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Testament de génération.

Non, la situation ne va pas de mal en pis. Elle suit un cours qui semble échapper aux hommes pour la simple raison que chacun vieillit. La phrase qui ouvre le livre de Nizan « Aden Arabie » est restée célèbre, « J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie ». Il ajoutait « Le voyage est une suite de disparitions irréparables ». Ce livre est une attaque contre la bourgeoisie, ses enseignements, sa philosophie et sa culture, ainsi que l'aliénation de l'homme par l'homme. N’est-ce pas se récrier sur son âge et en même temps énoncer tous les combats possibles qui font le sel de la vie ?
Que regrette-t-on dans les années qui ont compté pour nous et qui se sont envolées, sinon le fait d’y avoir eu vingt ans essentiellement ?
Les vieux ne comprennent plus aujourd’hui le temps qui passe, parce que ce n’est déjà plus le leur et comme les mœurs se sont aussi métamorphosées comme la façon de vivre, ils se persuadent qu’avant c’était mieux !
Ce n’est pas une raison d’oublier que l’évolution est rapide et se moque des humains, par le seul fait qu’elle extrapole sur des réalités essentiellement et non pas sur des hypothèses intellectuelles.
L’économie n’est dangereuse parce qu’elle n’est qu’une soif inextinguible de consommation et qu’elle a entamé les réserves que la nature nous offrait. Comment pourrait-elle s’arrêter, puisque tout concourt à ce qu’elle se surpasse d’année en année remettant de l’énergie dans la machine ? Mais tout simplement par rupture d’approvisionnement des sources taries, de pétrole, de terres rares, de charbon de tout enfin, même de l’eau potable, qui par le fait de cette pénurie non organisée à des fins spéculatives, mais produites par l’assèchement des dons de la nature, va nous conduire d’ici une génération à vivre autrement, que Georges-Louis Bouchez le veuille ou non.
Rien que l’automobile, qu’elle soit empêchée de rouler, voire d’être autorisée à un petit nombre de personnes, le bouleversement considérable dans la vie de la cité et des campagnes que cela sera !
Vous voyez bien que la voiture électrique n’a pas d’avenir, qu’elle n’est là que pour rassurer les imbéciles et puis, si ça n’est pas suffisant, on aura le moteur à hydrogène, qui pourrait relancer l’économie libérale pour cinquante années supplémentaires, sauf que les autres problèmes persisteront !
Quand on a raison vingt-quatre heures avant le commun des hommes, on passe pour ne pas avoir le sens commun pendant vingt-quatre heures estime Rivarol.
C’est fou le nombre de personnes déraisonnables aujourd’hui sur le climat autour de Sandrine Rousseau qui auront raison demain, quand ce sera beaucoup trop tard.
Et c’est presque une revanche des vieux, sur ce qui va se passer demain quand ils ne seront plus là !... Quand vous serez dix milliards sur cette terre, rapetissée par la montée des eaux et que cent philosophes vous auront prévenus des siècles plus tôt, nos économistes auront toujours le haut du pavé, pour vous la bailler belle. Vous n’aurez plus que la ressource de leur clouer le bec et plutôt que pleurer sur vous-mêmes d’apprendre à vivre autrement, si c’est encore possible.

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On ne change pas la nature humaine sur un siècle, ni sur mille ans. Elle ne survit que par sa grande capacité d’adaptation, comme elle a prospéré en domestiquant ou en tuant le vivant autour d’elle, sur le temps qu’elle défrichait le biotope pour le bétonner afin que plus jamais rien ne repousse à sa surface.
Oui, mais à dix milliards, quand il n’y aura plus rien à défricher et qu’un sac de pommes de terre vaudra une fortune ?
Je donne à parier qu’on reviendra à l’eugénisme, puis au malthusianisme et à Proudhon quand, évidemment, des peuples pour survivre se feront guerriers sanguinaires pour transformer en temple de la Nation d’autres Sainte-Sophie, peut-être même en reviendra-t-on au cannibalisme ? C’est-à-dire à l’absolue nécessité de satisfaire sa faim et réduire le nombre de vivants.
Peut-on qualifier de génie humain, une intervention magistrale mais qui arrive beaucoup trop tard pour valoir quelque chose ?
C’est tout le régime capitaliste cette interrogation-là. Soit une petite merveille qui arrange bien nos affaires et nous transforme en laborieux plutôt qu’en soldats !
En ce temps-là, la vieillesse était une dignité, aujourd’hui elle est une charge se lamentait Chateaubriand, deux siècles avant que nous nous croyions les premiers à dire la même chose.
Le seul regret quand on touche à la fin de sa vie devrait être d’ignorer pour toujours ce que deviendront les vivants après nous. Non pas par l’envie de savoir et probablement de se réjouir des désastres prédits, mais en raison de la solidarité toujours possible en alternative des guerres et des pillages.

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