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L’Art, c’est maintenant !

Et si la crise qui touche l’artiste en général était une chance unique de revoir la copie d’un monde qui confond le désir du dernier gadget, de la dernière console, du dernier smartphone, avec le désir tout court ?
Les discours « moralisateurs » de Jacques Séguéla, outre le grotesque « si on n’a pas une Rolex à cinquante ans, c’est qu’on a gâché sa vie », le prêche que la publicité c’est la liberté, avec la vie et la couleur en plus sur de grands panneaux, les petits écrans, partout et en tous lieux, trottent encore dans la tête de beaucoup de gens.
Et bien tout cela est faux, grotesque, de l’art ersatz, bidon, creux, inutile, sans intérêts.
On n’en revient pas du culot qu’il faut pour vanter une escroquerie de cette importance.
La conjoncture présente contredit cette forme d’art qui consiste à créer « utile », c’est-à-dire « payant ».
À cause du Covid-19, le désir de créer quelque chose venant de soi, manuellement ou par symbole, n’a jamais été aussi fort. La conjoncture s’y prête, puisque tout est mort, en tout cas en capacité réduite, le but de créer pour vendre étant hors d’atteinte, on crée pour soi. On supprime de l’art, le coté mercantile. Et on s’aperçoit que l’artiste ne l’est vraiment que hors de la valeur d’échange et des commandements de rentabilité du capital.
C’est un truisme, mais les gens veulent faire des choses par eux-mêmes sans la contrainte de produire, sans l’esclavage des gestes mille fois répétés de la journée qui n’ont qu’un sens, enrichir ceux pour qui on gesticule, sans penser à rien, car si vous pensez votre production sera mauvaise et vous serez financièrement fichu.
La configuration des structures sociales contraint à se couler dans des formes préétablies, au service exclusif des intérêts bourgeois.
Et ces choses qu’on ne faisait plus, sous la double contrainte économique et du goût forcé, seront autant de contributions à la vie sociale.
Beaucoup de salariés savent et aiment faire des choses, qu’ils s’interdisent à faire dans une vie fortement dégradées par les obligations du « rentable ».
En réutilisant le savoir-faire, ne serait-il pas utile de profiter du temps libre forcé pour se réapproprier ce désir de créer ?
Sans la contrainte d’enrôlements violents, le désir de faire des choses s’assortit de les faire du mieux qu’on peut, les faisant pour soi. Ces conditions sont celle de l’art. Les faire bien, c’est les faire belles. On atteint au luxe par la beauté. On est davantage satisfait de ce que l’on fait que de ce que l’on vous commande de faire et que vous faites par nécessité. Faire ce que l’on peut est faire ce que l’on doit est un acte social.
Les tueurs que la société libérale dispense dans les CPAS à la traque des « fainéants » feraient mieux de réfléchir aux assassinats d’innocents qu’ils perpètrent tous les jours, afin de les reconduire dans la confiance perdue, en souvenir du temps où ils rêvaient de créer pour être quelque chose. Au lieu de quoi, ces abrutis, les enfoncent un peu plus en les obligeant de prouver qu’ils ont du goût pour l’esclavage de masse et qu’ils n’ont qu’une seule idée en tête, c’est d’en faire partie !

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Le luxe n’est pas de construire des robinets en or massif pour les yachts des princes saoudiens. Cette représentation ostentatoire n’est pas de l’art, elle touche à la pure logique productiviste du plombier-orfèvre qui a construit l’objet, elle est celle de la valeur capitaliste, qui en plus d’exploiter l’homme dévaste la planète. It is the transformation of wealth into things and vice versa, du Séguéla product !
Bien sûr, la génération future ne produira plus en quantité le nombre d’objets dont nous sommes entourés, leurs taux de renouvellement, baisseront. Ils baisseraient même, malgré la volonté capitaliste de les produire à l’infini, parce que ce productivisme est impossible et sera bientôt le délire du capitalisme paranoïaque, dans lequel nos élites politiques sont impliquées.
L’idée d’un communautarisme luxueux consiste en la réfutation de ce que cette réduction signifierait un enlaidissement de notre vie matérielle — car nous en aurons encore une. C’est l’embellissement maximum par le minimum d’objets, que nous conserverons.
Le capital s’efforce de rémunérer le travail au plus bas salaire ; son marché a donc une demande faiblement solvable ; on ne peut, par conséquent, proposer que de la marchandise à prix faible ; donc produite dans des conditions qui les vouent à être mal faites ; par des salariés peu payés. La boucle est bouclée. Seuls les riches échappent à la camelote.
L’art, arme du social contre le capitalisme ! Beaucoup d’artistes en sont convaincus, seuls ceux du dimanche résistent encore… avec quelques artistes reconnus qui ont une production avec une cote qui permet d’en vivre à l’aise.

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