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Encore fichu !

À la démission des sparring-partners Magnette-De Wever, le roi doit en principe remonter sur le ring pour chercher d’autres guignols. On s’attendait aux explications des plus farfelues de la part de l’opposition du tandem Carolo-Anversois. Le pompon revient à l’Open-Vld. Son président, Egbert Lachaert, a déclaré qu’on ne devait pas agir dans la précipitation !
Sans blague, voilà un an et demi presque que l’on hésite !
On ne va pas chipoter sur les quinze milliards en plus, d’autant pour une fois que les deux étaient d’accord ! Pour le MR et l’Open « on ne pouvait pas laisser ça à nos enfants ». Les libéraux, bientôt suivis par écolo, ont oublié de préciser que si cette augmentation du budget était en partie due aux ambitions de Bart De Wever de réformer la constitution, le reste était dévolu à l’augmentation des petites pensions, à l’allègement des taxes professionnelles et à l’augmentation du smig. Paul Magnette pensait, non sans raison, que cette politique aurait annulé la poussée du PTB et remplumé son parti. Vous pensez bien que sans ce clin d’œil aux pauvres, que Magnette ne pouvait pas monter au gouvernement.
Si cette construction a échoué, ces augmentations sociales ont fait grincer les dents de GL Bouchez. Il faudra que les pensionnés s’en souviennent lors des prochaines élections. Oui, le MR est farouchement hostile à toute augmentation hors index, ce qui est une honte si on s’en rapporte aux taux de pension de nos voisins et à la détresse des assurés sociaux.
Quant à Écolo, ils sont pour le retrait des sacs en plastique dans les supermarchés, ce qui est une bonne chose, quant à pousser le char de l’État hors de l’ornière… En fait, c’est le confédéralisme de l’Anversois qui leur taraude l’esprit.
Bien sûr que ce budget est critiquable, mais pas dans son volet social, ce qui aurait été une grande première depuis vingt ans d’austérité.
Les citoyens oublient trop facilement dans leur lutte contre l’économie libérale, que la sécurité sociale offre par nos cotisations une définition anticapitaliste de la valeur, telle que proposée par le MR et le PS.
Son fondement tend à attribuer une valeur économique à des non-marchandises : les prestations de santé, les indemnités aux handicapés, les revenus de substitution aux revenus du travail, l’éducation des enfants, les pensions de vieillesse, etc.
En mettant hors du besoin une part importante de la population, tout en soulageant une autre de la misère produite par les bas salaires, elle subvertit le marché du travail. La mesure des biens s’en trouve dérégulée et freinée dans l’implacable logique de l’argent.
Au lieu de la considérer comme un bienfait, le système libéral ne l’a jamais autant remise en question. Du gouvernement Michel, à sa réformatrice actuelle, le MR imagine sans cesse de nouvelles réformes pour combler « un déficit », comme si les services particuliers qu’elle rend aux citoyens les moins riches étaient comparables à la fabrication de marmites ou à la récolte massive des petits pois pour une conserverie.

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Même le PS aujourd’hui est tombé dans le panneau du « tout rentable » en parlant en chœur avec l’ubuesque Bouchez d’un « déficit de la sécu », signalant leur bon vouloir pour en faire le sauvetage. Comme si cela était possible d’arrêter un courant de solidarité qui draine des milliards pour des millions de personnes, en le déclarant en faillite !
La société semble ainsi coupée en deux, d’une part la volonté de détricoter le système de protection sociale, (Di Rupo au milieu du gué entre Verhofstadt et Michel ne s’est pas fait faute d’ajouter sa petite trace d’infamie à cette tentative d’assassinat des plus pauvres, en magouillant des restrictions sur le chômage) et d’autre part, ceux qui pensent que la sécurité sociale doit jouer un rôle important dans la réduction des inégalités.
Plutôt que de sombrer dans la « réalité » libérale qui voit dans la sécurité sociale un frein à l’emploi et à l‘essor du capitalisme, l’avenir de cette institution que toute démocratie s’honore de promouvoir – à l’exception des USA – serait son aboutissement dans la création du revenu universel ou du salaire à vie (c’est à débattre, car ils sont de nature différente).
À force de dire la balle est du côté du roi, on se demande si ça vaut encore le coup de remettre sur le ring une autre équipe. Tant le combat paraît sans issue.

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