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Tempête à la France Insoumise.

Coup dur pour Mélenchon, ce n’est pas tant la fronde de Clémentine Autain que le départ d’une authentique fondatrice du mouvement de la France Insoumise, Charlotte Girard, veuve de l’ancien bras droit de Mélenchon, François Delapierre, qui prend tout son sens à la suite de la défaite aux élections européennes.
Malgré tout le talent qu’on lui connaît, Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas fait tout seul et c’est grâce à la qualité de ses amis politiques et de leur fidélité à l’idée d’une gauche radicale et se défendant des compromissions, que la France Insoumise connut un sommet d’engouement lors de l’élection présidentielle, qui vit le candidat Mélenchon finir quatrième (19,6%), derrière Fillon, troisième avec 19,94%.
Sur ce succès, la FI put constituer un groupe de dix-sept députés à l’Assemblée nationale, certains appartenant au Parti de gauche et au Parti communiste français.
Assez curieusement, le mouvement des Gilets jaunes qui aurait dû être favorable à la progression de la FI n’a jamais été une source réelle d’affiliations, quoique des députés, comme François Ruffin, soient populaires sur les ronds-points.
C’est en partie en raison de la volonté des GJ de rester apolitiques et de l’abstention de la gauche à chaque participation des élections européennes, que la liste FI de Manon Aubry connut un aussi faible score.
Depuis cette élection ratée, Jean-Luc Mélenchon reste muet sur les conséquences politiques à tirer. Selon ses propres termes, il attend que la poussière retombe.
Est-ce qu’une réflexion prolongée serait de nature à envisager de profonds bouleversements dans les structures de la FI, par exemple remettre en cause la verticalité des décisions dénoncées par les sortants du mouvement, voire même la démission de Jean-Luc Mélenchon de la présidence du groupe parlementaire jumelée à la présidence de la FI ?
Toujours est-il que cette absence de réaction entretient une fronde qui a déjà provoqué pas mal de remous dont la presse se délecte.

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À l’extrême gauche, tout repose sur le concept d’autorité, selon une tradition qui s’appuie sur les précédents partis marxistes. La rigidité de la ligne se comprend dans un réflexe de méfiance, devant les avatars d’un PS facilement dévoyé et propice à la compromission. La suite d’un PS abandonnant ses objectifs, dans une société laxiste, oubliant les plus démunis, agitant même le leurre de l’abondance pour demain, en se compromettant avec la droite, justifie sa quasi disparition en France et les débuts d’une descente aux enfers en Belgique. Tant qu’adhéreront à l’extrême gauche des citoyens non formés politiquement, la rejoignant plus par instinct de conservation que par l’exaltation de l’idée de justice dans une démocratie de classe, il sera nécessaire de garder un cap et un chef. Ce principe entre tout de suite en contradiction avec l’idée généreuse de la pluralité des décisions, desquelles devrait naître l’idéal commun, dans l’enthousiasme de la participation de tous.
Les démissionnaires a la FI sont pourtant suffisamment instruites de cette nécessité de structure de la gauche radicale, pour chercher la parade de la crise actuelle avec Mélenchon et quelques autres, plutôt que réclamer avec fracas des modifications de structure comme Autain, voire claquer la porte, comme Girard.
Cette querelle devrait rester interne. Elle porte un préjudice dont on ne mesure pas encore l’importance à la FI, d’autant que Mélenchon, leader historique, n’a encore rien dit.
N’eût-il pas été plus sage d’attendre qu’il se fût prononcé pour adapter un comportement de circonstance ?
L’avenir nous l’apprendra.
Je crois Mélenchon pugnace et qu’il ne démissionnera pas ; mais quelque mesure qu’il prenne à la suite de son intervention tant attendue ne pourra qu’accabler un mouvement qui avait ma sympathie et mon soutien.
Et à cette heure grave de la politique qui semble avoir déjà fait fondre la droite classique en partie dans le parti ambigu de Macron et dans celui de l’extrême droite de Marine Le Pen, avec un PS dispersé lui aussi aux quatre vents, il revenait à la FI de jouer un rôle majeur dans la lutte des classes qui reprend de plus belle et qui s’annonce sauvage.
Hélas ! par ses divisions, ce parti n’en prend pas le chemin.
La coordination des luttes a toujours été un objectif majeur, mais jamais atteint à l’extrême gauche.
Ce sera pour une autre fois…

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