« Oufti ! to po Lîdge. | Accueil | – Une nouvelle crise ? – Tu es folle ! »

Dokter Haat et Mister Theo-Jekyll.

Sur le marchepied de la société Rossel, les journalistes de Sud-Presse sont dans l’embarras. Jeter en pâture à l’opinion publique, un lampiste ou une crapule reconnue dans le genre Dutroux, c’est porteur. Cela le serait aussi pour l’un ou l’autre trublion de l’engeance majoritaire, mais ce serait effleurer des intouchables soit du MR qui doit montrer à l’opinion que la N-VA est devenu un parti fréquentable, soit certains membres du gouvernement issus de l’école de démocratie qu’est devenue la N-VA. Theo Francken est au top du remplissage des horreurs sur son compte avec les migrants, donc, il faut bien mettre les poussières en surnombre sous le tapis.
Et justement, il en vient un paquet. À un mois des élections communales, c’est clivant pour une reconduction de la fraternité MR-N-VA en prévision de celle de l’année prochaine pour la conduite des affaires de l’État et de l’Europe. De leur point de vue, cette législature future ne pourra que reconduire celle qui se termine. C’est désolant, mais ils n’ont pas tort, comment faire autrement dans ce pot-bouille au fond duquel macère la Belgique ? Les Michel comptent sur notre apathie et notre lassitude, nous sommes les bœufs qui regardons passer leur train !
Voilà la dernière affaire qu’on ne vous racontera pas en Wallonie : il y a deux ans un virologue de la KU Leuven, M. Van Ranst atteignait le niveau médiatique à partir duquel les gazettes s’intéressent à nos viandes, donc à la sienne ! Cela fut possible lors de l’épidémie de grippe. Décrété « autorité » en la matière, depuis, il donne ses conseils dans les salons, et passe une après-midi sur deux à la radio ou à la télévision flamande, surtout qu’il n’a pas la gueule de travers, et est plutôt beau gosse..
C’est ainsi que ça marche.
Le voilà désormais faiseur d’opinion.
Que s’est-il passé ? Serait-ce que l’homologue flamand de Rossel avait mal jaugé l’artiste en virologie, voilà-t-il pas que la notoriété lui monte à la tête et qu'il se met dans l’esprit de placer les hommes de la N-VA sous son microscope, afin de comprendre pourquoi ces virus nouveaux à défaut de propager la grippe, propagent un racisme et un fascisme dont Charles Michel a annoncé en début de son copinage avec Bart De Wever qu’ils avaient été éradiqués de la N-VA.
C’était trop pour Theo Francken ! Il le fit savoir à l’aide de tweets ravageurs façon Donald Trump, ce que l’autre, aussi remonté, renvoya à Théo d’autres tweets tout aussi ravageurs.
Des noms d’oiseau, on est passé à des attaques ad-hominem, Theo Francken traitant Marc Van Ranst de « Dokter Haat » (Docteur Haine). Le virologue réclame des excuses formelles : « Il met mon intégrité en doute, je ne peux pas l’accepter. » Et la N-VA de réagir : « Nous ferons nos excuses quand il aura fait les siennes ».

1hgdtheo2th.jpg

Deux ardents défenseurs de Francken ont déjà été écartés de la N-VA pour des tweets racistes envoyés à Van Ranst, que celui-ci s’est empressé de publier.
Le virologue est remonté, il force les portes des médias qu’on avait eu l’imprudence d’entrouvrir, quand il était encore bien et de bon rapport.
« Vous pouvez me croire, je n’en retire aucun plaisir, aucune gloire. Mais comptez sur moi pour continuer à attirer l’attention, à dénoncer et à exprimer mes critiques. » dit-il en moeder taal, et c’est tant mieux pour les chastes oreilles de Charles Michel qui, sinon, aurait été obligé de réagir pour sauver son turbulent ministre.
Il paraît que la situation est à présent hors contrôle. En langage normal, cela veut dire qu’on ne peut plus les arrêter de s’invectiver en public et que l’on craint qu’ils n’en viennent aux mains ! Pour un ministre de l’immigration qui en principe doit garder ses muscles pour taper sur les malheureux qui osent réclamer l’asile en Belgique, ce serait mal venu de cogner un Flamand de la Flamanderie, notable établi dans le number-one de la crème officielle
Aurions-un Benalla qui s’ignore en Theo Francken ?
La dernière gueulante de theo accuse son ennemi préféré de traiter un étudiant (Nick Peeters, candidat N-VA à Lubbeek) de fasciste et de raciste ». Et d’ajouter, avec ce sourire qui ressemble à celui de Jack Nicholson en Jocker : « C’est quoi la prochaine étape ? Manipuler les résultats d’examen ? »
« C’est inacceptable », réagit Marc Van Ranst. Etc.
« Il y a quelques années – écrit le très bon magazine en ligne Daardaar – le recours à un tel langage par un secrétaire d’État aurait provoqué une crise gouvernementale. »
« C’est de l’intimidation à l’état pur – dit le professeur. Je trouve inadmissible de le voir accuser ainsi un professeur de fraude et faire des allusions à un médecin nazi comme Mengele parce que l’opinion du simple citoyen que je suis le dérange. J’exige des excuses de sa part et que son parti le rappelle à l’ordre ou l’oblige à retirer son tweet. »
Theo Francken reçoit l’aide du porte-parole de son parti, Joachim Pohlman, et c’est reparti pour une nouvelle bordée d’injures. En renfort, la députée Annick De Ridder, Louis Ide et J. Pohlman, secrétaire du parti, prennent la défense de Theo « Des excuses viendront mais seulement lorsque M. Van Ranst se sera lui-même excusé pour la centaine de tweets haineux envoyés à l’adresse des élus, des candidats et des électeurs de la N-VA. »
On en est là. L’ambiance est assurée. Charles Michel est aux abonnés absents. Le petit Chastel rôde à Charleroi pour galvaniser ses troupes et Didier Reynders s’en fout !
Comme quoi dans cette étrange démocratie l’opinion contradictoire d’un seul vaut parfois beaucoup plus que des milliers d’autres.
C’est ce qui s’appelle une opposition par délégation.

Poster un commentaire