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Du Reichstag aux Champs Élysées…

S’il y a des destins tragiques qu’aucun signe précurseur ne disposait à changer le cours de l’histoire, c’est bien celui du Hollandais Marinus van der Lubbe, condamné à mort en 1934 pour avoir mis le feu au bâtiment du parlement allemand à Berlin : le Reichstag.
Il était à moitié nu et dans un état confus, quand on le surprit dans le bâtiment en flamme. Spontanément, il déclara avoir agi de son propre chef.
Un pyromane avéré, sans doute, quant à être aussi efficace qu’il le fut avec une boîte d’allumette, c’est autre chose.
Ce n’est pas sur les faits politiques qui ont découlé de cet incendie que je veux vous mener. Qu’importe que Marinus ait ou non incendié le bâtiment ou que ce soit Hermann Goering qui en fit confidence à Nuremberg lors de son procès, ni même les terribles conséquences de cet incendie.
Pour Hitler, c’était une opportunité qu’il saisit au vol. Il se pourrait même que les nazis aient instrumentalisé le pyromane, l’aient poussé à l’intérieur des lieux et fourni les allumettes. Nous ne le saurons jamais. Le lendemain de l’incendie criminel le président du Reich, le maréchal Hindenburg accorda des pouvoirs illimités au chancelier, qui proclama aussitôt « l’état urgence pour la protection des personnes ». Ce règlement particulier est resté en vigueur jusqu’à la fin de la guerre. C’est grâce à l’incendie qu’Hitler est devenu plus rapidement le dictateur qui fit couler des torrents de sang en Europe.
Ce n’est pas de cela dont il s’agit aujourd’hui, mais du Van der Lubbe manipulé, simple d’esprit a-t-on dit, presque aveugle, conduit à son destin plus qu’il n’y ait été de lui-même, donc victime.
Les méthodes policières en démocratie, comme en dictature, ont d’étranges similitudes et la justice, toute indépendante soit-elle des pouvoirs politiques, ne fait pas dans la dentelle lorsqu’elle est saisie par des faits qui concernent « les gens de peu » comme on disait sous l’Ancien Régime.
Condamné seulement à huit années de prison lorsqu’on se mit à revoir son procès après la guerre, Van der Lubbe n’en était pas moins mort décapité depuis longtemps.
Peut-être bien que lors des samedis les plus chauds des Gilets Jaunes en France, lorsque la police raflait des paquets de gilets Jaunes au hasard des coups de filet, que l’imagination policière allait bon train dans les inculpations en série, voies de faits, rébellions, détentions d’armes (parfois un bâton, un tournevis ou une canne suffisent) il y avait un peu de la méthode de la Sturmabteilung d’Ernst Röhm qui renaissait dans cette police là.
Comme, il n’a pas manqué dans le gouvernement Philippe de profiter des incidents des samedis pour durcir les lois répressives, au point que l’état d’urgence, décidé lors des attentats islamistes, pourrait très bien être inscrit à demeure dans la loi sur le maintien de l’ordre.
Dans la foule saisie, parquée, mise en joue, mains levées en signe de reddition, il devait aussi s’y trouver quelques Van der Lubbe, égarés, perdus, à la stupeur du moment plongés dans leur névrose et leur combat personnel.
La suite dépend aussi d’un autre parallèle, celle de la Justice allemande qui prononça la peine de mort de Van der Lubbe, mais qui acquitta quatre chefs communistes que les nazis avaient embarqués de force dans l’aventure, complices imaginaires. Les juges allemands, malgré la pression du pouvoir, avaient laissé force au Droit.

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À voir les peines en cascades prononcées par des Juges en chemise de nuit, pressés eux-mêmes d’en finir, certes, avec beaucoup de sursis, mais des amendes lourdes pour qui proteste de sa pauvreté, on n’est pas loin de penser à une justice de classe !
On se dit que cette justice à la chaîne n’est pas une justice.
On en cherche le sens.
Avec Van der Lubbe, c’est facile. L’homme était le prétexte qui manquait pour atteindre rapidement au pouvoir absolu. Avec les Gilets jaunes, c’est tout bêtement l’instillation de la peur, peur des ennuis, peur qu’après le sursis, ce sera la prison ferme pour récidive, peur qu’on est tout juste dans ses comptes et que la justice peut mettre un terme, par les amendes infligées, à l’équilibre précaire des sous nécessaires au ménage.
Dans une société à priori démocratique, mais qui ne l’est pas tant que cela finalement, l’ignominie de la politique d’un Castaner supervisé par Emmanuel Macron saute aux yeux.
Il faut absolument que les pauvres restent chez eux et pour ce faire rien de mieux qu’une police qui tombe à bras raccourcis sur les citoyens, tout en préservant les bandes de casseurs qui justifient la répression générale. La suite est facile à déchiffrer. La police arrête surtout des gens qui n’ont fait que protester. Les débutants protestataires sont les plus fragiles et les plus faciles à repérer. Le pouvoir compte sur eux pour décourager tout le monde de remettre ça le samedi suivant, quelques coups de flash-Ball qui font mal, des brimades et des coups de pied au hasard, un peu de lacrymo et les voilà qui s’égaient comme des lapins. Le remède, six heures de garde à vue et comparution d’urgence…. Et les petits nouveaux viennent vous manger dans la main, pense le préfet.
Le pire, cette politique se pratique sous les yeux des journalistes de la grande presse qui ne mouftent mot ! C’est ce qu’Alain Duhamel appelle le pouvoir régalien de l’État, le seul à pouvoir légalement utiliser la force.
Il y a un peu de Röhm dans cette pratique policière !

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