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N’avouez jamais !

On ne peut pas passer à côté de l’information tombée ce jeudi. Alain Mathot a été acquitté par le tribunal correctionnel de Liège de tous les faits de corruption qui lui étaient reprochés dans le cadre de la construction de l’incinérateur de déchets de Herstal.
L’accusé en pleurs et lavé du soupçon infamant est sorti de la lessiveuse judiciaire blanchi d’une première lessive. Le ministère public a fait appel. C’est le moins qu’il pouvait faire à la suite du scandale de ce jugement.
Le tribunal a argué du fait que l’on n’avait pas pu démontrer que les visites d’Alain Mathot à Paris dénoncée par son accusateur avaient pour but de négocier pour lui un pot de vin de la société française, pour la construction d’un incinérateur.
Dans ce dossier de corruption, tous les autres protagonistes ont été jugés, instance et appel, et condamnés pour la plupart. Alain Mathot avait échappé à la fournée parce qu’il était parlementaire à l’époque et que la N-VA avait voté avec le PS, pour ne pas lever son immunité parlementaire.
Durant quelques saisons après l’accord de construction de l’incinérateur, Alain Mathot a dépensé en cash en grand seigneur plusieurs centaines de milliers d’euros sans utiliser ses comptes bancaires. Sur ses propres déclarations au procès, il aurait déclaré avoir gagné cet argent dans des casinos, à la roulette, Trente quarante, jeu de la boule, poker, etc. Si ça tourne mal, il pourra toujours se reconvertir croupier.
Voilà où nous en sommes fin février 2021.
Alain Mathot est donc le seul innocent. MM. Philippe Leroy, Adelio Tarquini, Léon-François Deferm (proche de la famille Mathot) ont tous été condamné sur aveu.
Ce jugement est incompréhensible, puisque Alain Mathot avait déjà été condamné par défaut dans un autre jugement du Tribunal correctionnel.
Il faut dire que le réquisitoire du procureur général réclamant deux mois avec sursis au lieu de deux ans (rectification à postériori) est à garder dans les annales des gaffes judiciaires.
L’implication éventuelle du PS liégeois pesant dans une corruption d’un de ses dirigeants, a-t-elle une influence occulte sur les décisions judiciaires ? Prépare-t-on l’acquittement de Stéphane Moreau ? On ne saura peut-être jamais répondre à ces questions qui touchent à la démocratie.

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Il semble que l’opinion publique est sur ce point parfaitement sans illusion.
Il est inutile de s’entêter à chercher des preuves matérielles mouillant Alain Mathot. On n’en trouvera pas. Elles existent peut-être en très petits nombres et conservées comme des saufs conduits en cas de négociation ultime par de grands professionnels de la chose politique. On n’en verra jamais la trace dans le domaine public. Il faudra se contenter de témoignages et d’ouï-dire, dont on sait la fragilité et le peu de foi qu’on peut leur accorder.
Dans le milieu politico-financier, les accords se font à l’ancienne, comme au temps des marchés à bestiaux. C’est un maquignonnage. Le top-là de la main à la main, a valeur de preuve notariée pour la maffia et pour les gens de pouvoir en démocratie.
Les petites affaires qui croustillent d’argent black s’élaborent dans les secrets des Loges ou dans des bistrots anonymes de villes intermédiaires, entre les domiciles des intéressés. Il y a rarement un tiers dans ces apartés. Probablement que l’un ou l’autre se couvre en actionnant secrètement un enregistreur miniature, comme dans les films de James Bond.
Cela restera mystérieux, incertain, aussi improbable que probable.
Les trahisons viennent plus tard, jamais par remord, mais parfois par des confidences sur l’oreiller.
Par exemple, on sait que la villa thaïlandaise achetée 475.000 euros est officiellement propriété d’une société de droit thaïlandaise, dont l’épouse d’Alain Mathot est administratrice. D’autre part, Laurence Mathot, dont on ne voit nulle part la photo, s’est beaucoup investie dans les procès sur les pots-de-vin de l’incinérateur de Herstal. Elle n’aurait pas manqué une séance prenant des notes.
Et si malgré tout, Alain Mathot était pourchassé injustement et que la justice était irréprochable sur ce dossier ? Cette ultime interrogation dit tout de la valeur d’un jugement d’un prévenu retenant la formule « n’avouez jamais » et le cas que la personne innocentée en fait. Si bien que fabriqué, magouillé, décrédibilisé par l’incompétence parfois volontaire des acteurs du tribunal ou simplement dénaturé, instrumentalisé par une opinion malveillante, un jugement reste un jugement dont il est presque toujours impossible d’en dénoncer l’éventuelle forfaiture.

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