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La vérité n’est pas la vérité !

Avec Trump, animal d’affaires tout en intelligence pratique sans le moindre scrupule, la dialectique est aporétique sur le grand thème de la vérité. En gros, pour lui la vérité est celle qui l’arrange. Il ira jusqu’avoir des bouffées délirantes sur ses tweets, afin de maintenir son deal avec ses électeurs. Le visage vultueux, il assène des énormités avec l’assurance exaspérante de quelqu’un qui sait, devant les médias ignorants.
Évidemment l’aplomb, est une figure qui entre dans un débat philosophique sur l’opinion, la croyance et la connaissance. Réjouissons-nous, si l’aplomb de Trump y a sa place, lui n’y entre pas, parce que ce genre de débat le dépasse.
Les opinions sont loin d’avoir été conçues sur le même moule. Elles sont faites de motifs divers, parfois de cancans et de bruits émis de manière irréfléchie par des tiers ou entendus à la radio. L'opinion produit un jugement subjectif s'accommodant de l'ignorance et des préjugés.
Trump égalerait Henry Monnier sans le savoir, quand celui-ci écrivait ses mémoires « C’est mon opinion et je la partage. »
La croyance est une opinion transcendante sublimée par la foi. Elle a l’avantage de ne souffrir aucun raisonnement. Je crois. C’est ainsi et puis c’est tout. On peut hésiter sur la pertinence de son opinion, la croyance, non ! Parce qu’elle inclurait qu’on a perdu la foi. La croyance semblerait être un état de certitude objectif. Sauf que croire en Dieu s’avère être une croyance d’attestation indémontrable, dans ce cas, on parle plutôt d’un acte de foi.
Enfin, la connaissance, celle dont paraît parfois si cruellement manquer Donald Trump, sont des croyances qui évoluent en fonction du progrès des sciences. Il a fallu du temps pour que nos connaissances intègres l'équation E = mc2, la célèbre formule d'équivalence entre la masse et l'énergie, et la théorie des trous noirs de Hawkins, encore partiellement croyance plutôt que connaissance.
L'idée de connaissance fausse étant une contradiction, nous pouvons considérer que la connaissance est toujours vraie. Une pensée est une connaissance bien qu’elle puisse être aussi une croyance, voire une opinion.

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Au vu de ce qui précède, l’affirmation de Rudy Giuliani, avocat de Donald Trump, "la vérité n'est pas la vérité" procède du pyrrhonisme tout simplement.
Interrogé sur NBC News à propos des soupçons d'ingérence russe qui pèsent sur la campagne de Trump lors des présidentielles de 2016 et sur lesquels la justice américaine enquête, Giuliani a eu cette formule « La vérité n’est pas la vérité » qui restera sans doute au même titre que celle de Richard Virenque à un Tour de France « à l’insu de mon plein gré » à propos du dopage.
Après les "faits alternatifs", le camp de Donald Trump ne manque pas d’imagination pour s'affranchir du réel et de ses conséquences.
Comme on pressait l’avocat de répondre sur la nature de la réunion de juin 2016 entre Donald Trump Jr et une avocate russe à la Trump Tower. Une réunion qui, selon les mots du président américain, avait pour objet l'obtention d'informations sur sa rivale Hillary Clinton. La réponse de l'avocat de Donald Trump est délectable "Écoutez, je ne vais pas le pousser à témoigner pour qu'il soit piégé par le parjure. Et si vous me dites 'il devrait témoigner pour donner sa version de la vérité' et qu'il n'a pas à s'inquiéter, et bien c'est idiot parce qu'il s'agira d'une version personnelle de la vérité. Et non pas de la vérité même".
Le journaliste relance l’avocat – Mais la vérité, c'est la vérité! C’est alors que l’autre lui lance – Non, la vérité n'est pas la vérité.
On se souvient que le camp de Trump avait initialement déclaré que la rencontre entre Donald Trump Jr et l'avocate russe avait pour objet l'adoption d'enfants russes par des Américains.
J’ignore dans l’histoire des présidents des États-Unis, si un prédécesseur de Trump avait, dans la deuxième année seulement de son mandat, accumulé autant de mensonges avérés. Clinton a évité de justesse l’Impeachment pour une affaire de mœurs à la maison Blanche. Comment se fait-il, pour dix fois pire, qu’un espion de Vladimir Poutine soit toujours président des États-Unis ?

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