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Les Verts virent bleus ou rouges ?

Sans minimiser d’aucune manière dans le succès des Verts en Europe, il est quand même intéressant pour la gauche de connaître, outre les revendications pour le climat, l’attitude des Verts envers ceux qui souffrent des inégalités sociales et qui, au vu des dispositions égoïstes du libéralisme, seront ceux qui les premiers paieraient la facture écologique !
Autrement dit, peut-on faire des avancées écologiques, dans le cadre d’une économie de marché, sans défavoriser les classes les plus pauvres ?
J’avoue être assez sceptique. Mon avis vaut ce qu’il vaut, mais je crois l’écologie incompatible avec le modèle capitaliste de l’économie, comme tout autre modèle productiviste, du reste. Il s’agit de virer tout ce dont on a cru, pour faire du neuf.
Je pourrais développer les raisons de cette incompatibilité, mais ce serait dans une autre chronique. Le sujet de celle-ci reposant sur le succès d’un parti. Il reste, après la fête de ceux qui avaient parié dessus, de savoir ce qu’il y a dessous l’étiquette.
On a beau se rassurer quand on entend les écologistes se définir comme les partenaires d’une vraie gauche (entendez par là qui entend sortir de l’ambigüité social-démocrate), le discours triomphant de Yannick Jadot en France, même si celui des co-présidents belges est plus nuancé, aurait tendance à inquiéter le militant qui rêve d’un changement à son niveau de vie.
Première question à poser aux responsables écolos : les deux changements en simultanéité sont-ils compatibles ? Et si oui, comment écolo compte-t-il mener une bataille sur deux fronts, d’importances primordiales l’un et l’autre ?
On a glosé sur Écolo qui finalement s’en sort mieux que la droite et la gauche. En France, les Verts ont quand même mordu sur des partis comme la France Insoumise. En Belgique, le PTB est en progrès, mais aurait pu mieux faire, si écolo n’avait été cherché des voix ailleurs que dans les partis du centre.
La position des écologistes est délicate. Ils devraient convaincre l’électorat bourgeois de voter pour lui, c’es-à-dire plus à gauche qu’il ne le fait d’habitude. Or, s’il y a incompatibilité entre l’écologie et l’économie de marché, ce sera difficile de sortir le bourgeois de son confort social pour l’amener à la double solidarité des humains et de la planète !
D’où le danger que la partie BCBG de ce parti ne s’effarouche du militant prolo et le trahisse, ce qui a été vécu par le passé, pour fonder un concurrent. Ce qui resterait ne serait plus qu’un petit parti de gauche supplémentaire, dans une gauche déjà encombrée d’anciennes et de nouvelles chapelles, un reste des divisions du trotskysme et du marxisme, vieilles disputes de cent ans, sans solution pour l’union des gauches (1).

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Ce qui devrait nous alerter, c’est la vision parisienne des Verts d’un Yannick Jadot qui prend la grosse tête, en se faisant filmer en exclusivité avec sa compagne pour Paris-Match.
En tête des listes de gauche avec 13,47% des voix, en France, avec 14,5 % en Wallonie, juste devant le PTB, même si Écolo a toujours été boosté par l’Europe, en France il devrait entrer naturellement dans une gauche d’opposition. Ce ne sera probablement pas le cas pour la Belgique en Région wallonne, le PS pense l’associer au pouvoir avec, soit le MR, soit le CDH, canard boiteux et pattes cassées feront alors un drôle de couple avec écolo, qui sera du mauvais côté de la barrière, en tombant dans le pot-bouille de l’Europe “of special effects and treaties”.
Le secrétaire français d’EELV, David Cormand, soulève un problème qui pourrait être une pomme de discorde à gauche. Il a acquis la certitude que leurs idées ont vocation à occuper une place centrale dans le paysage politique recomposé qui s’annonce. “L’outil parti EELV doit se métamorphoser pour être à la hauteur de cet enjeu, pour imposer l’écologie politique et être en capacité de structurer, le moment venu, une majorité avec d’autres. »
Ce responsable, se dit très lucide, serein et surtout très humble. « On a bien conscience que les gens qui ont voté pour nous, ou qui pourraient le faire dans les années à venir, attendent de la clarté et de la constance. Leur vote n’est pas un blanc-seing, mais une exhortation à agir. On a reçu le message 5 sur 5. Nous prendrons nos responsabilités. »
Yannick Jadot vient de prendre les siennes et d’ici un mariage médiatique avec celle à qui il « doit tout », Isabelle Saporta de RTL-France, relayé dans les people et à grands coups de gyrophare, et une réunion avec « les autres partis de gauche » pour une entente qui « enfin » sortirait la gauche de son ghetto, il y a de la marge.
On pourrait demander à Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot ce qu’ils en pensent ? Cela nous éviterait de poser la même question en Belgique à d’autres partenaires « rêvés » d’Écolo.
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1. Je ne dirai jamais assez mon admiration pour Nathalie Artaud de Luttes ouvrières, héroïque militante d’une lignée qui compta Arlette Laguiller, qu’on n’oublie pas.

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