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La facture !

On n’est même pas encore sorti d’affaire, que la question de « qui va payer la facture » vient sur le tapis !
Avant le Covid19, il n’y avait pas de salaire décent pour ceux qui n’arrivent plus à faire vivre correctement leur famille, pas d’argent pour les vieux et les malades, aucun fonds pour nourrir les enfants dans de bonnes conditions aux cantines scolaires et pas de moyen pour rehausser le prestige par le salaire amélioré des instits. On passe sur les sommes qu’on a trouvées pour payer six ministres de la santé, qu’il ne faut pas moins à ce pays, pour devenir le champion du monde au nombre de morts du Covid !
Le grand cri de l’Europe à la Belgique et des socialistes aux libéraux, tous d’une seule voix : l’austérité est nécessaire ! La nécessité de se prémunir fait baisser les volets des commerces, arrête les chaînes de montage, les cheminées ne fument plus et même les gens désertent les rues qui ressemblent à une scène du film « Le survivant ».
Alors, ô étonnement, l’argent qui n’existait pas, revient à flot. Les milliards s’épandent comme l’engrais dans les coffres-forts grands ouverts des industries et des banques et on nous explique qu’à défaut de ce geste, tout ne serait que misère, faillite et désolation. Sauf que le chômage grossit les rangs et que la seule gracieuseté que l’on fait à de nouveaux pauvres, c’est de ne pas serrer la vis aussi fortement que les sybarites Di Rupo et Charles Michel l’avaient projeté !
Une question légitime traverse les esprits. Mais cet argent qu’on n’avait pas, d’où vient-il ? Réponse, il vient de nouveaux et importants emprunts que l’État a obtenus grâce à la bonne cote de la Belgique dans les agences de notation.
Oui, mais alors, qui va rembourser ?
Di Rupo la semaine dernière en sa qualité de grand chef de la Région a déjà répondu à la question. Nous allons être obligés, a déclaré ce grand homme, de travailler encore plus dur pour sortir de la crise. Il n’a pas dit à quel salaire, il le laisse deviner. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il a dit « nous ». Mais, c’était une métaphore.
Vous aurez compris, l’argent donner par brassées aux entreprises, c’est nous qui allons le retirer de nos maigres ressources pour honorer la dette de l’État. Vous avez deviné le système, les bénefs pour eux et les pertes pour nous.

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La situation des gens, ça n’a jamais beaucoup intéressé les gouvernements. Ils ont l’argent magique sélectif. Ils sortent les milliards pour « sauver les entreprises »… pas les pouilleux. En logique keynésienne, la baisse du revenu se convertit aussitôt en contractions des dépenses des ménages, resserrées sur le strictement indispensable à l’exclusion de tout le reste, donc, par totalisation macroéconomique, en un effondrement cumulatif de la demande qui précipite l’économie entière aux tréfonds – les recettes fiscales suivent.
Ce qui laisse le choix entre le surplus d’endettement des transferts de charge et le surplus d’endettement entraîné par l’erreur de politique économique. À ceci près que l’un sauve les gens et l’autre les laisse crever. Le pire étant qu’aucun ne poserait de problème insoluble pourvu qu’ils soient directement financés par des relais de la banque centrale au Trésor, pour finir en dettes monétisées-annulées. Il est vrai que nous avons l’euro… donc ils en poseront.
Et s’il n’y avait pas eu le virus, tout irait bien ?
Pour les autorités, tout allait bien avant ! Les pauvres étaient pauvres et les riches étaient riches. Les perspectives étaient réjouissantes, les riches allaient devenir plus riches et les pauvres plus pauvres ! Mais dans la joie et la bonne humeur, puisque les partis traditionnels, à peu de chose près, étaient sollicités par les électeurs pour continuer le service à la Nation. Les Flamands de droite, donc de bon sens, n’avaient qu’un défaut bien connu des riches, approuvé par les banques, mais désapprouvé sur la place publique : garder leur prospérité pour eux, ne la partager en aucun cas avec des fainéants, dont ils usent des services à Bruxelles et frottent leurs chaussures sur les tentures des lieux de vacances en Ardenne. Wilmès a bien retenu la leçon de Charles, il n’y a pas de « crise économique », il n’y a que les conséquences économiques de la « vraie » crise : la crise épidémique. Tout est de la faute du virus ! Tout allait bien avant !
Non, tout allait mal, tellement que voilà un an qu’on prédit ce qui se passe aujourd’hui !
Même les épidémiologistes ne font pas de l’épidémie un fait isolé. Ils vont chercher la cause, non dans la faute à pas de chance, mais dans le saccage de la nature, le chamboulement des partages d’habitats entre humains et animaux et le champ libre ouvert à toutes les zoonoses. Seul le détour inhabituel par le virus empêche de voir que nous avons affaire à une crise interne au capitalisme — donc au sens propre du terme : à une crise du capitalisme.

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