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Charles attend ?

On aurait dû prévenir l’Union Européenne : élire Charles Michel à la présidence était risqué. L’homme est trop infatué de lui-même pour qu’il évite de se fourrer dans des situations entraînant l’Europe dans un ridicule à la belge.
Qu’il ne parle pas l’anglais comme Didier Reynders, c’était déjà connu, mais qu’il atteigne à peine le niveau de Chastel, ce l’est moins. En principe, quelle idée de vouloir se shakespeariser quand les Anglais partis, on pourrait en revenir aux langues de l’UE, allemand, français, espagnol et quelques autres. Personne ne lui en aurait tenu rigueur ! Son « I recommence » n’est pas passé inaperçu, alors qu’il se prenait les pieds dans le tapis ”in english language”, pour tempêter contre Londres.
Surtout que c’était pour en découdre avec Boris Johnson sur la question des vaccins. "Le Royaume-Uni et les États-Unis ont décrété l’interdiction pure et simple d’exportation de vaccins ou de composants produits", a-t-il baragouiné en espéranto londonien. "L’UE n’a jamais cessé d’exporter. La majorité des doses ayant permis la vaccination de masse en Israël venaient de Belgique."
On est heureux d’apprendre qu’à défaut d’une performance at home, l’Europe a quand même permis Israël à se hisser en tête du championnat du monde de vaccins.
Depuis qu’il est parti sur la pointe des pieds, Boris est devenu susceptible comme un trader de la City à qui on proposerait Francfort. Il a démenti Michel. "Le gouvernement britannique n’a jamais bloqué l’exportation d’un seul vaccin", a-t-il répété, off course.
On assiste à un match de prestige Europe/ Angleterre. Michel aurait engagé le couple Harry-Megan pour aider les 27 à gagner le derby, que personne n’en serait surpris.

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Le fameux pragmatisme anglais joue à plein. La perfide Albion vient d’annoncer sa rupture avec le néolibéralisme ! Alors que les ronchonneaux de la Commission de Bruxelles sont plus atlantistes et américanophiles que jamais, avec l’arrivée à Washington de Biden-l’endormi !
Depuis la semaine dernière, le budget britannique épate François Lenglet, l’économiste télévisuel connu aussi pour sa célèbre alopécie. Évidemment avec un nom pareil, vous me direz… mais il est néanmoins certain que ce budget annonce le relèvement du taux de l’impôt sur les sociétés à partir de 2023.
Quoi, taxer les riches !... c’est l’épouvante à la Commission, les British vont se casser la gueule, dit-on moqueur rond-point Schumann.
Pour d’autres, moins primesautier que Lenglet, cette annonce dissimule une stabilité du cadre néolibéral et des obsessions conservatrices.
Un officiel du Trésor britannique résume le message d’un terme hautement technique : « It’s a fuckload of money » (« c’est un putain de paquet d’argent »). Le budget britannique, présenté mercredi 11 mars, met, en effet, énormément d’argent sur la table. Par rapport à ce qui était déjà prévu, l’Etat va dépenser 175 milliards de livres sterling (200 milliards d’euros) supplémentaires lors des cinq prochaines années. Pour l’année fiscale qui vient, d’avril 2020 à mars 2021, le plan de relance s’élève à 18 milliards de livres, auxquels ont été ajoutés dans l’urgence 12 milliards pour faire face à l’épidémie due au coronavirus. Au total, cela représente 1,5 % du produit intérieur brut (PIB), un niveau similaire à celui présenté pendant la crise financière de 2008.
D’habitude, en Angleterre comme partout, c’est le contribuable à qui on serre le cou. Pour une fois, ce sera le « privilège » exclusif des sociétés !
Les années suivantes, le temps que certains grands travaux se mettent en branle, l’argent coulera encore plus à flot, avec environ 2 % de PIB supplémentaires injectés dans l’économie. L’austérité, débutée en 2010 et qui se réduit depuis quatre ans, est bel et bien finie. Le premier budget de l’ère post-Brexit est un retour à la vieille méthode : la relance keynésienne.
« Je sais que les gens sont inquiets. Mais nous allons tout faire pour s’assurer que ce pays et ses habitants restent en bonne santé et financièrement solides. », dit Rishi Sunak, le chancelier de l’Échiquier. Des allocations d’urgence vont être accordées aux Britanniques forcés à se mettre en quarantaine, les entreprises vont pouvoir différer certains impôts, recevront des aides spéciales, et des fonds d’urgence sont débloqués pour les services de santé. Voilà un mouvement qui marque indéniablement une rupture avec la doxa économique des conservateurs depuis Margaret Thatcher en 1979. L’ère post-Brexit a commencé. Ah ! on a ri des Britanniques, du bouillon prévisible… tout compte-fait, on a ri trop vite. Si on profitait que notre guignol national est à la présidence de l’UE, pour sortir nos calculettes ?

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