« De l’ironie et autres machins. | Accueil | Démocratie et partis politiques. »

La confrontation.

Comme ce débat entre deux concurrents briguant le poste suprême fut long et sans relief !
Des chiffres, des colonnes ou les caser sous les dénigrements de l’autre, surtout de la part d’un Macron fielleux, quand même inquiet que Madame Le Pen en vienne à parler du bilan 2017-2022.
Les deux cerbères l’un de TF 1 et l’autre d’Antenne 2 veillent au grain, laissant la belle place à leur poulain caché, en lui permettant de répondre à l’outsider, plutôt qu’à l’interpeller, choisissant de poser des questions sur le devenir plutôt que sur la longue suite d’échecs d’un mandat qui eût pu passer pour le second d’un François Hollande.
Le débat entre le philosophe érudit au talent oratoire ravageur contre le banquier sorti de l’ENA n’aura pas lieu. La banque avait trop à redouter. Les votes rassurant dictés par Rothschild et son ex-associé l’ont emporté. Monsieur Mélenchon ne démolira pas la marionnette centriste en trois ou quatre formules.
On n’évoquera pas La Fontaine, comme le fit très mal Lucchini faisant sa cour au président de la République devant la maison du fabuliste.
La Fontaine, qui fut un moment avocat à Paris et reste à jamais le plus vivant d’entre nous, lui qui ne se réveillait que pour la poésie et pour l’amour ; mais l’ombre aussi de Chateaubriand exposé pour toujours au silence et au vent de la mer. Non, nous n’entendrons pas Mélenchon, dans cet émaillage particulier d’une France à la découpe dont Macron a vendu l’essentiel, titillé par les deux journalistes des chaînes concurrentes.
Et pourtant quoi de plus déstabilisant que des citations d’auteur, des envolées expressément littéraire contre un banquier d’affaires racrapotés dans ses livres de compte d’une France mise aux enchères..
On a oublié trop vite que la présidence de la République est une responsabilité que l’on assume, et non une circonscription dont on hérite. Qui d’autre que Hugo eût pu prétendre en être et qui ne le fut jamais ? Hugo, l’inlassable avocat des États-Unis d’Europe et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; Hugo qui écrit dans Les Châtiments un vers que nous ne devrions pas pouvoir lire aujourd’hui sans frémir :
« Ma liberté, mon bien, mon ciel bleu, mon amour
Tout l’univers aveugle est sans droit sur le jour. »
Oui, il fait bon évoquer ces ombres, et avec elles ce combat inconnu du reste du monde où s’unissent les espérances de Louise Michel et celles d’Armand de La Rouerie, celles d’André Breton et
celles de Barbey, dans le refus obstiné d’un ordre des choses auquel on ne mettra jamais assez d’italiques ; refus qui, on le sait bien, trouve son origine dans l’enfance, dans les sortilèges de l’enfance, vite détruits par le poids des regrets et le scintillement des carrières.
Ah ! le beau discours dont nous sommes frustrés, comme il résonne à nos oreilles, malgré les interruptions impérieuses des journalistes tentant d’arrondir le virage, prenant la pause sur un autre thème et les interruptions grossières d’Emmanuel Macron cherchant à déstabiliser l’orateur en lui faisant perdre le fil de sa pensée.

1adebac1.jpg

Voter Macron, est-ce encore possible, alors qu’il n’existe aucun Français qui ne veuille pas rester libres ? Dans un pays d’hommes qui préfèrent la servitude ? Malgré les dénis, les coupures, les piailleries, Mélenchon se fut arrêté un instant pour rendre à César ce qui lui appartient, ces royaumes de la terre qui sont au diable, avec leurs enfants morts à la guerre, morts à la mine, morts de faim,
morts sur les routes de l’exil, et cette face hideuse de l’injustice dont a parlé Bernanos dans la préface des Grands Cimetières. Sans passé, il n’y a plus d’enfants, seulement une chiourme de
petits bagnards gardés par les serviteurs du pouvoir et de l’argent. Il n’est pourtant pas besoin d’être élu pour se souvenir comme il faut.
Resterons dans les limbes de l’imaginaire les souvenir, de l’angoisse et de l’espérance, de l’émotion et du rire, où Léautaud muselle sa panthère, et Paul Éluard ferme son cahier d’écolier sur lequel il a écrit « Liberté ».
Non, les adversaires ne se sont pas désunis et ont eu une bonne tenue de route qu’on redoutait pour Marine victime d’elle-même en 2017. Macron paraissait un tendu, manquant souvent d’élégance, revenant sur les banquiers russes de l’impétrante, à plusieurs reprises, à tel point, que de bonne guerre, c’eût peut-être été le moment d’intercaler entre deux polysémies du président, la question des bénéfices disparus du banquier-associé à la Banque Rothschild qu’on ne retrouve pas sur le document officiel de son état de fortune.
Les deux cerbères des chaînes populaires n’en eussent pas accepté la demande !
Alors, bien des téléviseurs se sont fermés vers les 23 heures laissant la petite demi-heure restante dans les possibles commentaires du lendemain, des commentateurs de presse.
En résumé, deux bons élèves appliqués sur leurs dossiers, moins précis du côté de la dame, plus hésitante. Mais il en est des dossiers comme tout le reste, on n’en retient que ce qu’on résume en une forte formule ou un bafouillage du genre incidence de parcours dont l’électeur se souvient.

Poster un commentaire