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Usus, fructus, abusus !

On aura eu cette chance avec la Covid-19 que l’individualisme forcené, imposé par le néolibéralisme, n’est pas du tout adapté, quand la nécessité impose une solidarité sans faille.
Nos élites ne s’en émeuvent pas encore, c’est normal, elles ont toujours été en retard pour tout, mais ça viendra. On aura remarqué que le plus beau fleuron du libéralisme, Maggie de Block, n’a pas été reconduit dans la fonction de ministre de la santé. L’histoire a une flopée d’exemples où, par défaut, on se fait toujours débarquer par plus adapté.
Les hardis phénomènes du « tout pour moi » sont-ils les enfants d’Adam Smith exclusivement ou d’une série de penseurs opportunistes qui ont jalonné l'histoire du capitalisme ?
La bible de l’Écossais « La richesse des nations », référence de la famille Michel, livre de chevet de Didier Reynders, vade-mecum de GL Bouchez, est dépassé par l’ancienne bible, du pape Jean XXII ! Ces chrétiens, tout de même, quels précurseurs !
Si Adam Smith croyait au XVIIIe siècle au « comme-elle-va-de-soi » de l'économie, le capitalisme ne résulte pas d'une pente naturelle de l’homme à « roulé son voisin », mais d'un processus historique, vouant « l’homme blanc » à coloniser tous les continents. Ce qui, vous en conviendrez, est à peu près la même chose, mais à une autre échelle.
Bien des peuplades d’Afrique et d’Amérique, à l’exemple des Aztèques, n'accordaient aucune valeur matérielle à l'or. L’évangélisation leur apprit le contraire. Ils passèrent illico de l’état « sauvage » à l’état de marchandise. Le travail, qui fit le reste, et les éleva au civisme et à la morale, est surtout une valeur protestante.
Hé oui ! c’est du christianisme que le capitalisme est le plus proche.

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Dès qu’on parle du dieu romain lancé comme une star depuis les catacombes, on parle de fric. Il n’y a pas de capitalisme sans capital et il n’y a pas de capital sans appropriation privée et donc sans droit de propriété : l’usus (jouir de sa propriété), le fructus (pouvoir en tirer un revenu ou un intérêt), l’abusus (pouvoir le donner ou le vendre), datent de là.
La chute de l’Empire romain, fut la crise de 1929 de l’époque. Le baron médiéval succéda aux Barbares vainqueurs. Il fut à la fois le banquier, le chef responsable et l’entrepreneur plongeant pendant cinq siècles au moins les serfs affolés dans le chaos. Ces malheureux se réfugièrent dans la foi. Les affaires lancées depuis les catacombes repartirent. Oubliées pour une bonne part, sauf des prêtres, le baron n’eut plus qu’à rejoindre sa paroisse.
Passons de l’Ancien Régime « l’État c’est moi », à Napoléon « l’État c’est lui ». La Déclaration des droits de l’homme inspira le Code, en son article II : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »
En clair « Si tu bosses pour qui a le pognon, on veut bien que tu respires. Fais gaffe à pas faire le con d’oublier d’apporter ta petite pierre à la Tour Trump de 1802 ».
Jusqu’à Jean XXII, un pape d’Avignon, les chrétiens étaient tenus de montrer une profonde répugnance à l’argent : « Nul ne peut servir deux maîtres, dit Jésus : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. » (Matthieu 6,24).
Le pape met de côté les sottises attribuées à Jésus, chassant les marchands du Temple, pour fonder la doctrine économique de l’Eglise marchande du Temple. Nous sommes tous les descendants d’Adam, avant que celui-ci ne devienne Smith. La propriété n’a pas été introduite par le droit humain, mais par le droit divin, ainsi que l’affirme la Bible selon Jean XXII. Le droit de propriété des hommes sur les choses est donc d’origine divine. D’où son caractère absolu — justement ce type de droit dont a besoin le capitalisme.
Les chrétiens n’oublièrent pas les pauvres. Les prêtres définirent la charité par le résumé qu’en fit Alphonse Allais « Faire la charité, c’est bien. La faire faire par quelqu’un d’autre c’est mieux. On oblige ainsi son prochain, sans se gêner soi-même ».
Les outrances du capitalisme ne passent plus, malgré les efforts de la démocrapitaltie.
Machiavel archi-mort depuis belle lurette, n’aurait pas dû écrire ce qui suit au Prince, attendu que les imbéciles de l’époque savent lire aujourd’hui « Il arrive que les mots doivent servir à déguiser les faits. Mais cela doit se faire de telle façon que personne ne s’en aperçoive ; ou, si ça venait à se remarquer, il faut avoir toutes prêtes des excuses que l’on peut sortir sur le champ. » Signe des temps : Maggie n’a pas présenté des excuses. Clarinval croit que c’est à nous de le faire. Mathieu Michel va rajouter de la sottise à l’orphéon. Ils n’ont pas encore vu qu’ils sont à poil et affreusement dépourvus, la bise venue.

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