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Démocratie ou dictature ?

Je soutiens que la démocratie peut parfois être pire que la dictature dans ses conséquences sur le citoyen.
Le système électoral y est pour beaucoup.
Les Français ont élu Macron par défaut, par détestation de Marine le Pen.
Malgré cela Macron n’a jamais eu au départ un large courant majoritaire, ni même majoritaire du tout ! Dans la confrontation des partis, le sien a eu à son apogée un peu moins du quart des voix exprimées, dans l’ensemble du corps électoral abstention comprise, il frôle à peine les 20 %. Dans la dernière étape face à Marine Le Pen, il a obtenu une majorité d’entre deux choix, ce qui signifie, être à cinquante plus un mais de quoi ? Pas de l’ensemble du corps électoral, mais de la partie « militante » de Marine Le Pen et lui.
Dans tous les cas de figure, la démocratie est donc une manière de gouverner avec une minorité, mais majoritaire par la magie du système.
Ce qui est grave, c’est de voir comment cette minorité agissante accapare le pouvoir et dans le cas Macron, malgré une écrasante majorité de citoyens contre le projet de retraite par points, le pouvoir d’une minorité, lui donne la légitimité afin de venir au bout de son projet, envers et contre tous.
Chirac, dans les mêmes conditions, a fait machine arrière. Apparemment, celui-ci s’est juré d’aller au terme de sa réforme.
En réalité, la dictature a aussi une base. Ce pouvoir gouverne contre les mécontents en passant en force. Le rituel d’un vote tous les quatre ou cinq ans est sauté, quoique certaines dictatures ont aussi des élections, même si le choix de l’acteur principal n’est jamais remis en question.
La différence pourrait être dans le consensus, mais elle est tout à fait aléatoire, puisque l’un ou l’autre de ces régimes n’a pas la moitié de l’ensemble de ceux qui ont l’âge de voter (1). Quand un projet est controversé en démocratie, comme en dictature, le pouvoir envoie la police régler la question dans la rue à coup de grenades lacrymogènes, des flash-Ball et des camions à eau. La différence n’est même pas dans les arrestations arbitraires, puisque c’est par centaine que la nasse du préfet Lallement ramenait du Gilet jaune, ni dans les bavures policières tellement nombreuses dans cette curieuse démocratie à la française, qu’après un an et deux mois d’exactions et d’abus de pouvoir, la police française vient seulement de se faire taper sur les doigts. Les journalistes se sont aperçus qu’en effet, les copains des commissariats qui les rancardaient souvent moyennant rétribution, avaient quand même pousser le bouchon un peu loin. Mais s’empressent-ils tous d’ajouter, personnels politiques et journalistes, c’est une infime minorité et d’entonner le couplet des brebis galeuses.
Après, la différence est parfois énorme. En dictature, des prévenus disparaissent, volatilisés !

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En démocratie, après l’arrestation arbitraire et parfois un passage à tabac, histoire de se défouler, le manifestant sort avec des bleus et une forte amende. Mais ce n’est pas toujours le même scénario et on a vu qu’en démocratie, on pouvait aussi disparaître (affaire ben Barka).
Question dessous de table et pots de vin divers, c’est au plus malin qui se sert dans les deux systèmes. S’il est rare, sinon impossible de rencontrer une dictature intègre, en démocratie, tout le monde en est convaincu, les affaires louches avec des sommes d’argent énormes derrière, est aussi monnaie courante. C’est souvent du gratiné. Fillon et Sarkozy sont dans l’agenda judiciaire, ces moment-ci.
Du côté de l’instrumentalisation de la justice en démocratie, madame Belloubet, garde des sceaux s’est fait plaisir en déchaînant des perquisitions en série à la France Insoumise sur de vagues soupçons d’une militante du Rassemblement National, qui s’était rétractée depuis. Alors que des soupçons sérieux pèsent sur les comptes de campagne de Macron et que l’affaire paraît être enterrée. De même, l’affaire Benalla implique des protections de l’Élysée.
La filouterie du pouvoir tient dans la déclaration de Castaner sur le nombre d’habitants des villes (9.000) pour faire le pourcentage des partis après les élections de mars prochain, au lieu des 2.000 antérieurs.
Bref, tout cela n’est pas très propre et raccourci la distance qui sépare Macron d’une dictature. La difficulté, c’est de définir la dictature, son genre, ses moyens de répression, l’attitude du dictateur. Avec une démocratie, c’est de trouver une règle universelle pour différencier une démocratie d’une oligarchie, ce qui n’est plus déjà de la démocratie.
Macron est sur le chemin de la dictature, s’il n’y est déjà. Après la critique du Conseil d’état sur sa réforme des retraites, n’importe quel démocrate la retirerait et d’autres plus pointilleux encore sur l’honneur, démissionneraient. On peut être certain que Macron ne fera ni l’un ni l’autre.
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1. Certaines dictatures ont débuté, tout au contraire, avec un large consensus des populations.

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