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Trumpette de la renommée !...

Cette histoire de manipulation du rapport Mueller, ce procureur chargé de mettre au clair les agissements de Donald Trump, devrait faire réfléchir.
Avant la publication du rapport, Trump et ses agents propagandistes décriaient l’enquête et l’enquêteur, afin d’en contester l’effet qu’ils estimaient redoutable sur les partisans du milliardaire-président.
«Si le rapport n'est pas entièrement rendu public, cela portera un coup sérieux à notre démocratie», prévenait Jose Serrano, démocrate.
Aussitôt le rapport à la Maison Blanche, le ministre de la Justice rédige, en deux jours, un condensé de quatre pages, sur les 448 de l’enquête.
S’appuyant sur ce condensé l’équipe de Trump répand la nouvelle que Trump est blanchi de toutes les accusations portées contre lui.
Les journaux francophones s’en emparent et le Figaro en tête annonce à grands renforts de titres en corps gras que Trump est blanchi.
Voilà comment se raconte l’histoire en général et pourquoi les gens détestent la presse.
Il est bien question dans le texte intégral du rapport finalement rendu public, d’ingérence russe, de possibles entraves à la justice, congédiement du directeur du FBI James Comey, démission du conseiller Michael Flynn, attitude « réceptive » de l'équipe Trump devant l'aide offerte par Moscou, nomination de Robert Mueller, collaborateurs récalcitrants à obéir à certains ordres.
La première partie du rapport est consacrée à une éventuelle collusion entre l'équipe de campagne de Trump et la Russie, la seconde aux tentatives éventuelles d'entrave à l'enquête Mueller par le président des Etats-Unis, Donald Trump.
Entre le condensé du ministre de la justice et le rapport, malheureusement incomplet du rapport Mueller expurgé des données, des faits et des personnes, soit environ quarante pages, le monde entier a eu droit à un récital complet de ce qui se fait de mieux en matière d’enfumage : séduction démagogique, manipulation des faits, et enfin amalgame affectif du genre « Le président protège vos intérêts, voilà pourquoi les adversaires de la justice et du peuple américain le pourchassent, etc. ».
Le fait que Mueller à la fin de son rapport n’a pas déposé plainte, contre le président des États-Unis, a été interprété en faveur de l’innocence de Trump, alors qu’il ne pouvait pas le faire selon la loi. L’impeachmen est du ressort du parlement.
Alors, to impeach or not to impeach? Les démocrates américains hésitent à deux années du renouvellement du mandat de Trump. Le sénat est dans les mains des républicains. Ce sont eux qui ont la décision finale en leur possession ! Les risques politiques d’une procédure de destitution pour entrave à la justice, prouvés par le rapport de Robert Mueller, sont tels que les avis divergent et que les démocrates sont divisés.

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“Peut-être que nous irons jusque-là, peut-être pas”, a dit le président de la commission judiciaire, qui serait chargée de lancer les hostilités, Jerry Nadler. D’abord, il faut ”évaluer toutes les preuves”. (NBC.)
“Il est certain qu’une destitution échouerait si le parti républicain continuait à faire passer le parti avant le pays et à soutenir le président quels que soient ses manquements éthiques et sa malhonnêteté”, a reconnu Adam Schiff. (Huffington post)
De nombreux démocrates pensent que la bataille serait perdue à l’avance.
Évidemment, l’intéressé rue dans les brancards. Il s’est fendu d’un tweet, sa grande spécialité, dans la nuit de dimanche au lundi 22 avril, pour accuser les démocrates d’être les seuls coupables dans cette affaire. “Comment destituer un président républicain pour un crime qui a été commis par les démocrates?”, s’est-il écrié.
À ce jour, la sénatrice Elizabeth Warren, candidate aux primaires présidentielles, est la principale figure démocrate à avoir appelé au lancement de cette procédure, mais elle est isolée. Un seul des 17 autres candidats, Julian Castro, l’a aussi fait.
Que va-t-on faire du rapport Mueller ? Élaboré par 2.800 requêtes judiciaires de documents, plus de 500 mandats de perquisition et environ 500 témoins interrogés, dont de nombreux membres de l’entourage du président (Donald Trump n’a répondu aux questions des enquêteurs que par écrit), ce serait dans tout autre pays une arme absolue.
L’Europe mouille son slip de bonheur quand on parle de la démocratie aux USA, or, à tout prendre, la Hongrie de Viktor Orban est un pays plus démocrate, par comparaison.
Ce qu’il faut retenir, c’est la manipulation des faits par le pouvoir et la malhonnêteté de l’administration Trump, la complaisance de nos journaux et la parfaite vassalité des Européens au système dollar.

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