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La logique de classe.

Pure coïncidence, la chronique d’hier faisait état d’une lutte des classes qui refuse de dire son nom : le conflit entre la richesse et la pauvreté. On n’a jamais vu un ministre pauvre, ni un notaire non plus. Il doit bien y avoir autre chose qu’une vision latitudinaire de la société, à savoir des classes sociales en conflit d’intérêt permanent !
Ce soir encore, dans une émission politique, Roland Cayrol, politologue bien connu et Françoise Fressoz, du journal Le Monde, étaient implicitement complices dans une analyse de la société dont leur semblait absente la notion de classe sociale !
C’est effarant d’entendre un pareil discours à l’heure de l’augmentation des inégalités. Quand on parle d’un fossé qui se creuse, peut-on croire que ceux qui vivent de part et d’autre de ce fossé cohabitent dans une seule classe sociale ? C’est se moquer que de le penser.
Justement le président des riches, Emmanuel Macron, me fait écho aujourd’hui. Il lance à grand renfort de trompette son plan anti pauvreté au Musée de l’Homme à Paris, comme si ce plan pouvait être compatible avec les immenses privilèges dont bénéficient les « gens du dessus » !
Le Secours populaire français conclut dans son douzième baromètre annuel que "La pauvreté ronge notre société." Ce constat se base sur une étude de l’Ipsos : un cinquième des Français éprouvent des difficultés à se nourrir quotidiennement.
En 2017, 16 % de la population en Belgique était considérée comme pauvre. Les chiffres de cette année d’après les estimations puisque l’année n’est pas écoulée, font état d’une forte augmentation, allant vers les 20 %, ce qui correspond à la population globale européenne en état de pauvreté et rejoint la France dans ce triste record.
Une nouvelle catégorie, tout à fait particulière, les rejoint : ce sont les travailleurs au salaire tellement bas qu’il ne peut plus subvenir aux besoins élémentaires.
Le niveau d’alerte est dépassé. Il correspond tout à fait aux craintes des économistes underground qui estiment que le modèle économique libéral ne correspond plus à la volonté d’arriver à un progrès général et même, ne satisfait plus aux besoins élémentaires des populations.
Pour l'Insee, "un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu'il vit avec un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, calculé depuis 60% du niveau de vie médian de la population, ce seuil s'élevait à 1026 euros en France en 2016 et doit être sensiblement le même en Belgique. Compte-tenu de l’inflation, on estime qu’en 2018, on est pauvre en-dessous de 1050 € le mois de revenu.
Le sociologue français Serge Paugam a défini trois formes élémentaires de pauvreté. « La "pauvreté intégrée" qui touche les ménages dans un environnement où les personnes dans le besoin sont nombreuses, comme dans certains territoires français d'outre-mer où le chômage atteint parfois 23% de la population active. La "pauvreté marginale" qui, quant à elle, regroupe les personnes dans le besoin au sein d'une société riche. Souvent considérés comme "inadaptés" au travail, ils sont mis au banc de la société. Et enfin, la "pauvreté disqualifiante" qui sévit dans les pays riches mais marqués par un fort taux de chômage. C'est dans ce groupe hétéroclite que le sociologue classe par exemple les travailleurs pauvres. » (HuffPost)

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Le revenu n’est pas le seul baromètre de la pauvreté. La misère sociale inclut l’impossibilité d’accéder aux droits élémentaires, se loger, travailler, se nourrir, s’éduquer et s’instruire dans des conditions décentes. Depuis l’amorce d’une nouvelle législation ostracisant le chômeur par Di Rupo et complétée par Charles Michel, la prise en main des pensions par le triste personnage qu’est Bacquelaine, on peut déclarer aujourd’hui qu’en Belgique les droits fondamentaux ne sont plus garantis pour près d’un cinquième de la population !
La présidente d'ATD Quart Monde en France, Claire Hédon fait pertinemment remarquer "Si on ne prend pas en charge le problème de façon globale, on est inefficace". Et comment pourrait-on le faire si, comme en Belgique, nos mauvais génies sont en train de détricoter tout l’État, pour ne laisser que quelques pièces détachées de l’ensemble parti en lambeau, afin d’être vandalisé par les particuliers dans ce dépeçage ?
On ne résoudra pas le problème en faisant confiance à l’élite actuelle. Tant que les universités formeront des intellectuels dans la conviction que ce système économique est le seul qui vaille, on n’obtiendra jamais un autre résultat que celui du mépris pour d’autres formes d’intelligence à une autre forme d’organisation sociale.
Croire que le culte du PIB, la quintessence de la vertu dans le Quat40, le sacro-saint devoir de rembourser la dette de l’état, l’absolue nécessité de la croissance, les mesures contre une nouvelle titrisation susceptible de rouvrir la crise de 2008, la conviction de l’efficacité de la théorie dite du ruissellement payeront tôt ou tard et que le capitalisme en a encore au moins pour cent années à fonctionner de la sorte, ce n’est même plus une théorie comme une autre, c’est l’intention criminelle de sacrifier un quart, et peut-être demain la moitié de la population au bien-être relatif du reste.
Et cela est proprement inadmissible.

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