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Quand les libéraux ont tout faux !

Qu’est-ce que la propriété privée ? On peut se le demander. Cela va du lopin de terre sur lequel vous avez une maison dont vous avez hérité ou que vous avez fait bâtir en la payant de vos efforts, à monsieur Mittal, un Indien, qui transforme le fer, enfin transforme… fait transformer le fer par une centaine de milliers de personnes qui travaillent pour lui partout dans le monde. Il y possède un peu partout des usines, des terrains, des mines, voire un chemin de fer. Et encore, il y a plus gros que Mittal, beaucoup plus gros !...
Voilà qui déjà interroge sur ce qu’est une propriété privée, un monde de différence entre posséder ses meubles et ses quatre murs ou des usines, des bois, des châteaux, etc.
Cependant, il n’y a pas de distinction entre jouir d’un bien acquis par son travail ou acquis par le travail des autres. En droit, c’est pareil. C’est même le fondement de la démocratie de type capitaliste. La propriété privée est considérée, dans notre système politique, comme une condition sine qua non de l’économie libérale.
L’anglais John Locke en a imaginé les principaux fondements dans son Traité de philosophie « du gouvernement civil » publié en 1690. Depuis, tous les riches et les laissés-pour-compte ont amélioré la donne en fonction de leurs intérêts, mais en gros la recette reste la même.
Ceux qui sont à la conduite des affaires s’émancipent de toutes les règles, quand il est question de sauver les beaux meubles et les belles propriétés.
John Locke se range derrière le droit naturel des choses grâce au travail de leur propriétaire. Il a quand même hésité, se doutant bien que des gros malins allaient se farcir les crédules. Il a donc ajouté une petite clause que les économistes ont appelée « clause lockéenne ». Elle tient en peu de mots, mais qui changent tout « toute appropriation doit être juste ». Vu d’un XVIIme siècle, Locke signifiait par là qu’un propriétaire, du fait d’être le maître de ses biens, ne doit pas engendrer de privation outrancière vis-à-vis des tiers. »
Le grand bavard montois Bouchez ne connaît rien en casuistique, la conscience se résume chez lui à l’observation de son nombril, mais c’est tout de même une sacrée différence, entre l’économie libérale actuelle et la clause lockéenne.

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Est-ce juste de prendre un loyer de deux mille euros par mois à un commerçant qui dégage à peine 2.450 euros de bénéfices ? Est-ce normal de payer un ouvrier dix euros de l’heure dans une affaire qui rapporte 100 millions ?
Devant la montée des inégalités, on repense immédiatement à tous ceux qui, depuis Jean-Jacques Rousseau ont sécher sur la clause lockéenne.
Pas de doute les libéraux sont des crétins. Ces vieux machins des Michel, ce bouffon de Reynders ne connaissent pas bien Locke, encore moins John Commons. Les droits résiduels de John Commons, seulement apprécié de Keynes et qui pourtant mérite mieux, voilà le livre de chevet qui manque aux économistes. Commons y explique de façon implacable que l'erreur des économistes a été d'ignorer l'importance de l'action collective, en se focalisant uniquement sur les actions individuelles. Après ça, on peut passer sur Leibniz ou les compensations financières de Thomas Paine, qui n’est pas que le dispensateur des proverbes que les usagers de Facebook connaissent bien, sur la société propriétaire et la dette sociale ou encore la conception du contrat social de Rousseau, selon lquel la propriété repose sur un pacte social qui ne peut être abusivement désavantageux envers l’une des parties, ni inconciliable avec le bien commun.
Le penseur libertarien Robert Nozick, mort en 2002, qui aurait certainement approuvé Donald Trump, pense le contraire. C’est son droit. Mais il est facilement réfutable quand il juge les inégalités normales, puisqu’elles reposent selon lui sur des mécanismes de marché acceptés de tous. Il oublie les abus de droit, pense le revenu de base comme un dividende sur le patrimoine commun, oppose le handicap, l’éducation ou la génétique au seul mérite personnel, tous ces éléments de la composante économique qui viennent à l’esprit dès qu’on réfléchit à Locke et son appréciation de ce qui doit être juste.
Les dix-sept années de chroniques de Richard3.com se sont enrichies au fil du temps des lectures de Locke, Nozick, Rawls et combien d’autres, qui font que cette époque s’est fermée à tout progrès.
La liberté et la justice sont incompatibles avec la propriété absolue, le laisser-faire est souvent extrêmement favorable aux rentiers et aux spéculateurs, très peu aux salariés et aux populations vulnérables. Le propriétaire prend trop de place au sein des écosystèmes sociaux.
La génération qui vient devrait mettre en place un accès universel gratuit aux biens, en démocratisant l’accès des objets par le partage, en redistribuant les profits de quelques-uns par un revenu universel pour tous.

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