« Une conduite de Grenoble. | Accueil | Les grandes manœuvres US ! »

L’économie selon Di Rupo : fake-news.

Les économistes sont partagés en trois catégories. Les deux premières sont composées d'économistes officialisés par la pratique des cabinets ministériels et des journaux spécialisés. Leur représentation recouvre l’ensemble de la droite d’une part et de la gauche, d’autre part. La troisième catégorie, enfin, est en-dehors de tout champ d’influence, n’est invitée nulle part et n’est jamais créditée d’avoir eu raison avant les faits, tout en sachant qu’elle prendra des coups dès qu’elle se sera trompée. Ce qui arrive aussi, évidemment.
Le chapitre 1 qui traite de l’économie et qui contribue aux 170 propositions votées lors du Congrès du Parti socialiste le 23 novembre à Liège n’a pas été le résultat d’une pensée collective, comme on aurait pu s’y attendre, mais le « devoir » d’un collectif d’économistes appartenant à la catégorie de la pensée officielle de la gauche dans la vision qu’en a le PS.
Cela se sent dès la préface qui découpe l’évolution du capitalisme en trois catégories qui ont suivi la Seconde guerre mondiale. Selon le PS, le tournant du progrès social se situe aux alentours des années 60. Le néolibéralisme aurait alors enclenché un mouvement de balancier, devenu après dans les années 80, le « tout-au-marché » de Reagan et Thatcher. Toutes initiatives libérales fortement appuyées par les Commissions européennes.
C’est assez simplet comme exposition des faits. Cette vision est suspecte parce qu’elle dédouane les partis politiques de gauche qui ont partagé le pouvoir avec les libéraux un peu partout en Europe et singulièrement en Belgique, durant la période.
C’est d’un tout autre souffle économique dont il s’agit en réalité, avec quand même la part non négligeable de la responsabilité de la gauche.
La période n’est pas correcte. Le mouvement économique ne s’établit pas ainsi. Il part de plus loin, de 1914 plus exactement date depuis laquelle plus rien n’est comparable à l’ère industrielle qui l'a précédée, pour finir en 1989, chute du Mur de Berlin et effondrement du bloc soviétique.

1mmcmat2m.jpg

La date clé à retenir est 1989, à partir de là, le capitalisme n’a plus d’ennemi et devient mondial. Mais auparavant, la gauche de pouvoir avait elle-même évolué pour adopter deux positions qui allaient se révéler deux erreurs fondamentales, celle de renoncer à la lutte des classes et celle d’entrer dans une ère de coresponsabilité avec les théories participatives du libéralisme, la gauche y ajoutant le socialisme pour ce qui allait devenir le socio-libéralisme.
Reagan et Thatcher n’ont été que des repères dans le processus et n’ont en rien changé le courant général.
C’est donc bien la gauche de participation au pouvoir qui a été négligente et n’a pas été capable d’anticiper, ni de voir tout le tragique qui allait découler de son manque de clairvoyance.
De cette époque date l’aggravation de la situation sociale par l’illusion monétaire, la réplique devenant impossible politiquement, alors que les syndicats avaient été lâchés par le PS et le CDH au tournant du millénaire.
Pour rappel la main-d’œuvre étant payée en salaire nominal, plutôt qu’en salaire réel, il n’est pas dans les habitudes du monde du travail de réduire son travail à chaque hausse des prix ou à chaque régression sociale entraînant des dépenses compensatoires. Comme en plus le monde libéral exigeait plus d’efficacité, le productivisme qui s’en est mêlé, a plutôt desservi la cause des travailleurs, sur le temps que le phénomène inverse se passait du côté des capitaux et des industriels où les salaires des patrons, la fraude fiscale, les déménagements vers les paradis fiscaux des bénéfices ont rapidement débordé les dispositifs démocratiques sous l’œil impuissant et désabusé du PS et du CDH en Belgique et des autres partis du même tonneau dans toute l’UE.
La « Théorie Générale » de Keynes ne dit pas autre chose.
Il est dommageable pour le monde du travail, qu’au PS on ne s’en soit pas encore rendu compte, au point d’asséner des contre-vérités d’entrée de jeu du chapitre sur l’économie.
Il aurait été plus fairplay de dire la vérité aux militants du PS. Le travail du Congrès en aurait été plus vrai, les dirigeants – enfin ceux qui en ont conscience – eussent pu soulager leur conscience.

Poster un commentaire