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Vive la fausse (vraie) nouvelle !

Un test, bien sûr, de ce que pense la presse des soirées TV et des magazines politiques, la question « François de Rugy faisait-il un travail de représentation, alors qu’il était président de l'Assemblée nationale, en multipliant les dîners fastueux à l'Hôtel de Lassay entre 2017 et 2018, en compagnie de son épouse et leurs amis communs ? ».
Hier soir, il y avait devant les micros d’ « On refait le monde » de RTL France, Yves Thréard du Figaro, Xavier Couture, producteur de télévision, Carole Barjon, du Nouvel Obs et Olivier Ravaninot, Cristelle Rebière était au pupitre central.
Tous à peu près, sauf Carole Barjon plus nuancée, dénoncèrent l’inquisition de Mediapart et le lynchage sur les réseaux sociaux d’un ministre dans l’exercice de ses fonctions.
On discernait sans peine la haine sourde envers une nouvelle manière de faire voyager les nouvelles sur Facebook et ses dérivés. Comme si les fausses informations, les outrances et les écarts des fake-News étaient le seul produit des masses et des quelques médias trahissant « la cause », comme Mediapart, Canal Fi ou encore Ganesh !
Et quand bien même cela serait ? Voilà qui nous guérit au moins d’une autre manière de faire de la fausse/vraie information en oubliant que les sources sont plurielles et pas seulement gouvernementales et bien séantes d’un bourgeoisisme affligeant.
Qu’on se le dise, Thréard et les autres sont pour les fastes et les joyeusetés de la république et qu’importe si c’est pour accueillir les amis de madame de Rugy, par ailleurs chroniqueuse à Gala. Le ministre de l’écologie l’a dit pour sa défense « c’était aussi pour ne pas être coupé des gens »… et inviter des amis semblait être la bonne manière.
Ce soir, changement de décors chez Caroline Roux, dans « C dans l’air », devant le tollé général, on est plus nuancé. Bruno Jeudi est moins certain que de Rugy puisse s’en sortir, malgré l’appui de Macron.
On patauge depuis trop longtemps dans la bien-pensance et la pensée unique.
Ces gens ont horreur ce qui se dit en bas, pour eux, des ramassis de bêtises, d’envies secrètes et d’inventions sur de fausses nouvelles.
Rien ne vaut le professionnel blanchi sous le harnais et les servitudes dues aux patrons, tous de droite, auxquels il faut plaire avant tout.
Eh ! bien soit, vive la fausse (vraie) nouvelle, puisque de Rugy a dû s’expliquer sur les fastes de l’Hôtel de Lassay, dont il fut le locataire quand il était le président de l’assemblée nationale et que sa démission a été un moment envisagée par Macron.
Le journaliste bien-pensant se voit drapé d’une autorité morale qui lui fait obligation de prester partout des piges en radio-télé afin de rétablir l’officielle vérité, oubliant que le métier était jadis celui d’établir des dossiers à charge et à décharge, comme un procureur de justice consciencieux. À défaut de quoi, les avis porteront le sceau de l’infamant conformisme d’intérêt politique.
Ils ont beau s’en défendre, comme Aphatie qui le fait régulièrement sur Europe 1, qui dit politique dit positionnement idéologique. Le moins est qu’ils ne sont pas étiquetés Gilet Jaune !
Les journalistes des grands médias sont tous sans exception dans un consensus conservateur. Le modèle absolu est néolibéral. Ils s’inscrivent dans une aversion partagée envers tout ce qui paraît être un raisonnement marxiste, cette philosophie étant considérée comme l’horreur absolue, anti démocratique rigide et sectaire.

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De leur profession, ils honnissent ceux que n’effraient pas le discours de Mélenchon, le dernier livre de Bégaudeau et une position polémique d’Onfray. Tout ce qui approche le métissage culturel est black-listé.
Ces messieurs de la jactance labellisée par le pouvoir ne sont pas loin de penser qu’ils sont les seuls à gros cerveaux et que penser est l’attribut de l’oisif qui est bien au-dessus de la comprenette du prolétaire qui, accablé de tâches quotidiennes, n’a pas le temps de réfléchir !
L’activité des privilégiés du système n’est-elle pas de penser pour nous ? Leur onction n’est-elle pas baignée dans la reconnaissance académique des diplômes ?
On jurerait, à certains brefs instants de remord, qu’ils lavent leur mauvaise conscience, pour tout autant que cela leur soit nécessaire, dans des idées généreuses dont ils savent pertinemment qu’elles ne seront jamais appliquées, surtout par les gens de pouvoir qu’ils fréquentent !

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