lambert béant pendant 35 ans en est l’exemple le plus fameux.
Oui, l’incendie de Bavière était prévisible par le squat de ses anciens bureaux. Il n’aurait pas eu lieu si l’endroit avait été habité dès le début par un concierge et sa famille. L’hôtel Rigo qui va être démoli pour le coup d’œil du gigantesque hangar de la gare des Guillemins, ira rejoindre façon puzzle, l’énorme dépôt à ciel ouvert de toutes les maisons classées, numérotées pierre par pierre, entreposées dans des prairies « entrée libre », dans lesquelles se servent des esthètes bâtisseurs de leur salle de séjour.
On est fortiche pour avoir réussi mieux que l’EI, les ruines de notre Palmyre sur Meuse !
Cette ville est devenue à cause de l’appât du gain et un goût contestable pour l’esthétique, une bizarrerie patchwork du très ancien et du trop moderne pour être honnête.
Si on commençait par réfléchir d’abord, avant de raser ce que nos architectes ont mis parfois des siècles à construire, si on se donnait la peine de réfléchir qu’une église vaut plus désormais par la survivance visuelle de ce que nous ont laissé nos maîtres bâtisseurs, le travail des maçons et des sculpteurs, que ceux qui poursuivaient une chimère, on aurait un peu plus de respect à les contempler.
Les partis au pouvoir à Liège auraient tort de prendre cela à la légère. Une Ville doit avoir une âme, Liège l’a perdue dans un court laps de temps, à peine cinquante ans. Si l’on excepte la courte période révolutionnaire (1789-1794) au cours de laquelle des Liégeois qui avaient souffert de l’oppression des Princes Évêques ont cru bon, les malheureux, de mettre à bas la cathédrale Saint-Lambert, début de nos dérives architecturales et crime insultant à la mémoire de tous les compagnons du devoir, manouvriers du moyen-âge qui ont construit l’édifice.
Comme quoi, on peut exprimer sa colère envers un oppresseur en soutane, en commettant une connerie dont les générations suivantes pâtissent encore en 2017 !
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1. Sans vouloir faire des rapprochements, mais cet incendie tombe pile poil pour raser le tout et empiler davantage de locataires à la construction de clapiers supplémentaires. Vous allez lire bientôt sur La Meuse que ce bâtiment ne pourra pas être conservé et qu'il faudra se résoudre à le détruire la mort dans l'âme (sans rire).
2. L’Université de Liège avait voulu acquérir l’édifice pour en faire une bibliothèque. Refusé à cause d’une offre « trop peu élevée » !

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