« Paul, un beauf antique ! | Accueil | T’as lu l’journal ? »

Ça gaz !

La dernière « frontière » prise d’assaut par des pionniers survoltés, c’est celle de la conquête du gaz de schiste. Ce qui se passe aux USA est la meilleure illustration d’une nuisance nouvelle, ajoutée aux nuisances anciennes, du système économique capitaliste.
D’abord qu’en est-il des promesses électorales de Trump ? La force aveugle et brutale du libéralisme lui a permis d’être – quoiqu’il s’en défende, le champion de la contradiction. À chaque meeting, il se vante d’accomplir ses promesses électorales par des mesures appropriées, comme sa décision de sortir des accords de Paris sur le climat pour aider au maintien des charbonnages et réjouir ses électeurs de Pennsylvanie et des Appalaches.
Or, l’exploitation du gaz de schiste par la diminution des prix à l’énergie a fait tomber la production du charbon de manière spectaculaire acculant quelques premières exploitations minières à la faillite.
La politique favorable au charbon de Trump et la révolution des gaz de schiste aux États-Unis peuvent provoquer une autre catastrophe, celle de l’atome civil, expliquent des scientifiques américains dans un rapport de l'Académie nationale des sciences.
Il concerne la bataille de requins d’un capitalisme ordinaire. Les lobbyings s’activent pour tourner en dérision des rapports alarmants des dégâts à l’environnement, de cette nouvelle exploitation de la Terre.
La contamination des eaux liées aux forages des gaz de schistes incommode des autochtones des alentours des exploitations. Si les grandes compagnies énergétiques se veulent rassurantes, la question des impacts sanitaires a surgi à la une des journaux. Après tout, l’industrie du charbon ne regardait pas à l’environnement non plus, pourquoi s’inquiéter ?
La question des rejets de méthane n’est pas la principale pollution liée aux gaz de schiste. La fracturation hydraulique génère le rejet de près de 750 produits chimiques, 25% des produits qui se dilue dans les nappes phréatiques, sont cancérigènes, 37% sont des perturbateurs endocriniens, 40 à 50% pourraient affecter les systèmes nerveux, immunitaire et cardiovasculaire, et plus de 75% les organes sensoriels et le système respiratoire.
Le profit passe avant la santé de la population. C’est le système qui le veut, il n’est pas propre aux seuls américains. L’État belge a ses voyous, larbins de la même mauvaise cause du business américain, même si nous n’avons pas de schiste exploitable.
Leur crédo est invariable depuis deux siècles : les gens, on s’en fout, la Terre on s’en branle et la démocratie, on la subventionne pour qu’elle ferme sa gueule !
Reynders, Michel et baby Chastel, même combat que Trump !

1gertu.jpg

On sait qu’il faut 15 à 20 millions de litres d’eau pour réaliser un forage. Sachant qu’il existe 500 000 forages aux Etats-Unis, les menaces sur les réserves d’eau sont gravissimes.
Les américains commencent à en mesurer les conséquences. Mais c’est comme le business des armes, on vend des fusils c’est pour qu’ils tirent ! Les forages des gaz de schiste se multiplient sur le même principe.
Sur 180 familles près des forages du gisement de schistes Marcellus en Pennsylvanie, les universitaires de Yale ont pu établir avec certitude que :
– 39% des personnes vivant dans un rayon de moins d’1 kilomètre autour du forage ont souffert de symptômes au niveau des voies aériennes supérieures : sinusites, saignements du nez, irritations de la gorge, etc.
– 13% des riverains directs (moins d’1km) ont également souffert de syndromes cutanés tels que les urticaires, irritations ou sensations de brulures.
Un jury de Dallas a donné raison à une famille vivant à proximité de puits de gaz de schistes, en condamnant la société Aruba Petroleum à une amende de 2 millions de dollars pour des dommages sanitaires de ce type.
On a compris que l’Administration américaine ne procède qu’à des études préliminaires sommaires pour ouvrir un chantier. L’exploitation est prioritaire sur la santé des gens et l’environnement. Voilà qui ne date pas d’hier. Quand on voit ce que John Cockerill a fait à Seraing et aux campagnes des bords de Meuse, on n’a pas à donner des leçons en Wallonie.
Au Colorado, les équipes médicales des cliniques se sont inquiétées d’une brusque augmentation des malformations chez les nouveaux nés depuis l’exploitation des forages. Ainsi le risque de malformations cardiaques a-t-il augmenté de 30% alors que certaines pathologies rares, comme celles liées aux malformations du système nerveux, ont doublé. En cause, les composés organiques volatiles qui contaminent l’air, mais aussi l’eau en s’infiltrant dans les zones phréatiques.
Un mode de contamination, lié à la fracturation hydraulique et à l’impossibilité de décontaminer les quantités astronomiques d’eaux injectées dans les sols pour percer les roches, on estime que 40% des eaux contaminées par la fracture hydraulique s’infiltrent dans les nappes phréatiques sans aucun traitement de dépollution. Le reste est " stocké dans des bassins de décantation à ciel ouvert favorisant l'évaporation de substances volatiles (..) et dommageable pour la santé des populations riveraines ».
Le choix est simple, soit on se lance dans l’exploitation des gaz de schiste, soit on conserve nos ressources en eau, disent les scientifiques. Trump et avant lui Obama ont tranché, le fric d’abord. Merci, on a compris. C’est pareil en Belgique.

Poster un commentaire