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Marche ou grève…

Les gazettes relaient l’info sur les grèves « impopulaires » au même titre que les plus graves nouvelles du monde. À Liège, La Meuse est la championne du genre.
Les chiens aboient pour le compte de qui les nourrit.
Est-ce à dire que toutes les grèves sont saintes et qu’aucune ne soit à rejeter ?
À une époque où l’idéologie fout le camp, faire grève, n’est pas sans mérite. C’est la liberté de se croiser les bras, opposé à l’intérêt particulier de ceux qui s’en croient les victimes.
Une grève de revendications d’un secteur, voire d’une seule entreprise, ne devrait en principe, toucher que l’industrie en question et le patronat qui tourne autour.
Quand elle dépasse ce seul critère, elle ne peut faire qu’office de détonateur à une grève générale. Sinon, elle donne des armes au système économico-politique contre elle, en frustrant une partie de la population.
Comme ce pays, tout assotté des discours officiels, n’envisage pas de grève générale, on entre dans les effets contradictoires et pour le moins surprenant d’une action de grève.
C’est ce qui se passe aujourd’hui, avec un certain humour de Frédéric Giez de la CGSP « Le gros problème pour nos militants qui viennent du Hainaut occidental et de la région Mons-Borinage est de pouvoir rejoindre Namur, vu le manque de transports en commun".
Une grève du TEC touche qui n’a pas de bagnole. Clientèle vulnérable, à l’avance frustrée, ce n’est pas facile ni pour elle, ni pour les grévistes, d’aller voir sous les slogans, les bonnes raisons de laisser les bus au dépôt, si ce n’est pour l’éventualité d’une grève générale, par effet déclencheur.
Pour faire une grève générale, il faut que le monde du travail soit en lutte ouverte avec le système ou qu’il soit choqué par les agissements des autorités (l’affaire royale).
Je ne crois pas que l’appauvrissement d’une population soit le facteur déterminant d’une grève générale. Cette société a des techniques lui permettant d’appauvrir sans secousse, en déterminant même les appauvris à subir leurs pertes comme une épreuve nécessaire. Les voyous que nous avons élus, ne se féliciteraient pas de l’efficacité de leur gestion, comme le fait actuellement la bande de Namur, si ce n’était pas le cas.
On sait comme l’opinion publique majoritaire est habitée par son dégout d’une économie qui tourne carrément à l’avantage des riches, mais aussi par son découragement devant l’inanité de ses démarches, se heurtant à l’inadéquation entre la situation rêvée et la réalité vécue. À cela, il faut ajouter des techniques de jeux vidéo et des manipulations électroniques altérant la vision de la réalité sociale. Elles ont prouvé leur efficacité néfaste chez les jeunes.
Les responsables syndicaux sont eux aussi pris au piège de cette réalité vécue.
« Les temps modernes » de Charlot, quand dans le film un innocent ramasse un chiffon rouge et entraîne derrière lui, sans le savoir, une foule décidée, ces temps là sont clos.
La plupart des entreprises sont des unités de moins de cent personnes. La délégation syndicale n’y existe pas ou bien vit, comme tout le personnel, dans une soumission de principe faite de non-dits. Y déroger, ferait perdre son emploi.
Seule une détermination politique, en-dehors du travail et dans le secret des urnes, peut se révéler payante, abstraction des grèves précisant des revendications justifiées.
Voter pour un parti détesté par la bourgeoisie propriétaire de l’État belge, c’est une manière de protester qui pourrait avoir des effets plus impactant.
L’ambiguïté des statuts « service public » touche les TEC et les Chemins de fer, en ce sens la grève pénalise la clientèle, ce dont profitent les chacals de l’ordre bourgeois, qui peuvent à l’aise souffler sur les braises des frustrations.
Dans l’état actuel de l’opinion, je ne sais pas si des grèves de cet ordre profitent au monde du travail ? C’est, en tous cas, du pain bénit pour une presse depuis longtemps hostile au progrès social.
Qu’on ne se méprenne pas sur cette réflexion générale. Elle n’a pas pour but de déconsidérer le travail des délégués syndicaux, ni des grévistes qui ont le nez sur le guidon.
L’enjeu final est commun aux gens de gauche, travailleurs, intellectuels, tous pour l’action politique et syndicale : c’est bien le remplacement d’un système économique injuste, par une nouvelle démocratie participative et gestionnaire.
Dans la poursuite de cet objectif, il n’y a pas de tabou qui interdirait une réflexion sur l’efficacité des grèves et l’adaptation des luttes, en fonction de l’évolution des mentalités et des rapports de force.

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Justement, des signes économiques inquiétants montrent que l’on n’est pas loin d’une nouvelle crise financière qui pourrait être de l’importance de celle de 2008/9.
On s’en souvient encore comment le citoyen a été trompé par le MR et Reynders et comment nous avons sauvé du désastre le système bancaire, au mépris de toutes les règles commerciales, qui faisaient des citoyens les propriétaires légaux des faillis.
La gauche devrait réfléchir à l’éventualité d’un krach boursier. Sera-ce en 2018, 2019, mais des indices sérieux d’un prochain désastre existent. Soyons vigilants, ne nous laissons pas piéger une seconde fois.
Elsa Triolet n'a-t-elle pas écrit " L'avenir n'est pas une amélioration du présent. C'est autre chose" ?



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