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Macron enfin en campagne !

La France est devenue une curiosité politique. Macron réélu à défaut n’a plus de majorité. En principe, Madame Borne, première ministre par le seul fait du Prince, n’a de légitimité que si elle présente son programme à la Chambre et qu’elle affronte le verdict des Représentants du Peuple. Si elle n’obtient pas une majorité, elle doit démissionner de ses fonctions.
Or, son programme c’est celui du Président. Comment peut-elle défendre un projet dont elle ignore une partie, d’autant qu’elle ne peut établir un calendrier des priorités ?
Macron a beau se récrier que la balle est du côté des parlementaires et que c’est à eux que revient l’initiative d’une solution, c’est au contraire à lui de sortir de l’impasse en faisant des propositions compatibles avec les éléments de droit de la Constitution.
Évidemment la solution, l’unique possibilité, c’est le ralliement des Républicains à la macronie.
Christian Jacob, qui considére le parti LR comme le meilleur élément de l’opposition, tout en gardant une haute idée de l’État et des devoirs de tous, a rejeté "l'accord de gouvernement" lors d'un entretien avec Emmanuel Macron. Il a également rejeté la proposition d'Edouard Philippe d'une "grande coalition" au parlement. De ses concertations préliminaires, le président a reçu confirmation que d'autres partis ont promis d'adopter des lois qui, selon eux, iront dans la bonne direction pour le pays. Nous allons donc plus loin vers une alliance ad hoc, texte par texte, dit-on dans l’entourage élyséen, sans vraiment y croire.
Peut-on imaginer pareille solution ?
Il faudrait au préalable à toute présentation d’un projet de loi au Parlement que Christian Jacob et un Comité de son parti prennent connaissance du projet macronien et décident s’il est bon tel quel, s’il doit être amendé selon les desideratas du parti ou carrément refusé !
De toute évidence, le Président poursuit une seule option depuis le début, celle d’Edouard Philippe d’une grande coalition.
On ne voit pas Elisabeth Borne solliciter tour à tour des voix du LR pour la question de la pension à 65 ans, puis sur une question qui concerne l’inflation et les salaires, frotter la manche du PS et des Écolos.

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Pour la grande coalition, on sent que la moitié des éléphants du parti républicain meurent d’envie d’un maroquin, comme Jean-François Copé. Sauf que si les électeurs de droite ont voté pour eux, ce n’est pas pour qu’ils se rallient à la macronie, même si les défections nombreuses de ce parti pour rejoindre le gouvernement Philippe, puis Castex, ont démontré que la tentation est forte et qu’elle existe encore.
Il n’en demeure pas moins qu’un ralliement général n’est pas productif d’avenir.
Macron est à son dernier mandat. On ne sait pas vers quoi iront les coalisés, ni dans quelle mesure les électeurs les jugeront sur les résultats de l’ultime Quinquennat de l’Homme de l’Élysée.
L’atomisation du LR pourrait même être possible. Les électeurs de ce parti rejoindraient Marine Le Pen et lui donneraient ainsi les clés de toute la droite.
Dans cette situation d’attente dans l’équivoque des transferts possibles, restes-en dehors de Christian Jacob, Laurent Wauquiez bien silencieux et Nadine Morano bien remontée contre une perspective de ralliement.
La semaine prochaine verra se décanter les positions des uns et des autres, tandis que tous attendront de Macron une initiative pour une solution durable. Mais, jusque-là tout est encore assez obscur et fort indécis.
Le Président, champion du tout en même temps, d’une action et son contraire, n’a jamais montré une aptitude à écouter les autres et s’adapter à des raisonnements meilleurs à l’occasion. Ce qui fut étonnant, il crut à un grand dialogue avec le peuple après l’épopée des Gilets Jaunes. On n’y entendit que lui, ses doutes, ses craintes, ses convictions profondes, parmi des gens médusés par un égocentrisme qu’on découvrait incommensurable.
On change difficilement sa nature profonde, pour ainsi dire jamais. Si le caporalisme n’avait pas été inventé avant lui, on pourrait dire qu’il en serait l’initiateur.
Reste à connaître sa limite dans un jeu de dupes. Jusqu’où peut-il aller dans l’invention d’un autre lui-même suffisamment crédible pour que les fines mouches des partis s’y laissent prendre ?
Suite du feuilleton « un règne difficile » la semaine prochaine.
Cela promet de « grands moments » dans la vie politique, une sorte d’enseignement pour tous.

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