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Un fédéconfédé... ralisme, trouvaille belge

Les Flamands osent aborder des sujets que les Wallons n’abordent pas en raison de la grande complaisance des médias francophones pour l’orthodoxie libérale.
C’est ainsi que la proximité du concours de l’Eurovision qui doit avoir lieu cette année en Israël a provoqué chez nos voisins de nombreuses interrogations. Il y a de fortes chances pour que vous n’en ayez jamais eu connaissance.
D’abord, que je sache Israël ne fait pas partie de l’Europe. Ensuite, ce régime tant vanté par les thuriféraires n’est pas démocratiques sur bien des points et notamment à propos de la population musulmane que l’on n’a pas pu expulser du territoire et qui est discriminée, et enfin du sort réservé à Gaza, vaste prison à ciel ouvert, comme du grignotage en-dehors des frontières reconnues de ce pays par des annexions franches, comme une partie du plateau du Golan et celles, plus sournoises, des implantations dites de « colonie ».
On peut redéfinir la position frileuse des médias francophones par la crainte de se faire traîner devant les tribunaux par les Ligues pro-israéliennes pour un mot de travers sous l’accusation d’antisémitisme, mais aussi des préférences mal définies sinon par des affinités d’une bourgeoisie à l’autre, dans les sphères supérieures de la société, comme c’est le cas pour tout milieu dégageant du cash et notamment américain.
Autre frilosité mais, comme la précédente, tout aussi peu perceptible en Wallonie, l’éternelle question linguistique, par contrainte des lois liberticides de se plier aux ukases de la frontière linguistique. Là, on quitte Israël, un pays qui se gonfle des dépouilles de ses voisins, pour entrer dans le drame belgo-belge de deux cultures tellement différentes qu’elles s’excluent l’une, l’autre, la francophone avec la supériorité subjective de la langue et l’autre par la supériorité numérique et la passivité bon-enfant des Flamands davantage convaincus du système libéral.
Ce qui donne des perspectives disparates d’une Région à l’autre, très aisément détectables. Le taux de chômage par exemple explique de manière dramatique la situation binaire de la Belgique, traversée par une autre frontière, celle-là historique de l’Europe latine par delà de laquelle commence l’Europe germanique.
Inutile d’aller chercher plus loin le principal levain de discorde.
La presse flamande, même pas la nationaliste qui enfonce le clou depuis vingt ans, non, celle qui a des rapports étroits avec le monde bourgeois libéral, cette presse-là ne diffère que sur un point avec la presse francophone : si, dans cinq ans, les entités fédérées sont financées à hauteur de ce que rapporte l’impôt sur les personnes physiques, Bruxelles et la Wallonie seront en un bien mauvais état. L’égoïsme à la fois libéral et germanique poussera la Flandre vers un confédéralisme définitif, qui s’appelle le séparatisme.
Quel est le véritable intérêt de la Flandre, au-delà de ce que coûte aux contribuables flamands le maintien de la solidarité entre les Régions ?

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« En termes de chômage, Bruxelles fait partie des plus mauvais élèves d’Europe, derrière des pays comme la Bulgarie. Notre capitale se situe au niveau désastreux de la Grèce et du sud de l’Italie, en plein désarroi économique. Au cas où quelqu’un, en pleine crise d’hallucination, le proposerait : non, la Flandre ne peut pas abandonner Bruxelles à son sort. Ne serait-ce que pour la richesse produite par la ville-région. » (Daardaar magazine)
La régionalisation quasiment aboutie aux trois-quarts est-ce vraiment l’intérêt flamand de la poursuivre, étant entendu que Bruxelles, Région centrale, reste aux yeux des Flamands leur capitale ?
Plus les Régions acquerront de compétences, moins le fédéral aura les moyens d’intervenir pour tenter un rééquilibrage. Les Flamands voient le malaise wallon profond. Mais, c’est par le petit bout de la lorgnette, car ils ne le voient que dans des perspectives économiques classiques, en un mot capitaliste. Leur échappe, le malaise profondément social. Les Wallons auraient-ils une sensibilité différente qui les rendrait plus sensibles aux inégalités et aux mépris que le système économique attache aux communautés, pour ne voir que l’individu ?
La Flandre a-t-elle raison de croire à des réussites économiques meilleures grâce à des atouts que la Wallonie et Bruxelles n’ont pas ?
Certains économistes ont à présent un autre langage. Selon eux, la Flandre n’est pas si prospère que Bart De Wever veut bien le dire.
Après les élections, les Flamands lieront sans doute les transferts nord-sud à des objectifs contraignants. Le pouvoir des Régions le permet, enfin, quand c’est la Flandre qui passe outre les lois et qu’au fédéral, on ne moufte pas.
L’habillage des mots est une chose, la réalité une autre, on pourrait très bien avoir un état fédéral qui serait devenu confédéral, en faisant semblant de ne pas le savoir.

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