« Oh ! la vache… | Accueil | Par le trou du souffleur ! »

Retraité !

Le pensionné ne dépend de personne, sinon de l’État, mais qui lui mesure si chichement le droit de ne rien faire, qu’il n’a pas à l’en remercier.
Ne rien faire est un avantage que n’ont pas ceux qui dépendent d’un patron, et aussi des commerçants et des indépendants accablés dans leurs affaires par la pandémie.
On croirait puisqu’ils se sont bien servis, que nos responsables politiques sont hors-eau par ces temps orageux. Erreur, ils dépendent de la bonne ou de la mauvaise opinion que l’électeur a d’eux, des inimitiés et chicanes dans les combats internes qu’ils livrent au sein de leur parti, pour être aux premières loges à rafler les bonnes planques.
On se rappelle les affres de Didier Reynders quand il était contesté chez les libéraux de Bruxelles. Passer de ministre à colleur d’affiches de propagande, c’est déchoir. Le bougre était déforcé dans son affrontement personnel avec la maffia des Michel, par la section de Bruxelles qui révéla dans les colonnes des journaux complaisants, son inaptitude à servir le parti « gratuitement ». Son éminence passait de la condition de winner à celle de loser !
Son os à ronger, peut-être le dernier, est son poste de Commissaire à l’UE, que Charles lui a jeté du moment où il passait à une condition supérieure, lui permettant un geste pour son rival.
De cela le pensionné n’a cure. Plus rien ne peut l’atteindre que par l’âge et la maladie ultime. Socialement, c’est un esprit libre qui peut dire ce qu’il pense. Il est l’égal des riches qui, pour certains, l’ont de naissance. Encore que, quand on y pense, puisque l’ambition d’un riche, c’est d’être encore plus riche, la richesse est une sorte de travail qui ne laisse aucun repos.

1agros1d.jpg

Sachant cela, comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus d’esprits libres chez les pensionnés, plus de liberté de ton et de fantaisie surtout ? Avoir son propre avis, c’est un luxe ! Découvrir la fantaisie de se compter à droite quand on était de gauche et de gauche quand on était à droite, ce n’est pas se conduire comme une girouette, mais comme quelqu’un qui compte les coups et qui se rend compte que les vérités sont diverses et qu’aucun camp n’a raison tout le temps. Puisqu’on n’est contraint par rien, cette attitude de l’honnête homme devrait se rencontrer plus souvent. Or, ce qui domine dans ces sites d’échange, c’est la futilité, la blague de comptoir ou la montagne qui accouche d’une souris. FB est le successeur de l’Almanach Vermot, célèbre pour ses plaisanteries de patronage. Pourquoi pas après tout…
L’excessive naïveté de la gauche de croire à l’internationalisme et à la fraternité des travailleurs, dans le contexte de la transhumance des continents pauvres vers les continents riches, devraient au moins sauter aux yeux des partis de gauche et trouver une parade au nationalisme obtus des partis de droite qui vont rafler tous les électeurs, si ce n’est déjà fait.
L’effet Jack Lang sur le multiculturalisme, Richard3 s’en inquiète aujourd’hui. À défaut d’autres mots, la fin d’une civilisation judéo-chrétienne se rapproche, les pensionnés, comme Richard3, devraient y être sensibles. On aurait pu la transformer autrement, cette « putain » de société capitaliste !
C’est une de mes réflexions récentes depuis mon statut de petit « rentier ». Dans cette situation où l’on dit tout, ce n’est pas virer à droite en faisant remarquer à la gauche, qu’après la pandémie, on ne parlera plus que de ça.
Mon droit à la paresse, je le sais depuis la lecture, vers mes vingt ans, de Paul Lafargue.
Ce manifeste social qui centre son propos sur la « valeur travail » et l'idée que les humains s'en font, devrait être étudié dès la fin du cycle moyen par tous les étudiants.
Ce texte propose une démythification des structures mentales collectives du XIXe siècle à nos jours. Les vertus protestantes sur le travail que nos américanolâtres ont reprises des anglo-saxons en prennent un sacré coup, encore en 2021.
Oui, ma vie durant, je le confesse, j’ai toujours détesté le travail par ordre, pour me nourrir et nourrir les miens. Ce fut un long martyr pour moi, né libre et pourtant entravé, de subir des hiérarchies souvent imbéciles, au même titre qu’on reçoit des violences et qu’on les accepte des sbires d’un dictateur qui commande des forçats à la manœuvre d’une galère. Cela aussi, un pensionné doit oser l’écrire.
J’ai adoré cette citation de La Bruyère pour en avoir fait la mienne « Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage, qu’un meilleur nom ; et que méditer, parler, lire, et être tranquille, s’appelât travailler ».

Poster un commentaire