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Les nouveaux convulsionnaires.

Les médias se sont emparés avec gourmandise de l’envahissement du Capitole à Washington par des partisans de Donald Trump. Le président les avait surexcités quelques heures auparavant par des propos vengeurs revendiquant sa victoire à l’élection présidentielle.
Les images baroques des partisans de Trump montraient des « émeutiers» plus que des « insurgés », foulant de leurs baskets le temple sacré de la démocratie. Ailleurs, les médias soulignaient que la démocratie américaine était la grande perdante.
Mais les gens en sont revenus depuis longtemps de cette « grande perdante », en réalité une oligarchie entre les mains des milliardaires. Ce qu’ils ont vu n’était pas une sédition susceptible de conduire au pouvoir des révolutionnaires, mais une bande de paumés, embarrassés de leur présence dans des lieux hautement symboliques.
Le clou du spectacle fut un homme se voulant proche des divinités scandinave, vêtu comme un viking, s’asseyant sur le fauteuil de président de la Haute assemblée.
Cette farce hautement médiatisée fait penser aux convulsionnaires dans les premiers spectacles du genre au XVIIIme siècle, des individus atteints de troubles mentaux qui, lors de transes mystico-religieuses ont des gesticulations et des contorsions physiques irrépressibles. Au terme d’un long voyage et en traversant les continents, de nouveaux convulsionnaires prennent leurs aises en défendant une cause qui relève plus de la psychiatrie et de l’ésotérisme, que du droit et de la démocratie : celle des petits blancs fondateurs de l’empire américains, qui dans dix ans seront minoritaires dans leur pays conquis sur le génocide des Indiens et qui font un baroud d’honneur.
C’était le Far-West, tout l’ouest américain venait compter sous le chapiteau-dôme du capitole, le nombre de bisons abattus par Buffalo Bill. Un peu comme les convulsionnaires apparaissaient une dernière fois en exhibition sur la tombe du chanoine Pâris, avant l’Ordonnance de Louis XV l’interdisant.
Les convulsions parisiennes contribuèrent à l’enrichissement de la nosographie autour de cette pathologie que Charcot décrira fin XIXme siècle Comme les convulsionnaires trumpiens écrivirent en cette journée du mercredi, tout un nouveau chapitre pour le futur DSM de psychiatrie.
Voici comment est dépeint par les journalistes, le plus filmé des convulsionnaires américains, QShaman, en réalité Jake Angeli, comédien.

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« Sur le torse nu, il arbore des tatouages sous la forme d’un entrelacement de triangles, symbole du wotanisme, un mouvement identitaire néo-paganiste dont la divinité principale n’est autre que Wotan, aussi appelé Odin, sur le ventre un marteau de Thor, le fils d’Odin. Ces symboles sont utilisés dans les milieux néopaïens, paganistes et néonazis. »
L’extrême droite s’est réapproprié ces symboles. Lors du massacre d’Utoya, en Norvège, en 2011, Anders Breivik avait utilisé deux armes sur lesquelles étaient gravées les inscriptions “Gungnir” et “Mjolnir”, les noms de la lance et du marteau des dieux nordiques Odin et Thor.
Jake Angeli n’était pas le seul à brandir ou afficher une symbolique néonazie par le biais de tatouage ou d’accessoire. On a vu un homme portant un sweat-shirt “Camp Auschwitz, le travail libère”. Des potences furent montées à l’extérieur du Capitole, avec les câbles de caméras volées aux journalistes. Ce dernier symbole “le noose” est aussi appelé par les suprémacistes blancs “Day of the Rope”, le jour de la corde. Enfin d’autres « convulsionnaires » se promenaient avec des drapeaux confédérés.
Donald Trump, plongé dans sa propre névrose, ne se rend pas compte que son mouvement sombre dans le ridicule et va finir dans l’odieux et le discrédit.
La politique quand elle est violente doit bien choisir son heure et ne peut réussir qu’une seule fois. L’opinion, même pro Trump, a en horreur les casseurs. Quand le carnavalesque transparaît, le héros est vite perçu par une large partie de ses fans absolus, comme un guignol. C’est ce qui attend Trump d’évidence. Sauf erreur, la société fait toujours payer très cher le héros qui finit en bouffon. Il va l’apprendre à ses dépens. Il restera dans l’histoire comme un loser teigneux et mauvais perdant.

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