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Les gérants de l’ingérence.

Au théâtre, une comédie voyait des nains partout. La démocratie en lever de rideau fait dans la bouffonnerie, elle voit de l’ingérence partout, en cause les réseaux sociaux. Tandis qu’on cherche l’ingérence de Poutine dans l’élection de Trump, celui-ci ne perd pas de temps pour s’ingérer au Venezuela et dispenser Maduro de s’ingérer dans la politique qu’on destine à Juan Guaidó de retour, Nicolás Maduro pris de court ne sait plus où s’ingérer, son compte est bon.
L’Américain non trumpisé pense sincèrement qu’une ingérence russe s’exerce désormais dans la vie politique de la plupart des États occidentaux. L’Américain trumpisé pense que s’il y a ingérence, ce n’est pas elle qui a fait triompher son leader et que c’est une fake-new. Par contre, il ne serait pas surpris que l’Europe soit truffée d’espions russes recyclés du régime stalinien, reconvertis en poutiniens durs à cuire.
Voilà une belle occasion d’occulter ses défaillances en arguant la présence d’agents extérieurs qui agissent comme des parasites infestant les corps constitués, comme si la nuée de moustiques électroniques venue de l’Est rencontrait la nuée de l’ouest dans un combat aérien qui préfigure une nouvelle guerre froide, voulue par les Américains en Europe. Cette version que l’Amérique fait faire ses guerres par les autres trouve évidemment du crédit dans l’ostracisme de Trump vis-à-vis de l’Iran, en ayant trouvé le moyen d’interdire aux autres de commercer avec ce pays, au nom du dieu dollar.
Et ça marche !
Pendant ce temps, l’Arabie Saoudite s’emploie à tester le matériel américain au Yémen. Riyad s’ingère, bien que l’intervention de la coalition emmenée par le royaume saoudien contre les rebelles houthistes au Yémen soit sans issue.
Plus près de nous, nos voisins entendent Jupiter confier aux journalistes que le mouvement des « gilets jaunes » s’expliquerait en partie par une tentative de déstabilisation pilotée par une « puissance étrangère ».
Macron fait son petit Trump, forcément, s’il y a bien en Europe avec Charles Michel pour la Belgique, quelqu’un qui confie à qui le souhaite, que le néolibéralisme est la panacée qui va nous guérir de tout, c’est Macron. Il va sans dire qu’il faudra d’abord s’occuper des ingérences qui polluent la politique.
Chacun a compris : la Russie est responsable de tout !
On se doutait bien aussi qu’un peuple aussi fidèle et dévoué à la démocratie vue de nos élites, qu’il ne pouvait qu’y avoir un agent venu du froid perturber l’harmonie de l’Europe.
L’émergence d’un important mouvement indépendantiste en Catalogne ? La Russie. Le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l’Union européenne en 2016 ? La Russie. La défaite de la candidate Hillary Clinton lors de l’élection présidentielle américaine de 2016 ? La Russie. L’Écosse qui après le Brexit demandera son indépendance ? La Russie. Didier Reynders colleur d’affiche en mai prochain à Bruxelles ? La Russie, puisque l’emploi convoité de Commissaire à l’UE n’a pas été compris par le NKVD à la suite d’une mauvaise traduction sur Facebook. Poutine a lu « Commissaire du Peuple » ! Or, pour le NKVD, enfer et damnation, si c’est pour refaire l’URSS, ils ne sont pas preneurs !

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Aux États-Unis, l’idée qu’un pays étranger tente d’influer sur le cours des événements politiques suscite l’émoi dans les rédactions et les cercles de pouvoir. Pourtant, on n’est pas loin de voir dans l’extrême indulgence de Washington de la politique israélienne, une action des lobbyistes d’Israël dont leur chef serait le gendre de Donald !
Par le passé, Washington ne s’est pourtant pas toujours montré aussi respectueux de la souveraineté des États que le suggère le président à la mèche orangée. « La CIA [Central Intelligence Agency] a manipulé des élections dans l’Italie des années 1940 et au Chili placé Pinochet à la présidence. L’Allemagne des années 1950 s’est faite à l’ingérence américaine. Au-delà des manigances électorales, elle a aussi secrètement renversé des dirigeants élus en Iran ou au Guatemala dans les années 1950 », concède M. Thomas Melia, un ancien fonctionnaire du département d’État. Mais c’était le temps de la guerre froide, s’empresse-t-il d’ajouter. Depuis la chute du mur de Berlin, les ingérences russes et américaines ne seraient pas « moralement équivalentes ». Il y a, du côté de Washington, « des programmes visant à renforcer les processus démocratiques à l’étranger (sans viser un résultat électoral spécifique) ». La Russie, en revanche, « manipule les élections d’un autre pays dans le but de semer le chaos, de saper la confiance du public dans le système politique et d’affecter la stabilité sociale ». (Le Monde Diplomatique)
Le monde occidental et l’Europe, un beau foutoir ! Jupiter, avec son tout dernier beau discours souffle sur les braises.
Une solution, ne plus tolérer que le peuple s’ingère dans les élections et en imitation de la grande démocratie algérienne, placer définitivement les mêmes aux postes clés, même après leur mort, comme on peut le voir chez Bouteflika qui vit encore, certes, mais en ordre dispersé dans les différents étages d’une clinique en Suisse et dont le cerveau, rapporté à la hâte dans un bocal par un frère de l’impétrant, a confirmé qu’il posait sa candidature pour un cinquième mandat, le reste du corps revenant à Alger, par un autre long courrier.

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