« L’État stupide ? | Accueil | Usus, fructus, abusus ! »

Les rois de la quincaille !

Le bien-pensant en Belgique est de caractère placide et faussement bienveillant. Il vote libéral ou Vlaamse christendemocraat et socialistisch à l’occasion. Il est modérément raciste. Il fait confiance à la Deutsche Bank. Il admire Georges-Louis Bouchez. Il voue à la famille Michel un culte, surtout à Louis, un saint qui a « donné » ses fils au pays.
La comparution de Nicolas Sarkozy (alias Paul Bismuth), pour corruption de fonctionnaire, est la seule affaire dont il parle, pour déplorer l’acharnement des juges « rouges » à salir les politiques. En Belgique, il n’y a pas de corrompu, sauf chez les socialistes. Il n’entend pas le tintamarre des casseroles aux pattes des libéraux dans la Belgique, intemporelle et grandiose.
Le bien-pensant s’en remet à la justice pour évacuer dans le silence et la discrétion, les « broutilles ». Elles vaudraient tout de même au justiciable des rues, de cinq à dix ans de prison. Dans les hauts milieux, elles passent pour des écarts sans importance. En démocratie triomphante, le service rendu à l’État, une décoration des mains de Philippe, une nomination de baron, valent le symbole d’une valise diplomatique que la justice n’ouvre jamais, ou alors par inadvertance.
Pourtant les casseroles brinquebalant au cul de la gentry, ce n’est pas ce qui manque. Quand le délit devient trop voyant, que des barons risquent la tôle, l’État intervient, magistral, au-dessus des lois, puisque la Loi, c’est lui ! Les juges retournent dans leur niche aboyer sur le parasite minuscule et tout est dit. Le bien-pensant se rassure. L’État de droit est sauf. Le néolibéralisme à une avenue devant lui.
Le badaud abusé et innocent est occupé ailleurs : Black Friday, ses vedettes RTL, Euro-News et un film porno font sa soirée.
Pourtant, jusqu’au mercredi 26 juillet 2017, beaucoup d’illustres flamands ont eu les sphincters à la mouillette. C’est le jour où Charles Michel leur a arrangé une porte de sortie comac dans un dossier vieux de dix ans : le dossier Arco. Révélateur des clivages traditionnels dans la politique belges de la bien-pensance, avec enjeux financiers, économiques, judiciaires et politiques considérables. Je n’ai pas la place pour aller plus loin dans le dossier. Ceux que ça intéressent peuvent cliquer sur ARCO. Ils en auront pour 2 heures de lectures édifiantes.
Le Dieu libéral a tranché : les détenteurs de parts de la société coopérative Arco ont été indemnisés des pertes subies. Parfait, c’est nous qui payons. La bien-pensance s’est fichu de notre gueule. Ce dossier éclaire la prise de décision économique et politique en Belgique. Des barons sont sauvés. Philippe n’aura pas à rougir d’eux. Le mouvement ouvrier chrétien ne déboursera pas un copeck, le CD&V reste un parti honorable, parce qu’il en est digne.

1aquinc1.jpg

Autre casserole, le Kazakhgate, une forfaiture bien libérale.
Voilà encore de la belle casserole, émaillée ou inox, nickelée pour les barons libéraux. En cause, une huile du MR, Armand de Decker, député, sénateur, président du Chose. Le teint rose, le port beau, le costume impeccable sous lequel on devine le fixe-chaussette anglais, le boxer Lingerie-Sipp, ultra-soie pour couilles anti-gerçure.
Bel Armand y est allé fort, avec Reynders quasiment les deux doigts de la main. Au point que Didjé « comme un vol de gerfaut » de Liège, son charnier natal, atterrit et fait son nid à Uccle, à côté de bel Armand, son moniteur, son père, son frère…
Les faits remontent à 2011. C’est dire comme la justice a d’abord trainé les pieds.
Bel Armand a démarché Stefaan De Clerck pour le milliardaire belgo-kazakh Patokh Chodiev, moyennant 740 000 euros, dans l’équipe d'avocats pour le trio d'hommes d'affaires kazakhs (affaire Tractebel).
Reynders intervient pour aider son ami intime en accélérant fin 2010 l’évolution de la législation sur la transaction pénale élargie. Bel Armand pour l’Elysée, agit auprès du ministre de la Justice Stefaan De Clerck. Vous voyez la riche combine ?
Quand le scandale éclate Bel Armand meurt avec panache. Il n’a pas été autopsié. On aurait dû. Le décès opportun de Bel Armand, permet à ses héritiers d’empocher le magot. Reynders est sauvé et poursuit sa quête des honneurs et des places en honnête homme. Il aura la Légion d’honneur. Il a nié avoir reçu un courrier de la sulfureuse avocate française Degoul qui lui balançait tout ce qu’il connaissait sans doute par ailleurs sur le bout des doigts. Pour la lecture de la patate chaude complète, voir Internet.
Cette chronique ne pourra pas briquer les casseroles Nethys, connues sous le nom de Tecteo Services, holding liégeois appartenant à Enodia (ex-Publifin). C’est dommage.

Poster un commentaire