« Il nous abandonne !... | Accueil | L’Europe à l’étouffée ! »

L’émotion universelle.

Cette question s’adresse à tous ceux qui ne supportent plus les publicités à la télévision, le show cucu, les paillettes de fin d’année : « comment se fait-il que la plupart des gens sont saisis par l’émotion, quand un « heureux » pauvre monte sur le podium pour recevoir un cadeau ? ».
Cette question, je me la suis posée quand, par une sorte de fatalité due à un parfait hasard, le zapping m’a placé devant Cyril Hanouna offrant une maison à Céline (mère célibataire de trois enfants gagnant 650 € par mois dans une cantine scolaire) lors du prime baptisé Baba Noël.
C’était il y a un an. Je n’ai vu que le remake ce jeudi 21 décembre, à la suite d’une reprise de contact avec la famille.
J’ai ressenti une émotion de « l’après coup » comme si j’étais une midinette et que la maison meublée offerte d’une valeur de 300.000 € venait d’être remise à l’instant.
Voulant savoir d’où me venait cette émotion, j’y ai réfléchi. Pourquoi les préventions contre le business télévisé, les présentateurs qui se font des couilles en or, les gogos qui battent la mesure, applaudissent et rient sur commande, sont elles tombées comme des barrières Nadar submergées par la foule ?
Parce que cette émotion est universelle et est présente en chacun d’entre nous, du fieffé coquin au MR endurci dans la loi de la jungle politique, en passant par l’ouvrier à trois poses, assommé par l’imbécilité de sa tâche et qui la fait quand même, parce que c’est ça ou la rue, même la crapule enrichie au détriment du plus grand nombre, tous peuvent un jour craquer et ressentir ce que j’ai ressenti : « une formidable envie que le besoin criant de la pauvreté excessive, sale, déshonorante, n’existe plus, éradiqué du système économique, quel qu’il soit. »
Et on a devant soi une réalisation très partielle de ce que cela pourrait être par le témoignage de cette famille, même si celle-ci a été choisie avec soin « des pauvres bien propres sur eux et qui ne demandent qu’à exprimer en termes courtois leur profonde reconnaissance ».
À se demander si la même émotion était possible pour de plus pauvres encore, n’ayant qu’à nous offrir une image humaine dégradée par un inexorable et malheureux destin, cent fois pire que celui de Céline.
Car, c’est là où ça coince dans cette marée émotionnelle qui s’opéra en moi sans que je susse la retenir, pourquoi suis-je moins sensible à la vue de ces camps de pauvres humains poussés sur les routes par la folie guerrière, souvent à connotation religieuse, la pire de toutes ?
Sans doute qu’à la modeste échelle de l’individu, il devient impossible d’étendre à l’ensemble des misères humaines le ressenti par les larmes, sans quoi on pleurerait toute la journée et on ne s’en sortirait que par la conscience que tout ça devient ridicule.
On sélectionne ses émotions sans le savoir, par une dictature interne parfois tendre, parfois dure !

2jjl2.jpg

J’en retire comme leçon plusieurs choses.
La première c’est l’universalité de l’émotion primale dont le principe est en nous sous forme de partage et de générosité.
La deuxième est sous réserve de l’analyse de la situation économique et politique. Sachant que la générosité et l’idée de partage sont essentiellement des idées de gauche et que l’émotion serait tout autant ressentie à gauche, qu’à droite, comment se fait-il que les partis de droite soient encore aussi puissants aujourd’hui ?
À qui Messieurs Michel, Reynders, Borsus, Bacquelaine et compagnie réservent-ils leurs larmes ? Aux rombiers et rombières qui descendent une fois l’an dans les caves des banques couper leurs coupons ? À en juger par la politique qu’ils mènent, ils doivent avoir une conscience bien maltraitée ! Ces politiques refoulent leur instinct d’humain pour se concentrer sur leur carrière et leur profit.
Enfin la dernière leçon tient au système économique lui-même. Quand l’humanité va-t-elle pouvoir s’en débarrasser et trouver quelque chose de plus juste, de plus utile ?
Le temps presse. Il se murmure des choses au fond des océans et dans l’air que nous respirons qui, se mêlant aux plaintes accrues de tous les crève-la-faim de par le monde, commencent à faire beaucoup !
On peut tricher avec les pauvres, leur mentir et les oublier en les niant avec véhémence. Tout est différent avec la Nature que l’on maltraite. À défaut de ne pouvoir traiter le système économique tel qu’il apparaît monstrueux, la Nature s’en chargera, de sorte que les émotifs périront avec les insensibles, les uns parce qu’ils se seront montrés lâches et les autres parce qu’ils se seront comportés en criminels.

Poster un commentaire