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OTAN pour moi !

À propos de l’Europe, hier je vous ai dit ce que je pensais des Traités.
À 27, il faut des règles et, admettons, des traités. Mais que ces Traités ne soient pas transformables, et qu’il faille attendre un nouveau Traité pour rendre caduque le précédent, alors que la politique dans le monde se transforme à une allure record, c’est comme si l’Europe recommençait une guerre de cent ans avec un équipement de départ qui ne changerait pas tout au long du siècle suivant.
Un autre boulet dont on parle moins, c’est la position de la Belgique dans un traité conclu en externe/interne à l’Europe, celui de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord).
Il n’y a pas photo : le MR et le PS sont à fond les manettes pour l’OTAN, pour deux raisons. La première est « commerciale » l’OTAN à ses bureaux en Belgique, d’où des emplois et des rentrées de dollars. La seconde, pour nos brillants obtus, l’Amérique est la terre sainte du capitalisme adoré, or elle est la grande contributrice au pactole dépensé en Belgique.
Quant aux questions majeures : à quoi sert l’OTAN, la paix est-elle encore menacée à l’Est de l’Europe, la souveraineté de l’Europe est-elle subsidiaire à l’hégémonie de l’Amérique, qu’arriverait-il si la Turquie qui n’est pas dans l’Europe mais fait partie de l’OTAN entrait en guerre contre ses voisins ?
Bref toutes ces questions importantes qui ne sont reprises nulle part, sont pourtant fondamentales si l’on veut penser à l’avenir de l’Union Européenne !
On va voter au mois de mai pour envoyer des pantouflards des partis traditionnels siéger au parlement européen, aucun, à commencer par Charles Michel n’a l’once de la moindre idée de donner sa position sur l’OTAN, sauf sa professions de foi de néolibéral, toute sa dévotion tournée vers Washington, comme les musulmans vers la Mecque.
Interrogé sur la question, il aurait évoqué ses triples casquettes : chef du gouvernement aux affaires courantes, président du parti MR et candidat député européen, la semaine avant on lui en faisait le reproche (Pascal Delwit). Comme quoi, quand on est gonflé, ou plutôt quand on prend les électeurs pour des cons !...

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Les faits sont là : l’OTAN ne correspond plus aux critères de guerre froide avec l’URSS (qui n’existe plus) ni à aucun des besoins pour lesquels elle avait été conçue. On a bien essayé après 1981 de lui trouver des tâches de substitution. Il n’y en a pas. On a donc profité pour voir dans les démêlés de Poutine avec ses voisins une menace directe sur l’Europe et, pour faire plaisir aux Américains afin de rendre cette menace plus vraisemblable, on a imaginé un tas de restrictions commerciales, ce qui a finalement plus pénalisé nos agriculteurs qu’atteint la Russie et profiter indirectement aux agriculteurs américains par une combine à la Trump, qui ne vend pas à la Russie, mais à des Républiques satellites, qui deviennent ainsi des pays de transit.
Aujourd’hui, il n’y a plus d’Armée rouge. L’armée russe campe à plus de deux mille kilomètres plus à l’est. Et son plus moderne contingent est stationné en Syrie où elle s’efforce de maintenir à damas, le régime de Bachar el-Assad.
Comme il fallait trouver un autre justificatif au cas où celui-là ne serait même plus un argument pour les gogos, l’OTAN s’est donné pour mission de servir de bras séculier à l’Organisation des Nations unies (ONU). Sauf que l’OTAN entend avoir une opinion sur les missions « humanitaires » et se réserve de droit de les interpréter. Autrement dit, si la mission n’est pas toute à des intérêts commerciaux américains (même pas européens), l’ONU pourra aller se faire voir, comme lors de l’intervention en Libye en 2011. L’OTAN n’est pas au service de l’ONU, elle se sert de l’ONU pour rendre légitime des opérations commerciales des USA.
La grande question d’une défense européenne est en suspens depuis vingt ans en raison de l’engagement de l’Europe à l’OTAN. Si l’Europe court à l’échec et se délégitime, le manque d’une défense militaire en est une des causes.
Charles Michel aura beau dire, si pour protéger son industrie l’Europe doit demander la protection de la plus grande nation industrielle au monde, il va de soi que son rôle essentiel sera d’accompagner le commerce américain dans une mission subalterne. Du reste on pense que la crise américaine de 2008/9 s’est propagée en Europe, justement par l'entière dépendance de celle-ci au système américain.
On en est au point de l’insolence américaine, à la veille des élections européennes, que l’OTAN serait apte à faire la guerre n’importe où sauf pour défendre l’Europe ! Les proaméricains comme les Michel et Di Rupo sont pour l’OTAN, contre une armée européenne, parce qu’une armée européenne ferait doublon avec l’OTAN !
C’est quand même dommage, qu’il n’y ait plus de journalistes en Belgique au service d’une presse indépendante ! Il y aurait tant de questions à poser aux gens de pouvoir…

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