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Le marché de l’emploi est ouvert !

On est à six mois des législatives. Ça ne dit rien à l’électeur, c’est-à-dire à celui qui pousse un bulletin dans l’urne et qui se voit massacré tout de suite après, par les vainqueurs en situation de lui faire les poches, jusqu’à aller dans celles des pensionnés et des chômeurs. L’électeur compte à peine, dans ce fichu pays d’inégalité « démocratique », il y a l’appareil, la haute administration, des premiers en tout dont Richard3.com vient de célébrer le professionnel Didier Reynders, les hors concours, les opportunistes, les partis, le beau linge, les Institutionnels.
Voilà qui fait du monde, madame !
Réfléchissez, un chômeur, ça bouffe à peine, ça se loge sur quelques mètres carrés, ça se vêt aux puces, ça soigne un rhume perpétuel à défaut de se chauffer, mais un haut administrateur, un conseiller de la cour des comptes, un magistrat, un député, un chef de cabinet, ça fonctionne autrement, ça a des exigences et ces exigences le bon électeur aux 1.500 € le mois, les comprend, la preuve, il étale ses trois biftons d’impôt dans les bureaux de perception et, bonne pomme, remet en selle les vedettes à la législature suivante.
Ils vous le diront tous, à la RTBF et ailleurs, chez Deborsu, s’ils pouvaient l’ouvrir pour dire autre chose que des conneries, six mois avant l’échéance, ils vous diraient que la guerre des postes est ouvertes. Il s’agit que les honorables gardent de la marge et pour garder de la marge, il faut prévoir.
Mais tout est discret, on n’en parle pas, c’est la sidération dans les crèmeries du pouvoir, aux kermesses télévisées, partout, Maleux, Gerlache, même à Droixhe au Marché couvert, c’est le prix de la botte d’oignon qui prime, rien n’est plus difficile à justifier que les nominations politiques.
Un parti qui pousse un collaborateur de cabinet ou un membre de la Chambre (qu’il soit ou non mis sur une voie de garage) vers un poste hautement rémunéré, personne ne croira qu’il fait de l’altruisme, qu’il est économe de l’argent public. On dira que c’est un gros con de pistonné et qu’il va se faire des couilles en or sur le dos des collectivités. C’est vrai, mais vous le savez bien je l’espère, pour vivre vieux dans les fauteuils des hauts niveaux, il faut savoir mentir et à défaut se taire. Silence on tourne, comme au cinéma.
C’est ça le pouvoir politique ordinaire !
DaarDaar magazine évoque la valse des beaux emplois, des gros salaires de nos marioles.
Le gouvernement fédéral a nommé Steven Vanackere (CD&V) au poste de directeur de la Banque nationale de Belgique. Il y remplace Marcia De Wachter, deuxième sur la liste CD&V pour les communales à Overijse, une simple succession, quasiment notariée.
Les partis au pouvoir se tâtent. Les combinards se disent « est-ce que je vais être dans les éligibles ? » Les plus exposés lorgnent un poste. Pour contenter tout le monde, il est utile d’avoir beaucoup de postes à distribuer. La Belgique n’en manque pas. C’est même un bonheur à ce niveau d’emploi, un record en Europe !
Nicolas Bouteca (UGent) nous met au parfum « Si vous pouvez nommer un haut fonctionnaire de votre propre cabinet, vous pouvez peser sur la mise en œuvre de la politique. Ou mettre des bâtons dans les roues si vous n’aimez pas une mesure. Il est également utile d’avoir des antennes pour récolter des informations. Surtout quand on se retrouve dans l’opposition, de telles connexions s’avèrent pratiques. Et c’est une solution élégante pour le personnel politique qui se trouve sur le banc des réserves. Surtout maintenant que les listes doivent être constituées avant mai 2019. »

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Charles Michel est en ce moment le bon ange distributeur. Ah ! que les hauts fonctionnaires et les MR bien placés ont eu raison de voter pour lui ! Le gouvernement fédéral doit proposer de nouveaux candidats au sein de cinq institutions :
1. la Société Fédérale de Participations et d’Investissement (SFPI), salaire du PDG 290.000 euros par an ;
2. Banque nationale de Belgique (BNB), salaire du vice-gouverneur (le plus intéressant) : 391.000 euros par an ;
3. CREG (donne des conseils au gouvernement fédéral en matière du marché de l’énergie et contrôle les distributeurs d’énergie) salaire : le président gagne 250.000 euros par an ;
4. Banque européenne d’investissement (BEI), salaire : équivalent à celui de vice-président de la Commission européenne, c’est-à-dire 276.000 euros par an
5. Bpost, salaire : 20.000 euros de rémunération fixe par an + 1.700 euros par jeton de présence par réunion (c’est le type de boulot dont on raffole en haut-lieu. On n’y fout rien, on vient quand on en a envie, on signe le registre, puis on s’en va baguenauder dans les rues du Centre, jusqu’au soir si on veut. Quand on voit comme le métier de facteur est devenu infernal dans les cadences, on a envie de dégueuler.
Tous les partis dits traditionnels ont le feu aux miquettes pour ces cinq marmites là.
Les partis flamands ont l’avantage du nombre, c’est tout juste si Michel va recaser un ou deux bonshommes. Le PS va faire tintin. Il espère se rattraper à la prochaine… en 2024 ! C’est-y pas beau la démocratie vue sous cet angle ?

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