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Déplateformé !

Le récent vote des sénateurs, ayant à se prononcer sur la responsabilité du président Trump dans l’occupation du Sénat par des insurgés, l’a blanchi. Quarante trois sénateurs républicains, pour des raisons bassement électorales, nient les conséquences de faits avérés. Comme quoi l’on peut être sénateur d’un grand pays par simple calcul, sans tenir compte de la morale.
L’ombre de Donald Trump se profile derrière ce comportement indigne. Tous nient l’évidence, les images vues par le monde entier en témoignent.
Quelques semaines auparavant, on avait assisté à une déflation des infatués. Trump, toujours président, avait été suspendu des plateformes des réseaux sociaux par un décideur privé.
Ce « Deplatforming » d’une initiative privée est assez interpellant.
Nous avons d’une part des élus du peuple qui contredisent des faits et leur morale à des fins personnelles et un organisateur qui prive Trump, un de ses utilisateurs et non des moindres, d’une audience considérable, parce qu’il ment.
En le coupant de plusieurs millions de personnes, ce censeur accrédite l’axiome bien connu « If a bigot rants in a forest, and nobody is around to hear him, does anybody care what that idiot says ? » (Si un fanatique se déchaîne dans une forêt et qu’il n’y a personne alentour pour l’entendre, qui se soucie de ce que dit cet idiot ?).
On tient là une des raisons de la facilité avec laquelle on dit n’importe quoi sur les réseaux sociaux, parfois certaines vérités cruelles sur le système, l’argent, la corruption à d’autres occasions des fakes, des complots, du racisme déguisé, des menaces et des insultes, le tout sans importance, puisque l’audience dépasse rarement cent utilisateurs. Seule la notoriété compte avec le nombre des abonnés.
La première conséquence tient dans le décalage du verbe de celui qui « If a bigot rants in a forest » ignoré de tout le monde, se torche le gosier avec les fougères du bois sans que cela dérange. Mais quand, au lieu d’être une centaine, les followers sont dix mille ? Déjà connue et donc surveillée, Sofie Merckx du PTB doit faire très attention à ce qu’elle écrit. D’où l’impression du dépassement par ses propres fans. Cela ne déplaît pas aux autorités, Sofie Merckx a l’air d’être poussée et ce n’est donc plus elle qui pousse. Les déçus sont de la même eau que le chaman folklorique des photos des insurgés du Capitole, quand il déclare « ne plus faire confiance à Trump qui n’est pas l’homme de ses paroles ».

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Trump a été déplateformé. Certains exultent, d’autres vocifèrent, mais ces derniers sont une minorité et c’est bien ainsi. Déplateformiser, c’est ce qu’a fait Twitter quand il a fermé définitivement le compte de Donald Trump. En réalité, la politisation de Trump était devenue problématique en termes de contrepublicité et donc de monétisation de ces plateformes.
Et si au nom de cette majorité, on déplateformait Sofie Merckx que personnellement j’admire et apprécie (ce n’est pas la première fois que je l’écris dans ces chroniques), et ce de la même manière qu’on a déplateformé Trump qui aurait-il à redire, sinon que ce serait scandaleux ! Et c’est là qu’on voit bien que tout arbitraire est une arme qu’on ne peut manier sans une menace imminente, avec une loi faite en ce sens. Toute autre initiative serait arbitraire, tendancieuse et dangereuse.
En réalité déplateformiser, c’est dépolitiser.
Il y a une seule exception admise pour laquelle on ne laisse pas l’idiot s’égosiller dans la forêt. S’il n’en faisait rien, l’hébergeur commettrait un délit pour non-assistance à personne en danger, quand un utilisateur lance une fatwa ou une menace de mort à un tiers sur la Toile. Là on touche à l’urgence d’éteindre une haine active donnant la possibilité d’un assassinat.
Reste un tout dernier regret. En se focalisant sur la responsabilité ou non des médias Facebook, Twitter, etc. on oublie le rôle déterminant que les médias, non-sociaux, ont joué, notamment Fox News. Si Trump a pendant son mandat pu tenir un discours délirant bâti sur des mensonges gros comme la Trump Tower, ce n’est pas qu’avec ses 88 millions de followers, mais surtout parce que ses élucubrations, parfois d’un grotesque achevé dans ses mensonges, se trouvaient automatiquement validées et présentées comme des vérités par des chaînes d’information.

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