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La démocratie privatisée !

– Monsieur Miller, cher Richard, puisque nous nous connaissons, encore que l’on ne vous voie plus souvent prendre votre petite enveloppe dans le bureau du rédacteur en chef. Cette fois, avec votre complice Hervé Hasquin vous avez écrit un livre aux Éditions de la Potinière, « Privatisation For Ever » qui est un cri du cœur au ralliement total au néolibéralisme dont vous aimez la sauvagerie, paraît-il, qui bouscule votre nature introvertie de philosophe libéral.
– Cher Michel De Maegd, avec vous, je suis certain que vous jugerez franchement cet ouvrage sans esprit partisan et avec la sincérité qui ont toujours habité votre conscience journalistique. En effet, nous traitons Hasquin et moi de la question essentielle de la privatisation comme moteur prodigieux du dynamisme du néolibéralisme. Les gouvernements freinés à chaque fois par, je ne dirai pas l’ensemble du parti socialiste, puisqu’il est d’accord avec nous sur ce sujet, mais par quelques-uns qui se mettent en-travers de notre route par le souci d’une position personnelle.
– Dans quel but ?
– Mais tout simplement lorsque nous faisons des accords de privatisation de certaines entreprises d’État, de service notamment, et qu’ils ne sont pas repris dans les conseils d’administration du repreneur qui concède quelque sièges rémunérés aux négociateurs de l’État à ces transferts d’activités, ils nous font les pires misères !
– Aujourd’hui après la poste, les chemins de fer et – je crois savoir – la sécurité sociale, vous vous attaquez au tout gros morceau : l’État. Vous voulez privatiser l’État ?
– Oui, c’est Hasquin qui m’en a donné l’idée. Il veut mettre aux enchères la démocratie, ni plus ni moins.

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– Il est vrai que personne n’y avait pensé avant vous deux. Et je crois savoir que vous avez de solides arguments !
– Oui, il faut tout faire pour rembourser nos dettes. Savez-vous que les adhérents à notre parti, le MR, sont les plus impactés par la dette ? Non seulement ils sauvent l’État en lui prêtant une partie des fonds de sa dette par le truchement des banques prêteuses, mais en plus, ils doivent contribuer plus que les autres citoyens de ce pays, à la rembourser ! Ce que ne font pas les impécunieux, tous plus ou moins chômeurs ou petits travailleurs au mini salaire. Si nos épargnants du MR devenaient propriétaires de l’État, ce qu’ils sont déjà plus ou moins, par nos ministres et mandataires publics, ils pourraient exiger de nouveaux baux commerciaux avec les impécunieux pour enfin faire ce que ces bouseux font sans rechigner quand ils paient leur téléphone, leur facture pour leur accès aux médias et le gaz qu’ils consomment pour cuire la soupe : NOUS PAYER ! Les contentieux seraient réglés au tribunal de commerce qui, on le sait bien, agit vite fait par la saisie et la prison des mauvais payeurs et assurément, Hasquin me le disait encore à Colonster, nous n’aurions plus à avancer l’argent à l’État qui nous rembourse par nos impôts !
– Et la démocratie dans tout cela ?
– La quoi ?
– La démocratie !
– Monsieur De Maegd, cher Michel, quelle étrange question, surtout de la part de quelqu’un qui va avoir la riche vie parlementaire que l’on vous souhaite au sein de la grande famille libérale. Vous avez depuis vingt ans sur RTL soutenu, protégé, de tout votre savoir-faire journalistique, nos meilleurs soutiens à la prospérité et à la liberté des marchés. On m’a même informé que vous revenez des États-Unis où vous avez rencontré le plus célèbre d’entre nos modèles, Donald Trump ! Vous savez bien que la démocratie n’existe plus depuis fort longtemps…
– Comment allez-vous vendre la démocratie, alors qu’elle n’existe plus ?
– Vous vous faites plus naïf que vous n’êtes, sans doute. Elle n’existe plus, mais nos clients ne le savent pas. Ils croient eux tout à fait qu’elle existe. C’est pour cela que nous la mettons en vente. Les besogneux nous la rachèteront, j’en suis sûr en collectant autour d’eux, en raflant les économies des syndiqués et des innombrables ploucs chômeurs, à défaut nous serions obligés de travailler nous-mêmes, ce qui serait un véritable scandale.
– Mais s’ils achètent la démocratie et qu’ils s’aperçoivent qu’elle ne sert à rien, ils vont réclamer. Ils vont dire qu’une fois de plus les libéraux les auront trompés sur la marchandise !
– Nous ferons état de notre bon droit, car nous aurons eu soin de stipuler dans notre contrat de vente qu’il s’agit du rachat de la marque et pas dans ce qu’il y a dedans.
– Et le Parlement, le Sénat, le gouvernement ?
– En vente aussi, tout en vous faisant remarquer que nous serons prioritaires par un droit de préemption, un dispositif d’acheteurs par l’usage que nous en avons toujours fait depuis 1830. C’est dans la loi. Bien sûr nous rétrocéderons une part de l’affaire aux socialistes fortunés. Il y a quelques beaux coups à faire dans l’entourage de Di Rupo, tous assez pourvus à l’issue de belles carrières, en veillant à ce qu’ils restent minoritaires, bien entendu.
– Et le gouvernement, vendu aussi ?
– Ça voilà longtemps que c’est fait, mais les impécunieux, comme la démocratie, ne le savent pas tous. Malgré tout, on pourrait tenter la vente. Vous savez, quand on est passionné, on ne compte pas pour l’achat de la chose qu’on désire.
– Merci, pour vos éclaircissements, monsieur Miller… Ici Michel Maegt qui interviewait Richard Miller sur son dernier livre écrit en collaboration avec Hervé Hasquin « Privatisation For Ever » aux Éditions de la Potinière, avenue de la Toison d’Or à Bruxelles.

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