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Un pauvre type.

Depuis plus de cinquante ans en Belgique, les trois ou quatre partis qui se passent le pouvoir ont une tactique commune non préméditée. Par une sorte d’instinct, ils pratiquent l’amalgame pour jeter l’anathème sur les extrêmes, afin que l’opinion mélange la droite fasciste et la gauche rousseauiste, dans une même désapprobation.
Si bien que ceux qui aspirent à la fraternité et à la justice, se trouvent, malgré eux, confondus avec les pires histrions d’une droite des caniveaux.
C’est une façon de faire qui s’est étendue à toute l’Europe.
Pourtant l’heure n’est pas propice à la confusion, l’Europe est à deux doigts d’imploser se donnant en spectacle à ses pays membres. La droite triomphante cartonne aux commandes par l’union des droites, libérale et nationaliste. C’est la Pologne, la Hongrie, l’Italie et même la Belgique qui inquiètent par des compositions de gouvernement à vocation antisociale.
Ce dimanche 8 avril, Viktor Orban sera reconduit à la tête de la Hongrie.
Sur le temps que Jean-Claude Juncker, en état de faiblesse, fait des courbettes devant Erdogan, comment espère-t-il freiner les dérives populistes et autoritaires qui font de plus en plus d'émules à l’intérieur de l’Union ?
Viktor Orban n’est pas tendre, vis-à-vis de Bruxelles, c’est même sa rudesse à l’encontre de l’Europe qui le fera réélire haut la main.
Juncker, magouilleur en chef des institutions européennes, a du souci à se faire. Réduire les aides de l'UE à ses petits roquets qui mordent les mollets des grands États membres ou limiter le droit de vote des récalcitrants, son chef de bureau n’a pas encore trouvé la solution qui pourrait le sauver des reproches de Merkel et de Macron.
En attendant, le Fidesz, parti de la droite dure du très autoritaire Viktor Orban, va bon train. On dit même que ce parti est au mieux avec la N-VA qui partage ses points de vue sur l’émigration !
Premier ministre depuis 2010, Viktor Orban, souverainiste fier de l’être, multiplie les provocations. Ses discours traitant du racisme et de l’antisémitisme sont attendus avec gourmandise par ses partisans. Orban a trouvé le joint pour qu’on l’aime parmi la paysannerie hongroise, une des plus traditionnaliste d’Europe. Il s’attaque à la presse, aux ONG et aux intellectuels, qu’il met en prison à la manière de son homologue du Bosphore.
Le voilà aussi trumpien, puisqu’il construit un mur, mais avec beaucoup moins de moyens que les Américains – le mur est seulement de barbelé, «contre les migrants». Ces travaux réjouissent d’avance la main-d’œuvre nombreuse de ce pays, un des plus mal barrés de l’Europe avec un chômage élevé.

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Les rombiers de Bruxelles ne sont pas toujours revenus de la consternation qu’ils ont eue au discours du 15 mars de Viktor ! C’était le jour de la fête nationale hongroise, le deal idéal pour mettre le paquet. Il s’est permis de fustiger le rôle de l’Union européenne, comme seul avant lui, l’Anglais Nigel Farage l’avait osé faire. On a du mal à imaginer la Hongrie membre non démissionnaire du capharnaüm bruxellois.
Pourtant, Orban ne suivra pas le chemin de l’Angleterre, il a trop besoin des millions d’euros qu’on lui verse chaque année et avec lesquels sa famille s‘est constitué un fameux bas de laine.
Au nom de son pays – entre parenthèse le plus subventionné d’Europe – il a soulevé les foules en fustigeant l’UE coupable d’aider à l’invasion de la Hongrie par des émigrants complices ! «Ils veulent nous prendre notre pays… Bruxelles ne nous protège pas, elle veut changer la population de l’Europe», c’est de l’invective pure, un peu à la façon que Bart De Wever avait procédé pour faire la pluie et le beau temps à la flamande en Belgique.
Le pâlot Juncker doit faire gaffe. Cette rhétorique, l’UE ne peut pas la laisser passer. La dérive est contagieuse. La Pologne, depuis l’arrivée au pouvoir du parti eurosceptique Droit et Justice, en 2015, est en symbiose avec la Hongrie.
Ces pays ont vu la Turquie à l’œuvre dans l’art de soutirer de l’argent à Bruxelles. Ils ont compris. Ils savent y faire !
L’Europe fait office de poubelle aux pays de l’Est. Elle évacue toutes les fautes politiques de ces messieurs ! Le truc marche, l’électeur suit.
Les experts – Bruxelles en a des wagons – disent qu’on devrait agir. Pour l’Institut Jacques Delors, Martin Michelot nous prévient : «avec la dégradation de l’Etat de droit, en particulier en Pologne et en Hongrie, l’UE doit faire face à une situation nouvelle et inimaginable jusqu’ici, puisque les fondations de la gouvernance européenne se voient minées de l’intérieur».
Attaqués aussi de l’extérieur par le Brexit et par Erdogan, nous voilà beaux !
C’est le moment qu’a choisi Bart De Wever pour affirmer son attachement à la cause de la Catalogne, en assurant de son amitié, l’ex président Puigdemont.
Vis-à-vis de l’Europe, Charles Michel a l’air de quoi ?
Mais d’un pauvre type, comme d’habitude.

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