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Liège : massacre au bulldozer (suite)

Après la désignation des bourgmestres, acteurs principaux de la ville de Liège défigurée, il est juste d’écrire qu’ils y ont été entraînés par la mode des années de la guerre froide, avec la responsabilité du MR local et son engouement à tout américaniser par idolâtrie, en imitant le pays du capitalisme. De cette période, il en reste quelque chose dans le MR et sa maison mère de Bruxelles, dirigée par le plus américanophile d’entre eux, le sieur Bouchez en personne.
Depuis septante ans, le tissu urbain ne cesse d’être déchiré. La concentration et l’industrialisation extra-muros du commerce et de l’artisanat démembrent et enlaidissent la ville. L’ère de la bagnole aussi y est pour beaucoup. Les commerces extérieurs jouent sur leurs vastes parkings, leur méthode du prêt à empaqueter, peser, prix affichés. Le tout fait gagner du temps.
Déliquescence de l’économie libérale, celle-ci ne prévoit qu’à court terme avec sa devise : tout pognon immédiat est bon à prendre, après-demain, c’est loin. On voit bien qu’avec la fin de la bagnole à essence et l’invraisemblable moteur électrique à batterie, dont on sait ses limites, les grandes surfaces ont à se faire du tracas. Ce à quoi l’ineffable imbécile que d’aucuns portent au pinacle, Georges-Louis en personne de répliquer « L’économie libérale va trouver la parade. » Car il y croit, l’avocat, à la voiture électrique pour tous et la production de gadgets à l’infini !
Cet esprit borné n’a même pas vu qu’un concurrent sérieux se pointe, réduisant davantage les chances de survie des grandes surfaces périphériques : le commerce en ligne de type Amazon.
Comment Liège, l’ardente, la frondeuse, ayant sorti les Wallons de leur lourdeur campagnarde, Liège qui incarnait la cohabitation du franc parler wallon avec l’arrivée du français depuis Napoléon, dans sa diversité des cultures et des paysages urbains, a-t-elle pu s’enlaidir et s’abêtir à ce point ?
On croit bien faire en oubliant sa culture pour adopter celle des autres, en l’occurrence l’américaine qui n’était elle-même que du vent surfant sur d’éphémères modes de vie. Ceux-ci se font la malle, happés par les circonstances dont la principale, l’usure de la nature est de celles dont on ne s’échappe pas. Et nous voilà dénaturalisés américains sans même avoir été adoptés, proches de nous arabisés par dégoût de nous-mêmes et sans culture appropriée.
Liège se dévergonde dans la dégradation des paysages à l’entrée de la ville. Les terrils symbole du travail des Hommes qui semblaient figurer des volcans par leurs cônes de schiste ont été remplacés par des hangars commerciaux qui seront bientôt des ferrailles rouillées rejoignant dans leur laideur les friches de la métallurgie vendue à ce fripon de Mittal, qui a pressé le fruit en nous laissant l’écorce.
Les affichages publicitaires géants sont des cache-misères qui masquent l’herbe folle.
Liège n’est pas une ville au milieu de la campagne. Elle est entourée de grandes communes qui ont toutes des centres qui furent jadis les lieux où cohabitaient l’église, la maison communale, le café du commerce et quelques magasins. Déjà là, de ces centres régionaux partent aujourd’hui des rocades, des axes routiers et ces ronds-points nouvelle vague, dont l’urbanisme est friand.

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Liège en s’endommageant, endommage aussi les autres. De ces communes se voit le grignotage progressif de terres agricoles et la reconversion de zones industrielles en terrains vagues qui ne trouvent plus preneur. L’expansion des surfaces commerciales a intensifié l’étalement urbain. On en est arrivé à faire vingt kilomètres pour seulement acheter son pain. La proximité d’un échangeur semble être le b-a-ba de la réussite.
La reconversion de tous les durs à cuire du bourgeoisisme est maintenant chose faite en écologistes « modérés » évidemment. Malgré leurs discours tempérés par la trouille de disparaître, leurs moratoires sentent la banque et l’art de plumer les autres au nom du libéralisme « symbole des libertés » (Bouchez adore cette antinomie de fait).
Ils vantent encore le progrès visible, seulement pour eux, dans l’organisation des villes. Mais ils évitent de monter la rue Haute-Sauvenière, de peur que la Collégiale Sainte-Croix ne leur tombe sur la tête.
Cette église qui pourrait disparaître, même si des échos parviennent à nous faire croire qu’on s’en occupe, est le symbole de tous les monuments que l’américanophobie et l’amour du fric par tous les moyens nous ont fait perdre à Liège.
Vous me direz une église ce n’est qu’un lieu d’un culte qu’on ne pratique quasiment plus. Moi, le laïc, j’y vois le travail de l’homme, mille ans qui dit tout de l’habileté des compagnons, de Notger à nos jours, et je dis : pas touche !... Ce que nos hardis phénomènes du PS et du Mr ne comprennent toujours pas. On leur mettrait sous le nez tous les monuments et les hôtels particuliers mis à bas depuis un siècle à Liège, qu’ils ne nous croiraient pas.
En 2021, on fête Halloween et nos mariolles nous ont lancés sur le Black Friday, pour liquider leurs gadgets et leurs pacotilles. À Liège, on sonne le porteur de Hamburger ou de pizzas, quand on a une fringale. Ces façons de vivre importées existaient bel et bien sous d’autres noms et avec d’autres ingrédients. On ne mange plus la potkès de Huy, la pomme au sucre et la bouquette, sinon fabriquées sous d’autres noms et importées d’ailleurs.
Quand la mutation complète de Liège sera terminée, nous rentrerons dans nos cases après les pieds au cul de dix heures d’un travail idiot, loin du quartier des riches. La démocratie à la Bouchez ira bon train. Les écoliers ânonneront que la cité est bien ardente et que son bourgmestre est un héros. Personne ne saura qu’un building en béton à cinq fois moins de temps à exister qu’une maison en pierre du pays. Qu’importe après tout, puisqu’il y a Schumpeter et sa loi. Ce n’est pas à une époque où l’on apprendra bientôt à réutiliser le papier-cul, qu’on va poursuivre le cycle démolition-construction. C’est trop tard.

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