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Maquereautage d’État !

Chose marginale pour la France – mais importante pour la Belgique – les salaires des hauts cadres de l’administration de l’État ont été divulgués par une indiscrétion aux Gilets Jaunes.
Importante pour la Belgique, cela démontre la frilosité dont les journalistes francophones font preuve. Ce qui irrite, c’est de passer quasiment en boucle ce qui les arrange et glisser rapidement sur ce qui les dérange. Involontairement ou non, ils font preuve de partialité (voir le traitement de l’information du boxeur Gilet Jaune).
À défaut d’être éclairés sur les grands bénéficiaires belges de la démocratie par délégation, instruisons-nous sur ceux de France, largement éclairés cette semaine par Chantal Jouanno, présidente de la commission nationale du débat public, 14.666 € brut par mois, qui n'assumera pas la mission confiée par le premier ministre pour piloter le grand débat public, mais conservera sa présidence et continuera donc de percevoir sa rémunération.
Les rémunérations des citoyens engagés dans les hautes charges de l’État, alors que le pouvoir poursuit une politique d’austérité et tombe à bras raccourci sur les petits contribuables, rendent les Gilets Jaunes furieux. (Richard3.com : un Weimar français)
Les discours de Macron sur la nécessité de réaliser des économies et sa volonté de maintenir le cap des réformes prennent un retentissement malsain supplémentaire à l’éclairage nouveau, enfin nouveau, on le savait depuis longtemps. Les médias avaient permis jusque là de cacher les braises sous la cendre.
En Belgique, les éditorialistes flamboyants et diserts partagent avec leurs collègues français une responsabilité identique.
En sortant du lot le cas Jouanno, parce qu’elle n’a pas souhaité poursuivre la pantalonnade d’un débat public à l’avance « arrangé », ce qui l’honore dans un sens, on entre dans le vif du sujet. Les rémunérations excessives et injustifiables du domaine privé trouvent leur pendant dans la gestion politique de la démocratie.
Le salaire de la présidente de la CNDP (commission nationale du débat public) se situe dans la moyenne de ces postes largement rémunérés : 238.973 euros pour le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), 210.197 euros pour celui de la Haute autorité de santé (HAS), 223.419 pour celui de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

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Le reproche que l’on peut faire en Belgique sur la non-publication de certaines données dans la gestion de la démocratie n’est même pas certain. Car, ces données existent, chacun peut les lire dans les graphiques publiés, les textes officiels et même certains articles de presse. Par contre les journalistes n’en font pas état comme ils devraient le faire dans des commentaires et même dans des explications plus larges, sous des titres en caractères gras.
Le grand public est myope. On aide bien son choix quand il s’agit de montrer « les violences » dans la rue, par contre, on est plus discret pour d’autres violences, parfois plus terribles dans leurs conclusions et la comparaison des salaires du plus petit au plus grand en font partie, parce que cette différence n’est pas justifiable !
On s’est essayé de la justifier dans les Trente Glorieuses. Les très hautes rémunérations étaient montrées comme une manière d'attirer les compétences du privé et de prémunir « les attirés » de possibles tentatives de corruption dans certains secteurs sensibles, comme la sûreté du nucléaire ou la surveillance des marchés financiers. Cela n’a jamais empêché les corrompus et ceux qui quittent la fonction publique la tête haute, de partir avec un carnet d’adresses et une mallette de documents, permettant à l’entreprise d’accueil d’entrer dans des marchés publics. Ils se goinfrent dans le privé après avoir pillé l’État !
Le porte-drapeau de cette malfaisance tolérée est l'ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui travaille après ces deux mandats à la banque d'investissement Goldman Sachs, banque qu’il avait critiquée à la suite du krach boursier 2008/9. En 2019. Il poursuit son lobbying en s’affichant avec le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen ! Bientôt avec Juncker, ils seront deux à vivre sur l’Europe, tout en n’étant plus rémunérés officiellement par celle-ci !
Le grand écart vertigineux entre les rémunérations de nos officiels, que sont nos commis et engagés comme tels, et ce que perçoit la moyenne des Belges et des Français donne le vertige.
Les farfadets de notre gouvernement en liquidation n’ont jamais ouvert le débat sur les économies à réaliser dans ce domaine. Vous pensez, avec cinq gouvernements, notre leadership en la matière nous confère le titre de champion du monde, que les Français ne sont pas près de nous ravir. Charles Michel, Didier Reynders et toute la bande de bons-vivants sont bien trop occupés à émacier les pauvres, pour lâcher les tenailles qui tourmentent les chômeurs en ce moment.

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