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Tous à droite !

Politiquemedia et Libération ont recensé les invités politiques du 7/9 de France Inter. D’accord, c’est français et nous on n’est pas pareil. Sauf que si. Le concours est lancé. Qui de France Inter et RTL-RTB a fait le plus appel aux amis du pouvoir, journalistes ou hommes de parti, dans les commentaires de la vie politique ?
Le glissement de terrain ne date pas d’hier. Il repose sur des catégorisations politiques d’une seule veine : celle qui passe en alternance au pouvoir depuis cinquante ans. Les changements ne se produisent que par des décès ou des arrivés dûment étiquetés compatibles.
Pour la France, LREM et les invités gouvernementaux représentent « le centre », le PS et EELV « la gauche », et LFI « l’extrême gauche ». Tout est d’une tragique bêtise dans cette « infographie » sans doute vécue comme un sommet du fact-checking et de l’intransigeante passion pour le vrai. Et toute la vue prise sur le paysage politique contemporain, sur ses transformations, sur ses déplacements, est viciée à cœur par des qualifications désastreusement fausses.
Côté belge, on y empile autant de falots qui se croient des phares de l’intelligence, à ceci près que le CDH est sorti du cercle. Il semblerait que Maxime Prévot ne joue plus le jeu, attendu qu’il n’a plus rien à perdre, le parti soudainement remplacé par les Écolos, depuis l’échec de Lutgen à faire passer le PS pour des voyous.
Ce que voyant, le MR, moins fine gueule, a plongé dans la faille et est grâce au CDH, dans les deux gouvernements, Région et Fédéral.
Côté Belge, on n’en est pas encore aux brutalités. En France, c’est monnaie courante. On y déploie des armes de guerre contre les contestataires, la Ve république mutile comme jamais, cautionne les violences racistes de la police, voire ses encouragements, à l’image du ministre de l’intérieur qui fait voter des lois de surveillance sans précédent, fait mettre en garde à vue pour une banderole sur une maison ou une apostrophe sur le passage du président, projette des purges dans l’université, s’honore d’être moins « mou » que la dirigeante de l’extrême droite, qui réhabilite la mémoire de Pétain et de Maurras. Ce gouvernement de droite est soutenu par France Inter comme jamais. On ne serait pas surpris que cette station soit le modèle de nos officines à parlotes.
Le diable est en Prada même dans les détails : il est aussi dans les catégories, ces petites choses intellectuelles, réputées sans importance pour la vie « réelle », mais qui n’en font pas moins des visions du monde, des visions ou des non-visions. C’est toute la rédaction de France Inter qui métastase dans le microcosme des rédactions parisiennes, produits d’un fatal mélange d’insuffisance et de paresse journalistiques, au terme de quoi le glissement du pays entier vers l’extrême droite est infographié, comme il l’est en Belgique par Pascal Delwit, politologue, enfant de chœur à l’encensoir chargé d’effluves libérales, qu’adorent tous ceux qui se disent journalistes indépendants et qui se ruent sur la moindre occasion de devenir député MR au service de Georges-Louis Bouchez.
C’en est même devenu gênant de taxer Pascal Vrebos ou Thomas Gadisseux et quelques autres de « socialisants », lors même que toutes celles et ceux qui se sont échappés de la ménagerie, c’était pour se placer député MR !

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Car c’est une tout autre image politique que livreraient les mêmes données mais reventilées dans des catégories politiques redressées. On y lirait alors, pour l’essentiel que tous les encartés journalistiques en Belgique sont des militants cachés du libéralisme économique, unitaristes et européanistes à tendance MR. Et quand on dit cachés, on peut les voir s’agiter dans les bosquets du square bordant l’avenue de la Toison d’Or, sans lunette astronomique.
Pourquoi distinguer MR des partis flamingants puisque Charles Michel a été le premier à dédouaner la N-VA et béatifier « bon belge » Bart De Wever, ce qui venant de lui, est quasiment une consécration de Laeken et du roi.
Rien ou si peu de chose sépare le monde de l’info, à ce point que leurs convictions politiques ne diffèrent en rien – sans doute un magna de la presse y pensera un jour : faire un bloc journaux et télévisions identiques RTL, RTBF, Le Soir, La Dernière Heure et la Libre — puisqu’il frôlent l’homogénéité à près de 75 %, selon des sources raisonnablement crédibles.
Sciemment dès l’essor du PTB, Delwit l’a qualifié d’extrême gauche. Il n’avait d’autre but que d’infliger à ce parti un signe d’inéligibilité. Qu’une majorité se fasse autour d’un extrême, n’est-ce pas une contradiction insurmontable ?

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