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Un robot dénommé « votre honneur ».

« Intégrer la technique pour aider les juges, oui, mais que la machine se substitue à la justice, non. La machine ne prolongera pas le cerveau », estime le juriste et magistrat français Antoine, qui pense en avoir un des mieux faits et donc irremplaçable.
Pas si sûr ! En Estonie, on a franchi les pas pour les petits délits. La Chine championne de la daube, ne pouvait que faire mieux. Bientôt, les criminels chinois seront jugés par des robots !
C’est du sérieux, puisque c’est un journal du cru, le South China Morning Post qui l’écrit. Tout le monde sait, en Chine comme en Europe, combien il est impératif pour l’existence du journal et du journaliste de coller à la vérité officielle, sous peine de déchoir ou pire. Ils sont donc très sérieux.
Le professeur Shi Yong est l’inventeur de ce nouveau grand bond en avant. Le titre de professeur est directement en-dessous de celui d’un dignitaire du parti unique. Il est accordé à tout citoyen méritant, même sans titre universitaire. C’est dire comme Shi Yong sur un sujet pareil est méritant !
Testé à Shanghai, l’IA est capable d’identifier les crimes, de rédiger un réquisitoire et de suggérer une sentence. Il pourrait même faire l’avocat du criminel en comparution. Un dispositif dans la machine le permettrait. Il suffirait de repasser la bande son à l’envers et à grande vitesse. Cela aurait pour effet de contrarier le verdict, jusqu’à un acquittement possible. Un acquittement n’est pas à exclure en Chine. Un acquitté disparaît au sortir du tribunal et personne ne sait ce qu’il est devenu, même pas sa famille. Si cette dernière rouspète, elle disparaît à son tour. Les juges occidentaux sont admiratifs. Dupont-Moretti, garde des sceaux français, étudie cette nouvelle application des lois, qui pourrait, à titre d’essai, s’appliquer déjà aux étrangers résidant en France. .
Le taux de précision des verdicts est 97 %, ce qui est énorme quasiment au double de la justice belge. Celle-ci est considérée par les justiciables comme étant une justice de classe. En effet, la classe supérieure peut choisir entre un procès et une transaction. C’est toujours la transaction qui est préférée. C’est donc la classe inférieure qui prend tout le paquet, sans sursis et en toute saison.
L’Intelligence artificielle chinoise a passé au crible 17.000 affaires criminelles de ces quinze dernières années, toutes établies par un tribunal populaire dont on sait qu’il ne se trompe jamais. L’IA s’est trouvée partout du même avis. Le code civil chinois est une traduction en lois des discours de Xi Jin Ping. Les huit crimes les plus courants sont : l’injure au parti, le manque de respect aux dignitaires du parti, le vol, la fraude, l’obstruction à la justice, la non-détention d’une photo du président à vie et la détention d’une carte mentionnant Formose comme une île indépendante de la Chine.

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C’est ainsi que la machine a déclaré coupable la star chinoise du tennis Peng Shuai, d’avoir été violée par un haut dignitaire. Mais celui-ci ayant pardonné à la jeunesse, on a revu Peng Shuai à un tournoi de tennis à Pékin. Ce que la machine avait bien intégré, y compris le score 24 heures avant le début du match, en faveur de l’adversaire de la coupable, ce qui était en réalité le verdict : défaite par 6-3, 6-3.
Les anciens avocats belges tous convertis en politiques, Reynders, Michel, Bouchez sont enthousiastes. Ceux qui se collent encore les causes « pro deo » à zéro balle de bénef sont plus perplexes. Puisqu’aucun jugement n’est équitable en jugement de classe à la belge, il ne peut être que multiplié par une machine. Le risque d’erreur sera plus grand qu’il n’est déjà. Qui sera responsable de l’erreur judiciaire ? En Belgique, cette erreur n’est déjà pas sanctionnée ou si peu, que le public n’en a pas conscience. Qu’en sera-t-il d’une machine ? Faudra-t-il la casser ? La remplacer par une autre aux yeux de tout le monde, alors que dans les milieux judiciaires actuels, cela se passe gentiment entre magistrats et que cela ne se sait pas !
La déshumanisation n’est pas un problème, quand on questionne les membres de la justice à ce propos. La plupart ne savent même pas ce que cela veut dire une justice déshumanisée. Il leur semble qu’on leur fait un mauvais procès.
Une intelligence artificielle ne peut pas remplacer un être humain dans le processus décisionnel, disent les ingénieurs. Les chroniqueurs judiciaires sont d’un avis contraire, ils ont assisté tant de fois à des procès où le juge faisait montre d’une inhumanité complète, qu’ils se demandent si la machine ne serait pas un progrès ?
Le professeur Shi Yong, qui a développé cette IA, sera bientôt l’invité de Pascal Delwit qui souhaiterait une machine intelligente afin de le remplacer dans les prévisions politiques. Ses erreurs et ses fautes de jugement sont telles que même une IA à 20 % de réussite apporterait une importante amélioration dans ses prévisions. Le collège des experts scientifiques traitant de la pandémie se pose la même question.
Le gouvernement pourrait être remplacé par une machine à l’IA, on y gagnerait en clarté et en réponses correctes sur nos peurs et nos inquiétudes. Une machine n’est pas arrogante. Elle ne méprise personne. Au moins, on sait qu’elle ne s’est pas faite elle-même et ne s’en vante pas.
Enfin, si elle perd la confiance du peuple, au moins, on peut la mettre à la casse ! Georges-Louis s’inquiète déjà du prix des burettes à l’huile, de quoi graisser la patte à l’IA.

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