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Cordon sanitaire ou ombilical ?

Ah ! le con, Charles Job-Michel a plongé la Belgique traditionaliste, bourgeoise et libérale dans l’embarras. Il a fait croire à ces mentors de l’économie qu’en mettant la N-VA du bon côté du cordon sanitaire, dans un gouvernement inédit, sans majorité wallonne, il allait entraîner les nationalistes flamands dans une société ultralibérale chic et choc, qui plairait à leur électorat.
Et de fait, pour y parvenir, il a tout misé sur la N-VA en pratiquant une politique d’austérité, coercitive pour les chômeurs et les pensionnés. En même temps, il a fermé les yeux sur les incartades de Théo Francken, secrétaire d’État à l’immigration.
On voit le résultat. L’électorat flamand n’a pas suivi. L’eldorado promis pour les classes moyennes s’est révélé un mirage.
Le prix à payer était trop élevé : abandonner les rêves du confédéralisme.
En acceptant le deal, Bart De Wever a fait un mauvais calcul et Charles Job-Michel aussi par la même occasion. L’électorat nationaliste flamand s’est tourné vers le Vlaams Belang et a voté massivement pour lui.
Soit dit en passant, les électeurs de la N-VA qui ont voté Vlaams Belang étaient bel et bien des nationalistes flamingants, si bien que ce parti loin d’être devenu un parti démocrate compatible avec le centrisme bourgeois, était resté un parti infréquentable.
L’erreur de Charles Job-Michel tient aussi dans l’échec de ses réformes. De celles-ci nous n’avons vu que les augmentations de la TVA, notamment sur l’électricité, le saut d’index et les mesures contre les chômeurs, un vrai désastre pour les pauvres.
En sortant prématurément du gouvernement, De Wever a empêché involontairement que Bacquelaine sévisse dans le domaine des pensions. On l’a échappé belle !
Non seulement la N-VA a perdu son pari sur les réformes de l’État, mais en outre, à cause de sa participation au gouvernement, il a découragé l’électorat flamand qui espérait le confédéralisme, retardé de cinq ans, ce dont le Vlaams Belang a largement profité.
Ainsi, Charles Michel, à cause de sa seule ambition, met le pays dans de beaux draps. La N-VA n’a qu’une seule chance de reconquérir son électorat, c’est de ne plus entrer dans un gouvernement conçu pour chouchouter le système économique dans une tentative de centre extrême, façon Merkel.
Où cette bêtise de Charles Job-Michel devient explosive, c’est qu’à présent, il se pourrait que la N-VA et le Vlaams Belang soient majoritaires en Flandre, en mesure d’enclencher le processus de confédération. L’un entraînant l’autre dans une surenchère due à l’ivresse du pouvoir.
Si cette perspective est celle qu’adopteraient les deux partis nationalistes, il ne resterait plus qu’aux autres partis du centre d’oublier le principe du cordon sanitaire et d’accueillir le Vlaams Belang en qualité de parti « compatible » avec la vision que le centre en a, à condition d’oublier le confédéralisme tant redouté par le roi, les milieux d’affaires et les parlementaires régionaux wallons.
Pourquoi pas, après tout. Tout le monde sait que le cordon sanitaire n’a jamais servi qu’à faire peur aux électeurs afin qu’ils poursuivent le vote au centre, PS, MR, CDH.

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Quand on pense que malgré ses conneries Charles Job-Michel a encore des électeurs, c’est à se demander si ceux-ci ne sont pas un peu fêlés du bocal.
Il faudra que nous nous en fassions une raison : la Belgique est un pays d’extrémistes, il se compose de l’extrême droite, de l’extrême centre et de l’extrême gauche !
Bien entendu l’extrême centre et l’extrême droite sont rassurants, ils sont majoritaires à poursuivre l’aventure capitaliste, malgré l’absurdité de leurs objectifs de croissance imbécile.
On peut très bien diriger un pays avec des formules anciennes dans l’illusion de croire qu’il pourra au moins durer, jusqu’à refiler la patate chaude à la génération suivante.
On a tellement tiré sur le cordon sanitaire, qu’il est tombé dans la fosse d’aisance. Que Charles Job-Michel ait pu faire passer la N-VA du bon côté, il ne reste plus guère d’effets de rhétorique, pour convaincre l’opinion qu’il faut intégrer aussi le Vlaams Belang du bon côté. Les deux font la paire ! Un nouveau contrat de Charles Job-Michel, se négocierait alors, pour une nouvelle entreprise, sans doute la dernière, avant que l’extrême droite ne se débarrasse de l’extrême centre… et de la Wallonie par la même occasion !

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