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On cause, on n’sait faire que ça !...

Michel Houellebecq vient d’écrire une lettre aux français. Je n’aime pas Houellebecq. Flaubertien, j’estime que ses livres sont mal écrits. Sur le fond, un univers dicté par la platitude et l’empirisme incite trop à la mélancolie des gens, déjà suffisamment nécrosés. Assez curieusement, j’ai lu tous ses livres. Allez comprendre !
Il vient d’adresser une lettre aux Français que j’aurais écrite, mot pour mot, et dans les grands traits de laquelle je me reconnais. Il y a près d’un mois, j’en rédigeai une semblable, dans une réponse à une utilisatrice de Facebook.
« Je ne crois pas aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant », écrit Michel Houellebecq, en réponse aux exaltés par deux mois de confinement. Il a raison.
La lutte contre l’écocide capitaliste avait contre elle d’être abstraite avant le Covid-19. Certes nous commencions à venir peu à peu à l’idée que nous allons finir grillés, asphyxiés, submergés, mais nous croyions que ça n’était pas pour tout de suite.
L’épidémie, telle qu’elle est en train de se préciser, change sensiblement le calendrier : « ça » pourrait venir plus vite que prévu. On a un avant-goût avec le Covid. À l’évidence, on n’a pas fini d’en baver. Nous aurons droit aux mutations, on les prédit. Cela nous donne surtout la conviction que les transmissions d’un virus d’une chauve-souris à un pangolin, ce n’est pas fini. On verra d’autres mixages, encore plus insolites, pourquoi pas d’un poisson avec un héron ? Et comme les Chinois sur leurs marchés mangent tout ce qui bouge… Des ravages nous en connaîtrons de plus moches. À un écologiste qui prédit le pire à moins que nous ne changions nos modes de vie, que nous subirons des monstres autrement plus terribles que ce coronavirus, que lui répondons-nous ? Le déconfinement de Sophie Wilmès… au nom de l’apathie qui nous saisit quand on quitte un pseudo confort, pour une pseudo-aventure révolutionnaire.

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En un mot Houellebecq ne croit plus au genre humain et moi de moins en moins.
Comment expliquer que les infâmes qui nous dirigent sont toujours là ? Où trouver une raison dans l’appui de la presse à ce qu’il se passe dans la cession de la démocratie au commerce et à l’industrie, eux-mêmes à la merci de la haute banque et des trusts ?
Ce rend-on compte en Belgique que nos vrais interlocuteurs ne font pas partie du gouvernement, que c’est du dehors qu’ils commandent !
Et qu’enfin, si ce gouvernement paie un jour pour ses forfaits, ce ne serait jamais que des comparses qui iraient en prison accomplir une peine à la place d’autres, planqués et inaccessibles ! Pourtant, ce ne serait pas difficile de les débusquer, mais la volonté n’y est pas. On clame notre douleur, c’est tout.
À mesure que les connexions apparaissent, le Covid fait figure de répétition générale. Certes, certaines gazettes, notamment « La Libre », craquent et dénoncent un nouveau « crime » mais on ne lit jamais rien sur ce qu’il faudrait faire. Les gazettes apportent des faits, sans en tirer aucune conclusion. Le public fait de même. On incendie le gouvernement, puis on court chercher un extincteur, parce qu’on n’a que ce gouvernement là.
Un esprit doué de logique entendrait d’abord « capitalisme » dans « nos modes de vie », quand il aurait à choisir entre « les changer », donc « en sortir », ou bien nous préparer à des monstres violents, conclurait normalement que l’alternative offre trois possibilités : 1. devenir anticapitaliste par raison, 2. demeurer entièrement con, 3. Se considérer déjà comme mort.
Même pas !... L’hostilité s’arrête aux hommes en dénonçant ce qu’ils font. Personne n’y voit une logique contraire à notre logique. On ne se pose même pas la question de savoir pourquoi ils agissent contre nos propres intérêts.
Le temps approche où l’anticapitalisme ne sera plus une option. La nature est en train de nous offrir une occasion à « moindres » frais de nous en rendre compte. Nous aurions grand intérêt à la saisir. Et pourtant… Sous couleur de « démondialisation », on réinstallera les productions essentielles destinées à nous épargner à l’avenir les humiliations présentes, et à rendre autonome un régime de production continue sous épidémie chronique. Et ce sera bien tout.
On n’aura même pas à reculer l’échéance suivante. Tiens, à tout prendre et quoique n’aimant pas le sang, on aurait tout aussi bien fait de les pendre tous, même sans remplaçant (les suivants auraient fait pareil, dans 75 % des cas), mais au moins ils auraient fait gaffe, ce que ceux-ci ne font pas, assurés de l’impunité et de votre accord par démission.

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