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La malédiction du cuberdon.

Les partis n’existaient pas sous l’Ancien Régime.
Le Roi nommait et chassait ses ministres selon son bon plaisir. Le Trésor public alimentait la cassette royale. Pour conserver des chances à ne pas se faire assassiner, le roi distribuait de-ci, de-là, des rentes et des châteaux à ceux qui en étaient déjà pourvus. Leur seule mission, faire bosser la canaille et protéger le roi.
Après 89, les Jacobins appelèrent leur réunion « un club ». La guerre contre le reste de l’Europe et la guillotine firent le reste après 93. Les Montagnards, ainsi désignés parce qu’ils siégeaient au haut des gradins de l’Assemblée avec le club des Cordeliers, firent que les Girondins s’assirent au centre (la plaine). Les partis étaient nés.
Depuis, on n’a pas cessé de se poser des questions sur leur rôle, leur utilité, la nature même de leur but. L’inévitable suspicion que tout parti tient pour acquise : l’absolue détention de la vérité, s’est depuis développée dans les esprits. Si bien que Simone Weil pense que tous les partis veulent le pouvoir et font tout pour ne le pas partager. Ils sont ainsi tous plus ou moins fascisants.
Ce qui renforce cette affirmation, tient dans la réalité d’une ligne du parti bâtie et peaufinée par quelques-uns, pas toujours exposée et critiquée dans des Congrès, rarement débattue en petit comité. Pensée unique et exclusive, elle est à la personnalité qui a le plus de prestige, le plus de notoriété et le plus d’emprise sur les têtes de gondole.
Pour subsister dans ce panier de crabes, la monarchie s’est faite constitutionnelle à la manière du trône anglais, dans les démocraties occidentales. Il n’y a que dans la sphère de l’Islam que les royautés et les républiques sont en réalité des dictatures religieuses déguisées. Le sultan du Maroc reçoit son pouvoir de dieu lui-même et Erdogan se voit bien prophète comme Mahomet.
Tous les chefs de parti sont rongés par l’ambition de prendre seuls la direction des affaires. Cette envie ne date pas d’hier. Marat le demandait aussi. En 1793, les Montagnards voulaient établir un triumvirat. Les prétendus triumvirs, Robespierre, Danton n'étaient pas d'accord avec Marat. Cependant ces fables sans-culottes vécues par des messieurs bien vêtus ne furent pas sans crédit, ces trois hommes ne furent pas sans influence.
Simone Weil puise sa force de conviction dans le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau, Richard3 aussi. Depuis, on en a pris son parti : Rousseau était un idéaliste qui misait sur le bien. Le système libéral prépondérant aujourd’hui mise sur le mal.
Il suffit de lire ce que Bouchez livre de sa pensée sur ses pages sponsorisées de Facebook. La passion et la haine s’y côtoient. Si le peuple entier le suivait, la haine serait partagée, la Nation serait plongée dans le crime.

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Pourquoi les partis jouent-ils un rôle funeste dans leur ensemble ? Les passions divergentes ne se neutralisent pas. La force divergente des parties est bien trop grande, pour qu’il puisse y avoir neutralisation. Mais dans le cas de partis à peu près d’accord sur tout, comme le sont le MR et le PS, ces passions divergentes sont de nature personnelle et cachent des ambitions privées, puisque sur le fond le consensus économique qui est la recherche du profit et l’enrichissement des particuliers fait tout ! Le conflit se résume à la compétition de quelques-uns. Le prix ira à celui qui s’enrichira le plus.
Lorsqu’un Di Rupo accède à la fonction de premier ministre, il s’empresse de dire que la démocratie c‘est l’art du compromis. Il ment quand il affirme qu’il s’est battu contre le monde libéral pour faire admettre son socialisme, puisqu’il fait partie de ce monde libéral et que son socialisme est à peine dissemblable du libéralisme de Denis Ducarme ! Il subit la malédiction du cuberdon qui passe du pourpre au brun foncé en vieillissant. C’est le portrait de Dorian Gray en confiserie !
Dans ce type de gouvernement, on assiste au grand jour à la vision d’une fusion possible de deux partis et non pas à des compromis qui consisteraient à couper la poire en deux à l’issue de palabres à l’intérieur d’une même communauté d’intérêts.
Pourquoi ces partis soi-disant antagonistes sont-ils dangereux ? Ils empêchent tout simplement le peuple à traiter des problèmes de la vie publique et non pas à faire seulement un choix de personnes.
Comment rendre la possibilité d’exprimer un jugement sur les grands problèmes de la vie publique ? Telle est la question qui se pose, non pas tant aux démocrates qui ont le désir de participer à la vie publique, mais surtout à ceux qui adhèrent aux deux formations sœurs MR et PS et qui vivent dans l’illusion que cette adhésion leur donne un accès direct sur la politique de gestion de l’État.
Ainsi nous rejoignons Simone qui balaie d’une main la construction gestionnaire de la démocratie en partis politiques.
– Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective ;
– Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres ;
– L’unique fin de tout parti est sa propre croissance et cela sans aucune limite ;
– Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S’il ne l’est pas en fait, c’est seulement parce que ceux qui l’entourent ne le sont pas moins que lui.

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