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Les ploucs de la ploutocratie.

Un effet inattendu de la course au pognon pour survivre, on finit par détester ce que l’on fait. Quand ce travail répétitif permet à peine de vivre, c’est plutôt facile. Et même inversement, un travail bien rémunéré et exigeant des compétences perd aussitôt de l’intérêt dès que l’on en a fait le tour, surtout s’il est très spécialisé. Une connaissance des lieux, dans lesquels on maîtrise l’espace à l’aveugle, devient une chose sans surprise.
De part et d’autre de la mare aux cons, la chasse est ouverte au petit coin de paradis qui subsistera à l’avenir seulement à coups d’interdits et de gardiens farouches. La même envie de se tirer des pattes partout, du monstre que le monde est en train de peaufiner, est vivace partout sans l’oser pouvoir dire.
Une des recettes pour retrouver la paix et le bonheur de l’instant, pour ne pas perdre l’essentiel, serait de se retirer « du monde » où le mauvais sort nous a jetés par hasard. C’est la planque du pauvre, la cabane au fond du jardin de Cabrel, la villa « mon désir » du petit bourgeois et la maison de campagne dont on aime repeindre les volets verts chaque année, surtout que l’on n’est pas très habile de ses dix doigts (Didier Reynders).
Vivre caché, comme la murène, qui dîne par surprise en sortant de son trou, se jetant sur sa proie comme le font les businessmen ou comme le recru de fatigue, dans son envie de dormir a concurrence de ce qui reste de temps, après la trime aux 3 fois 8, c’est chercher le bonheur par autarcie.
L’autarcique n’a pas de maître. Par les temps qui courent, c’est une performance. Insensible aux injonctions du grand chauvin qui réclame son quota de sueur, il va bosser avec l’intention de se venger. Maître dans l’art de paraître s’évertuer là où on le place, en n’en fichant pas une secousse, c’est sa résistance. Proteste qui voudra. Il faudra bien un jour que Richard3.com en expérimente les effets.
Par philosophie, celui-là est agnostique. Son pandémonium n’a que l’oisif pour habitant Il n’admet aucune dichotomie entre la raison et la passion, le bien et le mal, car les dieux ne se mêlent point des choses humaines dit Épicure. Mais, ce n’est pas un épicurien, tant cette discipline, sous son air aimable exige d’efforts.
L’éthique de son bonheur domestique semble être une des causes du malheur politique. Déchu par conviction personnelle de son droit de voter, il laisse aux individus qui vivent des urnes une parfaite jouissance des gens et du bien public assemblés. L’usage immodéré du pouvoir entraîne ceux qui en ont le goût, à plus de pouvoir encore, jusqu’aux cinq gouvernements pour un royaume d’opérette. Ils doivent leur succès à la paresse de celui qu’ils répudient sans le répudier, puisqu’il leur est nécessaire à la poursuite d’une sinécure, mieux rémunérée et honorable, qui ne s’appelle pas paresse.
Essentiellement hystérique, le collectif éclate en une multitude de fous organisés, d’illuminés porteurs de messages, en un mot tout qui parle au nom des autres.
Quand le collectif panique, l’individu exulte. Le sage seul s’épanouit dans le carpe diem !
Misonéiste sans être passéiste, à l’ombre sous un arbre du jardin d’Épicure, il se fatigue à la seule vue de la vacation des jardiniers. À l’abri des diadoques de nos modernes Alexandre qui font du recrutement la condition de leur vie bien remplie, l’immobilité et le camouflage du caméléon lui suffit.

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Il n’est pas loin de conclure qu’il est toujours possible de ne pas faire la guerre à condition qu’un autre la fasse. Le choix de la paix n’est pas donné à tout le monde. Déserteur est une vocation. Cela requiert de la dissimulation et une manière de faire le mort plus intelligente que sur un champ de bataille.
De sorte que la non-politique des Gilets Jaunes pourrait lui convenir à condition qu’elle soit éternelle dans un état volontaire d’irresponsabilité civique.
C’est là que la loi implacable de la société le rattrape. Sous peine de ne plus jamais marcher sur un trottoir et de fréquenter tout lieu public où s’affichent plus de trois personnes à la fois, il risque de sentir une balle de caoutchouc d’un Flash-Ball lui fermer un œil, sans qu’il en ait suscité le tir.
Même le stylite a besoin des autres. Comment survivrait-il sans son petit panier de nourriture au haut de sa colonne ?
Robert Nozick a popularisé sans le vouloir les idées des libertariens américains en voulant réfuter la thèse de John Rawls sur la justice sociale.
C’est en se croyant à l’abri de tout, en ne s’aventurant en rien que l’on est le plus exposé dans un monde où dorénavant tout se voit et tout se sait. C’est en s’aventurant dans tout et en s’exposant plus que de raison, que l’on échappe le mieux à l’attention générale qui fait les victimes d’aujourd’hui.

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