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Jupiter attaque

Rattachistes ou non, les Francophones de Belgique ont toujours un œil sur la France qui reste une mère patrie de substitution au cas où la droite flamande nous laisserait sur le paillasson de la nouvelle Flandre. C’est même grâce à ce poids lourd de la francophonie à nos frontières que le Vlaams et la N-VA y regardent à deux fois avant de nous insulter.
La dernière sortie de Jupiter, alias Emmanuel Macron, lors d’un entretien au Parisien « "Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie" a surpris le monde politique belge et pas tellement les gens ordinaires qui lisent la presse française, moins lèche botte que ses confrères du groupe Rossel.
Les politiques parce qu’ils suent sang et eau dans les interviews pour faire « convenable » dans la terreur d’un « écart » raciste ou malveillant et, pour certains, le belgicisme de trop ou la mauvaise liaison entre deux mots qui prêterait à rire. Ce qui n’empêche que dans le privé, d’aucuns retrouvent avec un certain délice leur disposition à la vulgarité et à l’inculture. Unanimement à la place de Macron, ils n’auraient pas dit ça.
Les gens ordinaires, beaucoup plus intelligents dans leur ensemble que leurs mandataires, pensent à la préméditation de Jupiter, un œil braqué sur sa réélection d’avril. Car, la grosse majorité des Français est incapable de mesurer les enjeux démocratiques et les droits de l’Homme dans cette résistance à la non-vaccination. Ils approuvent donc ce langage cru du président. Cela lui fera de l’estime en plus, donc des voix. Reste quand même la façon cavalière de s’adresser à une partie des Français, mettant par la même occasion la valeur de l’homme à la hauteur de ses anciennes déclarations « Il n’y a qu’à traverser la rue pour trouver un boulot » et « Dans une gare, on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien. »
Manifestement, alors que la première tâche du président aurait été d’aider les gens « qui ne sont rien » pour qu’ils deviennent quelque chose, en commençant par les traiter avec respect, Macron a laissé voir sa vraie personnalité par ses bouts de pensées. Enfin raison suprême, en parlant Covid et vaccination, on met sous le tapis tous les autres sujets dans lesquels Macron à lamentablement échoué. Il est presque certain que c’est la bonne méthode et que Jupiter sera réélu, pour le plus grand bonheur de MM. Bouchez, Magnette, Prévot et consort. Ces gens croient à la réussite individuelle par la seule volonté de l’individu. Le système libéral dans toute son implacabilité leur va comme un gant. Hélas, ce faisant, ils montrent qu’ils n’ont aucune aptitude à conduire la population vers le mieux-être, mais plutôt à les conduire dans l’arène d’un cirque romain en gladiateurs. Les uns auraient un équipement moderne avec pistolet mitrailleur, les autres n’auraient que les armes antiques, filet, trident et glaive.
Macron excitant ses partisans à emmerder les non-vaccinés fait penser à Trump excitant les siens à contester le vote le renvoyant à son golf de Floride, en faisant envahir le capitole.
Est-ce bien la bonne démarche d’un président de la République de montrer du doigt une catégorie des Français à la vindicte populaire, alors que les députés débattent à la Chambre de nouvelles mesures de contraintes dont le pass vaccinal devenu une sorte de sésame à la vaccination obligée ? Les députés avaient auparavant repoussé à 16 ans contre 12, le seuil exigé pour le pass vaccinal, afin d'apaiser des débats engagés dans une ambiance électrique.

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Une comparaison est intéressante entre la situation française et celle de la Belgique dans le domaine de la santé. Vandenbroucke, avec le feu vert de tous les chefs de partis de la coalition en fait autant que Macron. L’opposition dans le public ne se perçoit qu’à peine, alors qu’en France l’affrontement verbal risque de déraper.
L’épineux problème de la différence entre un État qui respecte les libertés individuelles et un autre qui ne les perçoit pas ou plus, reste entier.
Peut-on restreindre les libertés au nom de l’intérêt général ? En cas de guerre, sans doute. Poser la question dans le domaine de la santé est moins évident. Depuis le début de la pandémie, les experts s’affrontent. Les divergences sont énormes. Comment dès lors, savoir si le gouvernement a consulté le « bon » expert pour prendre des mesures efficaces ? Il s’est déjà avéré au cours des deux années précédentes que des décisions prises n’étaient pas les bonnes. Pendant que le doute s’installe et que parfois on a le sentiment que le gouvernement fait du n’importe quoi, on oublie l’était lamentable dans lequel les gouvernements successifs ont laissé les hôpitaux, dans le but de liquider le public et de rendre tout au privé.
Là est le vrai combat citoyen, celui qu’il convient de faire pour qu’il soit encore possible de se faire soigner en France et en Belgique quand on possède un faible revenu. Personne, sauf Georges-Louis Bouchez et ses pareils, ne veut la situation des hôpitaux américains où une semaine d’hospitalisation coûte une année de salaire d’un ouvrier.
Pour le reste, il est vraisemblable que la pandémie partira comme elle est venue sans qu’on sache bien pourquoi, conservant ci et là quelques foyers, histoire de ne pas se faire oublier.
J’ai bien peur que Macron ne partira pas avec elle.

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