« La tentation du rien. | Accueil | Trumpette de la renommée !... »

Capicraputalisme contre insurrection.

La persistance des manifestations du samedi en France, en dit long sur le ressenti d’une classe sociale – la plus importante en nombre – qui se voit délestée de ses droits et acculée au désespoir par les détenteurs du pouvoir économique et politique.
Arrestations arbitraires, usage de la force policière intempestive, divorce entre le peuple et la police à cause des agissements de Castaner et du président de la République qui en ont fait une force politique, tout indique qu’on n’est pas loin d’un point de rupture au-delà duquel les adversaires ne peuvent plus se parler.
Autour du noyau dur du pouvoir : le président et les grandes fortunes de France, s’agglomèrent les médias, les classes privilégiées et leurs mercenaires dont le corps de police et de gendarmerie, comme jadis les gardes suisses autour de Louis XVI.
Cette dérive dénoncée par les corps intermédiaires, les avocats et maintenant l’Ordre des médecins depuis le flicage des blessés par les forces de l’ordre opérés dans les hôpitaux, prend tout à fait le chemin d’une insurrection qui pourrait embraser l’Europe et susciter la dérive de l’Union Européenne, obstinée à ne pas voir le problème social sur le continent.
L’impossibilité des partis politiques au pouvoir de remettre en question le système économique libéral est à la base des motifs qui agrègent les citoyens dans une révolte qui, passive pendant tant d’années, devient active à force de n’être pas prise en considération.
Cette grave erreur va se payer. La France est devenue une cocotte-minute qui va faire des dégâts en Europe.

1jhmac2ron.jpg

L’économie, cause première, parlons-en.
Quelle erreur habite donc le cerveau des économistes, pour cautionner le système sur l’obligation de croissance continue et obligatoire, sans se soucier des hommes et du milieu !
Des crises économiques engendrent automatiquement des crises sociales, aggravent les inégalités, et comble de tout, semblent indispensables au bon fonctionnement de cette machine folle !
On privilégie un système dont on est certain qu’il laissera de façon cyclique des catastrophes écologiques majeures.
Sait-on au moins parmi les propagandistes et les officiels de cette folie qu’outre la réduction de la protection sociale, il anéantit les capacités intellectuelles, affectives et esthétiques des individus. C’est-à-dire qu’il rend « bête et méchant » !
La rentabilité est le maître mot du capitalisme. Ce seul désir concrétisé parfois et toujours espéré est l’outil faisant office de rouleau compresseur, ne respectant rien, ni principe supérieur, ni éthique, ni écologique, ni humanitaire. L’impératif de profit n’a d’autre but que lui-même. Le don de 200 millions d’euros par deux ou trois familles riches en France, pour la reconstruction du toit de Notre Dame de Paris, est une insulte à la pauvreté. Dans l’esprit de ces gens, des briques valent mieux que des hommes.
Posséder beaucoup rend dingue. Sous cet angle, l’économie libérale fait preuve d’un aspect nihiliste dont les conséquences ne sont pas seulement le chômage et la précarisation du travail, les inégalités sociales et les drames humains, mais aussi la disparition des formes harmonieuses de la vie et une perte d’aménité.
Le système apparaît incompatible avec l’harmonie du bien vivre et du bien aimer. Tout dans sa vision productiviste est condamnable. Le libéralisme ruine ce qui pourrait faire le charme de la vie sociale et ne le fait pas pour cause de compétitivité entre les individus. L’accaparement des biens, signe de montée sociale, est son côté le plus absurde et le plus dégradant, en ce qu’il est une consécration de l’esprit « malin » et la première ségrégation avant le racisme.
Sa nuisibilité est visible jusque dans les modèles des centres commerciaux des centres villes. L’industrie crée de la camelote kitsch et promeut le jetable, l’interchangeables, insignifiants symboles d’une société de consommation de plus en plus vaine et absurde.
Les médias vendent des programmes dominés par la bêtise, la vulgarité, le sexe, la violence, en compétition d’affrontement avec l’intellect de chacun de nous qui s’en trouve atteint et déformé.
De ce désordre du capitalisme habilement confondu par ses thuriféraires comme le sommet de la liberté, naissent des mégapoles chaotiques et asphyxiantes, mettant en danger l’écosystème, affadissant les sensations, condamnant les êtres à vivre en troupeaux standardisés.
Si ce système persévère, les générations futures vont vivre le cauchemar des habitants de l’île de Pâques qui, dit-on, se sont entretués après avoir déboisé l’île et partagé les dernières ressources à coups de flèches et de lances. Dans le roman « Le Dessous » (1904) de la géniale et pourtant très oubliée Rachilde (1860-1953), on peut y lire notre destin d’ici vingt ans (1). On le savait que cela allait très mal tourner, dès la « belle » époque !
C’est vraisemblablement la fin de ce système avec la fin de notre civilisation, si bien que l’insurrection pourrait apparaître bientôt comme un devoir plutôt que comme un crime.
----
1. Il faut crever de faim en respirant toutes les malpropretés des gens repus qui vomissent leur fortune à gueule canalisée. (« Le dessous » page 82)

Poster un commentaire